décembre 2009 (22)

mercredi 30 décembre 2009

Coincé entre le marteau et l'enclume

Suis-je vraiment libre ?

Suis-je vraiment libre ?

Il y a quelques jours, j'inaugurais une nouvelle catégorie dans le Standblog, Vie en ligne, focalisée sur la protection de la vie privée en ligne et les bonnes pratiques. Parallèlement, j'installais un Wiki privé et je commençais à le structurer de façon à pouvoir accueillir des contributions tierces sur le sujet. En même temps, de nombreux lecteurs m'envoyaient des contributions par mail. Je contactais plusieurs amis compétents en terme de vie privée qui se sont révélés motivés par le projet…

Et puis j'ai décidé d'abandonner le projet.

Après plusieurs dizaines d'heures de recherche, d'accumulation de documents, de réflexion, des dizaines d'emails, j'ai décidé d'abandonner. Il y a plusieurs raisons à cela :

  1. Les interférences entre mon point de vue et mon employeur :
    1. Si je parle des pratiques des moteurs de recherches, des services en ligne et des régies publicitaires en ligne pour démontrer comment ils mettent en danger notre vie privée, je vais nécessairement nommer le leader de ces trois marchés, à savoir Google.
    2. Google est le plus grand partenaire de Mozilla. La relation entre les deux organisations est aussi bonne que possible.
    3. Les gens ne comprennent pas la différence entre l'individu Tristan Nitot et la position officielle de Mozilla.
    4. Si je critique Google à titre personnel et que les gens (journalistes ou lecteurs) confondent ma position et celle de Mozilla, je vais me retrouver en porte à faux vis-à-vis de mon employeur.
  2. Je suis soupçonné de parti-pris quel que soit mon point de vue dès que je parle de Google, que ce soit en bien ou en mal :
    1. Quand je dis du bien de Google, on se dit "ah oui mais Nitot il est payé par Mozilla, qui a un contrat avec Google, donc forcément il n'est pas neutre."
    2. Quand je dis du mal de Google (ça arrive aussi), j'ai des réflexions du genre "Ah oui mais Nitot il bosse pour Mozilla, qui est concurrent de Chrome de Google, donc forcément il n'est pas neutre."
    3. Ces soupçons sur mon intégrité ont déjà surgi à plusieurs reprises dans les commentaires de ce blog (que j'ai supprimés immédiatement de rage, et je le regrette) me minent et sont autant de trolls qui font dérailler le débat. Il suffit que j'aborde un sujet qui dérange et PAF, il suffit de troller sur le fait que "Nitot est payé par Google" ou "Nitot dit du mal de Google parce que Chrome est un concurrent de Firefox", et voilà, on évite d'aborder le fond pour se divertir avec une bataille rangée.

Je suis donc arrivé à la conclusion malheureuse mais logique que je ne pouvais pas mener à bien ce projet, même s'il me tient à coeur.

Je reste persuadé qu'il est important de documenter les bonnes habitudes et bons réflexes en ligne, dans un langage compréhensible pour tous. Je vois trop de services qui proposent des choses dangereuses à leurs utilisateurs[1], de services qui malmènent notre vie privée et notre sécurité, pour rester les bras croisés.

Je sais qu'il faut apprendre le Net à nos enfants comme on leur apprend les dangers de la rue. Sauf que les parents ignorent tout des dangers du Net.

Pourtant, je ne peux pas mener ce projet.

Si vous avez envie de participer, de prendre le relais, laissez un commentaire ci-dessous, ou envoyez-moi un mail[2]. Je vais tâcher de trouver une solution à ce problème, solution dont je ne serais pas forcément partie.

Notes

[1] Par exemple les réseaux sociaux minables qui demandent votre mot de passe GMail et spamment tout votre carnet d'adresse en votre nom…

[2] mon adresse est facile à trouver. Si vous ne la trouvez pas, c'est que vous ne pouvez probablement pas aider à ce projet :-)

mardi 29 décembre 2009

Ne pas confondre Tristan Nitot et Mozilla

Il y a une tendance qui me rend dingue ces derniers temps, c'est le fait qu'on prenne mon avis personnel (par exemple exprimé ici sur mon blog personnel) comme étant la position officielle de Mozilla.

La dernière fois que c'est arrivé, c'était suite à une ânerie racontée par Eric Schmidt sur la vie privée.

