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Je me demande parfois si je ne suis pas trop vieux pour faire du logiciel Libre. A la vitesse où ça va, je vais finir par y laisser ma santé ! Voyez plutôt :

J'ai répondu positivement (et sans regrets) à l'invitation de l'ALDIL de faire une conférence sur Mozilla et Firefox. Manque de pot, ça tombe en pleine préparation du Press Tour Européen. Bah, on va dormir un peu moins et travailler un peu plus et tout devrait bien se passer. On trouve des noms de journalistes susceptibles d'être intéressés par Firefox, Mozilla Foundation et Mozilla Europe. Je commence à les contacter, à établir une tentative de planning en jonglant avec les 5 pays et 7 villes envisagées (Londres, Paris, Amsterdam, Bruxelles, Hanovre, Berlin et Munich), les horaires de train, ceux d'avions, la volonté de Bart de passer un maximum de temps en Belgique (pour voir sa famille), et le fait qu'il arrive demain matin à Londres. Le stress est là, je dois aussi préparer mes 90 minutes de conférence pour Lyon. Je pars déjeuner à l'extérieur, j'emporte mon PC. En le rallumant, et là, stupeur, l'écran reste desespérement gris. Meeeeeeerde ! Je tente de rebooter, l'inspecte sous toutes les coutures, j'essaye de brancher un écran extérieur, rien à faire. La machine démarre normalement, mais l'écran reste gris. J'envisage déjà de transplanter le disque du sur une autre machine, quand Peter tente de faire un SSH sur ma machine depuis son Mac : ça marche ! Ouf, mes données sont accessibles, c'est l'essentiel. On transfère à la va-vite mon répertoire Home sur le vieux portable qui nous sert à compiler sous Linux. Le temps passe, je ne peux pas encore travailler alors que les journalistes attendent mes mails de confirmation pour les rendez-vous presse du lendemain. La pression monte ! Enfin, sur cette vieille machine sous Fedora, non configurée pour une utilisation quotidienne (un vieux Thunderbird 0.6, pas encore de Firefox, encore moins de Liferea ou de QuantaPlus), je fais de mon mieux pour finaliser au moins les rendez-vous presse de Londres, qui auront lieu dans moins de 24h, et je pars me coucher.

Le lendemain matin, le temps d'accompagner mes enfants à l'école et c'est le départ pour les JDLL2004 et la conférence que je dois y faire. J'ai réussi le matin même à me connecter sur mon réseau Wifi à la maison et lire mes mails. Je prends le train avec Daniel, et je tente d'avancer sur ma présentation du lendemain et de trier des mails, mais le bougre est (lui aussi) bien trop bavard !

Arrivée à Lyon, on gobe une pizza et on se dirige vers les locaux de la CPE, où se tient la conférence. On retrouve les même têtes que l'année dernière, on serre des louches, et je m'esquive pour bosser. Rien à faire, pas de connectivité Wifi : mon PC refuse de se connecter : il semblerait que le point d'accès soit saturé. Daniel, avec sa machine Windows, a des problèmes DHCP. J'emprunte un cable, me trouve un endroit pour bosser debout, la machine posée sur une tablette, je commence à répondre à des mails en retard, mais impossible d'envoyer des messages, sûrement le pare-feu qui bloque le port SMTP. Arghhhh. J'attrape un responsable et lui tord le bras demande gentiment s'il peut me dépanner. Il m'offre un relais SMTP. Alleluia !. Toujours debout, les jambes commencent à souffrir, au milieu du brouhaha du hall, je tente de bosser, sans grande efficacité. Le soir, je pars dîner chez des amis. On refait le monde, et au milieu de la conversation, mon pote me lance : Dis, j'arrive plus à participer à la correction de la localisation des produits Mozilla depuis que vous avez migré sous le CVS de Mozilla.org. Quoi ? Mon pote contribue à Mozilla et taisait cela par pure modestie ! On continue de refaire le monde, et finalement, je me couche bien tard sans avoir eu le temps d'avancer vraiment sur ma présentation. Levé le lendemain vers 6h30, je profite que la maisonnée dort encore pour travailler. Petit déjeuner, départ pour les JDLL. Arrivé sur place, je réalise que le projecteur video n'accepte pas la résolution de mon écran, trop grande (1400x1050). On tente d'arranger ça, sans succès. J'ai juste le temps de piquer la clé USB d'un gentil membre d'un LUG qui passait par là (merci !), d'y copier ma présentation (réalisée avec S5), de piquer un sprint vers l'amphi où Daniel termine la sienne. Ce dernier s'exclame dans le micro et voilà le tutu rose !. Difficile de faire moins discret

Je lui demande au débotté s'il peut laisser son portable branché et ouvrir la présentation stockée sur la prise USB. On m'équipe du micro, je monte sur scène, et me voilà devant 150 personnes environ, avec un PC qui n'est pas le mien, pas de démonstration possible puisque je n'ai pas pu préparer la machine, et une présentation à peine relue.

Et pourtant, j'ai cru sentir que ma présentation, intitulée Gutenberg et les guerrilleros a été plutôt appréciée (oui, elle sera prochainement publiée ici-même). Tout le stress accumulé pendant presque 48 heures me dope, tout comme le grand nombre de personnes. Je suis épuisé et déchaîné à la fois. Au fond de moi, l'émotion est à son comble. Je parle de sujets qui me touchent. Accès au savoir, partage des connaissances, accès pour tous au Web, accessibilité. Je parle de cette formidable invention qu'est l'imprimerie et des changements positifs qu'elle a apporté. Je parle du parallèle entre Internet et Imprimerie. Je m'enthousiasme. Je prends l'audience à partie. Je suis vanné, mais je puise une énergie inouïe dans l'audience. J'exhorte chacun à aider à reprendre le Web, à agir pour se réapproprier ce medium plein d'avenir. Je fais rire avec mes mimiques. Je fais réflechir sur ce qui peut arriver si on laisse le Web à la dérive, contrôlé par des gens qui n'ont pas intérêt à ce qu'il se développe, car trop dangereux pour l'intérêt de leurs actionnaires. Je lis sur les visages le plaisir d'écouter, d'apprendre, de comprendre et souvent, l'envie de participer. Ce moment (et bien d'autres) au cours des Journées Du Logiciel Libre, c'est la synthèse de ce qu'il y a de meilleur dans le Libre et dans ce genre de conférences : Energie, Intelligence, Collaboration et Partage.

Depuis la scène, je ressens viscéralement l'énergie de la foule. Pour paraphraser le film Podium, a coté des JDLL, Johnny au stade de France, c'est un playmobil dans un évier !