Ca a donné un florilège d'articles dont les pires titres sont les suivants :

Dans cette affaire, que les choses soient claires, mon collègue Asa Dotzler et moi avons exprimé nos avis personnels sur nos blogs personnels. Cela, évidemment, ne reflète absolument pas la position officielle de Mozilla. C'est pour cela que sur toutes les pages du Standblog, on trouve depuis toujours la mention suivante :

Les opinions exprimées sur ce site sont uniquement celles de son auteur et ne sauraient être attribuées à quelconque organisation à laquelle il pourrait être affilié.

Il est essentiel de comprendre que ce que je dis ici, sur le Standblog, ou à d'autres occasions, n'est pas l'avis officiel de Mozilla. Il en est de même quand je laisse un commentaire sur un blog en signant Tristan avec un lien vers le Standblog. Il s'agit alors d'un commentaire de Tristan Nitot, l'individu et non pas de Mozilla, l'organisation.

Si vous êtes journaliste et que vous voulez un commentaire officiel de Mozilla, ne le cherchez pas sur ce blog. Je vous encourage plutôt à entrer en contact avec l'agence de RP de Mozilla :

Pierre Le Leannec, chez Text100 pour Mozilla. leleannec@text100.fr . Tel : 01 56 99 71 40.

Citation du jour : Michel Elie

Conclusion de Internet, retour sur les origines et la 'philosophie' du Web par Michel Elie, qui fut le seul européen assistant aux premiers pas d'Arpanet, l'ancêtre d'Internet :

(…) l'usager doit pouvoir conserver un droit de regard sur le Net et ses évolutions, dont il est codétenteur. Au moment où l'Internet devient un pilier incontournable de l'organisation de notre société, où le développement d'une culture démocratique sur le Net pourrait être menacé, et où leur accessibilité pourrait être le prétexte pour des entreprises à but lucratif de s'approprier des composants de ce qui jusqu'à maintenant était considéré comme des biens communs, la Toile doit être reconnue comme un bien public, et la liberté d'y accéder comme un droit fondamental.

…À rapprocher du Mozilla Manifesto, dont voici 2 des 10 principes :

  1. Internet fait partie intégrante de la vie moderne — il s'agit d'un composant clé dans l'éducation, la communication, la collaboration, les affaires, le divertissement et la société en général.
  2. Internet est une ressource publique mondiale qui doit demeurer ouverte et accessible.

Rétrospective 2009

C'est la fin de l'année, et donc l'occasion d'en faire le bilan. C'est ce que je vous propose sur le thème du Web, de ses standards et des navigateurs. J'ai divisé ce bilan en trois points : l'évolution du marché des navigateurs, la montée en puissance de HTML 5 et l'apparition du modèle App Store.

Renforcement de la concurrence au niveau des navigateurs

  • Google Chrome en version 1.0 pour Windows en décembre 2008
  • Parts de marché de Firefox en constante augmentation (saisonnalité : on a toujours un plateau pendant l'été avec une forte augmentation en octobre novembre). Firefox a maintenant 350 millions d'utilisateurs actifs.
  • Baisse d'Internet Explorer toutes versions confondues
  • Sortie d'Internet Explorer 8, qui provoque la baisse d'Internet Explorer 7.
  • IE 6 résiste encore trop et plombe les services Web qui pourraient être beaucoup plus innovants sans lui.
  • Augmentation de la fréquence de sortie des nouvelles versions chez Mozilla (20 mois entre Firefox 2.0 et 3.0, 12 mois entre 3.0 et 3.5, 7 mois entre 3.5 et 3.6)
  • Arrivée des extensions dans Chrome 4 Beta fin novembre
  • Sortie de Chrome pour Linux et Mac OS X en version finale fin novembre 2009.
  • Chrome dépasse Safari en parts de marché et se retrouve donc troisième derrière Firefox et Internet Explorer.

L'actualité de l'année, c'est la montée en puissance des navigateurs modernes, sous la pression des libres, Firefox et Chrome[1]. Microsoft mène toujours en terme de parts de marché toutes versions confondues, mais Firefox se retrouve dominant dans plusieurs pays, dont l'Allemagne.

HTML 5 : maturation et visibilité

Au niveau technique, HTML 5 et CSS3, ainsi que plusieurs APIs et spécifications associées ont bien avancé à la fois sur le papier et au niveau d'implémentations intéropérables dans les navigateurs modernes. En voici un petit résumé, forcément incomplet :

Ce qu'il faut retenir de cela, c'est que les applications Web sont en train de monter en puissance. De plus en plus de possibilités sont offertes aux développeurs Web, ce qui fait qu'ils ne sont plus obligés de se tourner vers les applications natives.

Pour ceux que ça intéresse, mon collègue Paul Rouget (@PaulRouget) a publié plusieurs démonstrations de ces nouvelles technologies sur le blog Mozilla Hacks (@MozHacks).

On notera que les navigateurs modernes tels que Safari, Chrome et Firefox disposent chacun d'un moteur JavaScript qui est beaucoup plus rapide, du fait de l'adoption de la compilation juste à temps[2]. Ceci, combiné à la montée en puissance de HTML 5, permet au Web ouvert de gagner en crédibilité en tant que concurrent des technologies propriétaires comme Adobe Flash et Microsoft Silverlight[3]

Succès des App Store

Alors qu'Internet arrive sur les mobiles et que ces derniers sont de plus en plus utilisés pour se connecter, un phénomène nouveau est arrivé : les App Store, ces magasins en ligne qui permettent de télécharger de nouvelles applications (gratuites ou pas) pour les téléphones mobiles haut de gamme. Apple revendique ainsi 2 milliards de téléchargements pour 100'000 applications disponibles et 50 millions d'iPhone en circulation à ce moment là.

l'App Store d'Apple est à l'opposé des principes du logiciel libre et du Web ouvert :

  1. L'installation des logiciels ne peut se faire que depuis l'App Store. Le développeur doit payer Apple pour pouvoir utiliser le kit de développement et n'a pas le droit de diffuser lui même son application et signe plusieurs contrats et NDA (contrats de confidentialité). Il est du coup impensable de diffuser le code source du logiciel, sachant que l'utilisateur ne pourra pas l'installer lui même sur son iPhone.
  2. Apple a le contrôle total de ce qui est autorisé ou pas sur l'App Store, et peut refuser une application sans avoir à se justifier.[4]

Le succès de l'App Store d'Apple auprès des utilisateurs le positionne en concurrence des applications Web, car celles-ci sont pour l'instant moins ergonomiques que les applications natives et elles ne peuvent pas accéder à certains composants du téléphone comme le GPS, l'appareil photo et l'accélérometre. HTML 5 prévoit un certain nombre de solutions pour accéder à ces périphériques, via par exemple l'API Geolocation.

D'un point de vue financier, l'App Store se différencie du Web par le fait qu'il offre un modèle de rémunération aux développeurs, autre que la publicité. Toutefois, il semblerait que la perspective de rémunération mise en avant par les App Stores soit grandement exagérée. Ainsi, une équipe française a récemment démontré qu'une application raisonnablement réussie se révélait très déficitaire (3000 à 4000 EUR d'investissement pour 660 EUR de recettes).

Conclusion

2009 a été une excellente année du point de vue des standards et des navigateurs. En effet, les deux ont fait d'immenses progrès aux dépens des navigateurs obsolètes tels qu'IE 6 et IE7, ainsi que les technologies propriétaires telles que Flash. Par contre, une technologie concurrente s'est établie entre temps, celle des App Store, sous l'impulsion d'Apple, qui est suivi par d'autres acteurs du mobile, dont Palm (Palm WebOS Applications) et Android (Marketplace), avec des règles semble-t-il moins strictes.

Notes

[1] Chrome n'est en fait pas libre, mais est basé sur une base de code — Chromium — qui l'est.

[2] Opera 10.5, sorti fin décembre 2009 en pré-Alpha, dispose d'un moteur JavaScript comparable appelé Carakan.

[3] Ces deux technologies ne font pas partie de l'Open Web. Leurs applications sont certes diffusées via le protocole HTTP et s'affichent dans le navigateur, mais elles nécessitent l'installation d'un plug-in propriétaire sans lequel on ne peut pas faire tourner ces applications.

[4] C'est la raison pour laquelle il n'est pas possible de disposer d'une version de Firefox pour l'iPhone. Apple refuse les applications qui dupliquent des fonctionnalités existantes dans le téléphone tel qu'il est livré par Apple.

jeudi 24 décembre 2009

Asus contre ses clients sur France 3 Bretagne

Magnien, le client d'ASUS qui avait réussi à se faire rembourser 1405 EUR pour vente liée (il ne voulait pas du Windows qui lui était imposé car il est utilisateur de Linux) est passé à la télé, sur France 3 Bretagne.

Les toilettes Google

Une vidéo intitulée The Google Toilet circule en ce moment, et plusieurs lecteurs me l'ont signalée. (merci à eux). La vidéo n'est pas particulièrement bonne, même si l'histoire qu'elle raconte est dans l'air du temps et pourrait avoir des effets pédagogiques . Retranscription rapide et partielle :

  • Google à l'utilisateur : "nous savons ce que vous recherchez" (via le moteur de recherche)
  • "Nous savons ce que vous écrivez dans vos e-mails" (via GMail)
  • "Nous savons ce que vous dites au téléphone" (via Google Phone)[1]
  • "Tout ça, c'est pour mieux vous vendre de la publicité ciblée"
  • "Et voici les Google Toilettes, pour mieux savoir ce que vous avez mangé (et bien sûr vous proposer de la publicité ciblée. Ca vous dirait, un restau indien ?)"
  • D'ailleurs, nous publions sur votre page Facebook le résultat de vos analyses fécales. (On voit à l'écran qu'il y a des traces de Marijuana dans ses selles et que l'utilisateur mange trop peu de fibres).
  • Toutes ces informations sont à vendre.[2]
  • L'utilisateur explose : "mais c'est ma vie, ma vie privée !"
  • Les toilettes Google : "oui, mais vous vous êtes enregistré pour bénéficier de toilettes gratuites".
  • L'utilisateur : "Non, c'est trop ! C'est n'importe quoi ! Comment puis-je vous croire alors que vous avez tant de pouvoir ?"
  • Google : "Ne vous en faites pas. Nous sommes Google ! Vous ne risquez rien !"
  • Un commando de l'armée débarque chez l'utilisateur. Google explique : "Désolé, ils ont cherché votre nom dans Google, j'ai pas pu les empêcher". Le commando embarque l'utilisateur en direction de Guantanamo.
  • L'utilisateur s'exclame : "Mais qu'est-il arrivé à ma vie privée ?"
  • À ce moment là, Google tire la chasse...

La vidéo est simpliste et inexacte. C'est sa faiblesse. Je me suis demandé si j'allais en parler sur le Standblog. Et puis j'ai pris un peu de recul et j'ai regardé dans la page Web les liens qui menaient à Google et à ses publicités. Ci-dessous, une copie d'écran, où j'ai encadré en rouge ces liens. Ça indique bien l'immense dépendance de la majorité des sites vis à vis de Google :

  • Recherche
  • Youtube (publication de vidéo)
  • Lecture de fils RS (iGoogle et Google Reader)
  • Publicité textuelle
  • Publicité bandeaux

The Google Toilet Video

The Google Toilet Video

Notes

[1] Aucune idée si c'est vrai, par contre les deux premiers points le sont.

[2] A ma connaissance, ça n'est pas vrai, et heureusement. Par contre il est vrai que notre comportement est suivi par Google et enregistré de façon à déterminer notre profil (genre, tranche d'age, habitudes, niveau de revenu, centres d'intérêts, lieu de fréquentation) en vue de nous envoyer de la publicité ciblée qui est vendue bien plus chère aux annonceurs que de la publicité non ciblée.

mercredi 23 décembre 2009

En vrac

  • Le député UMP Jacques Myard veut nationaliser l'Internet. Rien que ça…[1]. Le député Myard ironise sur "un Internet mythique qui appartiendrait à tout le monde". En effet. C'est même écrit dans le Mozilla Manifesto. C'en est même le Principe #2 : "Internet est une ressource publique mondiale qui doit demeurer ouverte et accessible." Autrement dit, avant de nationaliser Internet, Monsieur le député, il faudra d'abord avoir à faire à moi…
  • Ensuite, si l'on lit le communiqué de Jacques Myard, on voit bien qu'il est truffé d'erreurs techniques lamentables. A se baser sur des informations fausses, on en arrive à des déductions fausses. Heureusement, l'excellent Benjamin Bayart se fend d'une réponse bien tournée : Il faut répondre à Jacques Myard ;
  • On se pose la question : Apple a-t-il intérêt à faire un navigateur plus puissant alors que ça risque de scier la branche de l'App Store ? ;
  • Pourtant, Apple a sorti il y a quelque temps PastryKit, sur lequel Daring Fireball nous donne plus d'info.
  • La révélation publique de failles de sécurité est un délit, et comme je l'ai déjà dit, ça n'est pas une bonne nouvelle, d'après moi. Comment puis-être pour la divulgation publique de failles ? C'est contre-intuitif. Le fait est que quand une faille est découverte, il faudrait que celui qui la découvre la communique à l'éditeur qui fait le logiciel pour qu'il puisse la corriger en sortant une nouvelle version. Mais en réalité, on a pu observer que comme corriger une faille coûte cher (c'est du travail en plus pour les développeurs, ça implique des tests souvent couteux, et il faut ensuite déployer une nouvelle version), les éditeurs tardent à intégrer des corrections. Bien souvent, ils laissent leurs utilisateurs exposés, surtout dans le monde du logiciel propriétaire (car le code source est secret). Dans le domaine du logiciel Libre, la transparence fait qu'on est obligé de corriger rapidement (si on traîne, ça finit par se voir !). Du coup, on a vu la notion de responsible disclosure apparaître : le découvreur de la faille informe discrètement l'éditeur et lui donne un temps raisonnable (de l'ordre de quelques semaines) pour corriger le problème. S'il ne le fait pas dans les temps, alors le découvreur publie la faille. La pression ainsi mise sur l'éditeur fait qu'il réagit plus vite, ce qui fait que les utilisateurs sont plus rapidement en sécurité. En effet, il n'y a rien de pire que de se croire en sécurité alors qu'on ne l'est pas. Après, c'est aux utilisateurs d'appliquer les mises à jour de leurs logiciels…

Notes

[1] J'aurais bien mis un lien vers le communiqué en question, mais le site du député est tellement mal foutu qu'il faut impérativement passer par la page d'accueil pour accéder au document en question (à moins de désactiver JavaScript). Merci les Frames !. Oh, sur la home, des GIF animés qui sont redimensionnés coté client. Ohhhh, les menus disparaissent si on a désactivé JavaScript ! C'est le zéro pointé en accessibilité ! Ça en dit long sur la mé-compréhension du Web… Moi je dis qu'il ne faudrait pas passer ce site à la moulinette d'Opquast ! ;-)

mardi 22 décembre 2009

A propos de notre vie en ligne

Ce billet inaugure une nouvelle catégorie sur le Standblog : Vie en ligne. Alors que notre vie est de plus en plus en ligne, il y a un certain nombre de bonnes habitudes à prendre et de choses à savoir. Cette catégorie Vie en ligne est dédiée à cela. Je compte aussi aborder des sujets connexes, comme le respect de la vie privée, l'identité numérique ou nos droits en ligne.

Je commence par une citation de Marc Ambider, journaliste politique de The Atlantic, prestigieux magazine de Boston (USA) sur le respect de la vie privée :

(…) La question qu'on me pose le plus souvent, c'est si la National Security Agency (NSA) peut lire nos emails. Pendant longtemps, j'ai répondu "je ne sais pas". Mais maintenant, je réponds "Bien sûr, il le peuvent. Mais ils ne le font probablement pas. Je ne sais pas. Et surtout, ce que la NSA peut savoir sur vous n'est rien à coté de ce que Google et Facebook collectent à votre sujet, avec votre approbation tacite.

Si vous avez des anecdotes portant sur le respect de la vie privée en ligne (ou son absence, en l'occurence), sur les bonnes habitudes à prendre en ligne, je suis preneur. Dans les commentaires ci-dessous ou sur tristan à nitot point com. Avec Internet, nous sommes en train d'inventer un monde nouveau, dont les règles sont différentes. Découvrons ces lois, testons les bonnes pratiques, pour que cet outil formidable qu'est Internet reste au service des hommes. Et pas le contraire.

À nous de jouer…

lundi 21 décembre 2009

Pendant le carnage, les ventes continuent

Fumer tue

Fumer tue

Alors que je n'arrivais pas à dormir cette nuit, je suis tombé sur un article fascinant qui recense les pires débâcles de la décennie en terme de relations publiques. Sur les 15 recensés, beaucoup sont drôles, mais en voici trois qui sont dramatiques, et qui démontrent à quel point certaines entreprises peuvent faire preuve de cynisme :

2010, c'est dans 10 jours, et cela signifie un changement de décennie. Je pense que les désastres vont continuer, mais leur nature va changer, avec l'arrivée d'au moins deux type de mensonges d'entreprises qui pousseront les consommateurs à rejeter des grandes marques :

  1. Le Greenwashing (tendance à présenter comme écolo un service ou un produit alors qu'il ne l'est pas du tout) ne sera plus toléré par les utilisateurs. La prise de conscience (encore trop limitée à mon goût) du problème écologique va faire que les consommateurs ne vont plus se laisser baratiner par les marques. Aujourd'hui, la démarche écologique des marques se trouve essentiellement au niveau de la communication, plus qu'au niveau de la production. Cela n'est pas sans rappeler ces publicités anciennes qui nous feraient hurler de stupéfaction si elles étaient publiées aujourd'hui, par exemple Camel, la cigarette préférée des médecins ou "Coca pour les enfants : il n'est jamais trop tôt pour commencer" Si, elles ont existé.
  2. Le respect de la vie privée par les services en ligne. Aujourd'hui, on se jette à corps perdu dans les services en ligne, moteurs de recherche et les réseaux sociaux sans mesurer les dangers de ces outils en terme de vie privée. On confie nos données au Cloud sans savoir comment on va pouvoir les récupérer, les effacer, les déplacer.

Je pense que la décennie 2010-2020 va révéler les premiers scandales sur ces sujets. Si tout le monde est conscient des enjeux sur l'écologie, il va falloir encore du temps pour mieux cerner ceux sur la vie privée. Quoi qu'il en soit, nous, consommateurs, seront en première ligne en tant que victimes de ce cynisme d'entreprise. Mais ne dit-on pas qu'un consommateur averti en vaut deux ?

edm08j15 Edmonton Car Accident, Scona Road 2008

edm08j15 Edmonton Car Accident, Scona Road 2008 par CanadaGood, utilisé sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND.

Mozilla at FOSDEM 2010

It's that time of the year again. No, I'm not referring to holidays, but the moment when the Mozilla Europe team starts working on the FOSDEM event. In 2010, FOSDEM will take place on the week-end of the 6th and 7th of February.

Mozilla community members jumping in joy at Fosdem, Brussels

Mozilla community members jumping in joy at Fosdem, Brussels

Mozilla has had a devroom at FOSDEM for the past 9 or 10 years (I only started attending in 2002, by distributing cool Mozilla T-shirts) and we all know how much the Mozilla project has changed over these years. For years — when our resources were extremely limited — FOSDEM has been a great opportunity for the Mozilla community in Europe to get together. But as Mozilla grew bigger, we have started organizing events ourselves, focused only on Mozilla:

The Mozilla Europe board and I have been thinking about the goals of Mozilla participating at FOSDEM, and we have decided to evolve things a bit. Now that we have our own events, it's time to approach FOSDEM differently and focus on making the Mozilla presence an opportunity to interface better with the other Free, Libre and Open Source communities. FOSDEM is wonderful in this regard, since it hosts dozens of other FLOSS projects, with people being able to work freely between devrooms.

In order to achieve this goal and become more approachable, we'll do two things:

  1. The agenda will be significantly different from the previous years:
    1. more 5 minutes lightning talks
    2. joint talks with other projects
  2. Because we have so many Mozilla specific events, we've decided to invite the most active people (and those who have not been invited yet) rather than all the European contributors. This will also leave more seats available in the Devroom, making Mozilla more approachable for other projects. This will also enable us to spend more on Mozilla-specific event that will take place later in the year. Of course, if you want to attend FOSDEM without being sponsored, you're more than welcome to participate!

Now, should you feel that you need sponsorship, go read the selection criteria! With regards to the content of the various talks, Axel Pike Hecht and Brian King should let us know soon how to deal with the program committee he leads, so that you know how to submit a proposal for a talk.

Quelques notes sur la culture et Internet

Vendredi soir, je participais à un débat à la mairie du 13° arrondissement initulé Monétisation des cultures libres, entre éthique et modèle économique ?. C'était passionnant. Voici quelques notes prises à cette occasion. C'est sans queue ni tête, je le reconnais bien volontiers, mais j'avais tout de même envie de partager.

  • Internet change radicalement les règles du jeu de la diffusion de l'information et des oeuvres :
    • Internet est une formidable machine à dupliquer à coût quasiment nul (quand vous demandez à consulter une page Wikipedia, on vous envoie une copie. Instantanément. Gratuitement ou presque[1]).
    • Ca donne une économie de l'abondance, là où on était avant dans une économie de la rareté
    • Nous sommes à une période charnière, là où les anciens s'accrochent à leurs fauteuils et n'arrivent pas (ou ne veulent pas) comprendre les changements apportés par le réseau.
  • Les anciens ont l'argent, le pouvoir, l'oreille des politiques (et une façon de voir qui est chaque jour plus challengée) :
    • Ils tentent de rétablir dans le monde des idées la rareté qu'ils ont connue dans le monde ancien
    • Les anciens, l'industrie des divertissements de masse n'ont pas vocation à faire vivre la culture. Ils ont vocation à choisir la poignée d'artiste qui vont rapporter beaucoup et surtout ne rien donner à tous les autres.
  • Les artistes doivent pouvoir vivre de leur art. Devenir millionnaire sera bien plus dur dans le monde de l'abondance numérique.
  • La technologie aidant, associée à l'augmentation du temps dédié aux hobbies donne naissance au mouvement Pro Am (les amateurs de niveau professionnel) qui peuvent produire gratuitement des œuvres de niveau professionnel
    • logiciels libres
    • photographie
    • œuvres musicales (home studio) ou autres (cinéma, courts métrages… l'exemple du moment, c'est Paranormal activity, tourné pour 15'000$ US et qui en a rapporté 100 millions)
  • La reconnaissance et la réputation sont le moteur des Pro-Ams (amateurs qui ont une production de niveau professionnel). Ils veulent partager, et peuvent le faire gratuitement, à condition de trouver de la reconnaissance.
  • Les licences Creative Commons redonnent le pouvoir aux artistes en leur permettant simplement de distribuer les œuvres suivant leurs conditions, sans avoir à faire à des juristes.
    • La clause "Non-Commerciale" permet de jouer sur les deux tableaux. Gratuité pour permettre le partage, mais possibilité de toucher une rémunération dans un cadre commercial (publicité, par exemple).
    • L'artiste a une palette de solutions juridiques pour décider comment partager, depuis le copyright intégral jusqu'à la licence CC-Attribution.
  • La valeur d'un bien culturel n'est pas que financière, mais surtout sociale (au grand dam de l'industrie des biens culturels qui voudrait nous faire croire que si ça ne rapporte pas énormément d'argent, ça ne vaut rien).
    • La musique, les histoires, l'art en général ont une fonction sociale essentielle.
  • Les produits dérivés (concerts) en tant que rémunération d'œuvres distribuées gratuitement.
    • Mais attention : ça rémunère les interprètes, pas les auteurs et compositeurs !
  • Idée de service payant, mise en œuvre par Jamendo : faciliter l'accès à du contenu gratuit sans prendre de risques juridiques.

Voilà, c'est très en vrac, je le reconnais. Peut-on faire quelque chose de tout cela ? C'est sûrement la base pour un paquet de billets futurs !

Notes

[1] Cout d'hébergement coté serveur réduit mais à couvrir par des dons et coût d'acheminement couvert par l'abonnement ADSL.

samedi 19 décembre 2009

Actu Mozilla

vendredi 18 décembre 2009

En vrac

... juste avant de partir pour la conférence-débat sur la monétisation des cultures libres, qui va se tenir à 18h30 aujourd'hui à la mairie du 13° arrondissement de Paris

mercredi 16 décembre 2009

Accord Microsoft - Commission Européenne

À midi aujourd'hui, la Commission Européenne a annoncé qu'elle était parvenue à un accord avec Microsoft dans le cadre du procès pour abus de position dominante, suit à une plainte d'Opera Software.

Mitchell Baker, chair de Mozilla Foundation, vient de publier le billet ci-dessous sur son blog. Il représente l'opinion officielle de Mozilla sur ce sujet (traduction rapide par mes soins) :

Aujourd'hui, la Commission Européenne a annoncé qu'ils avaient trouvé un accord dans leur procès contre Microsoft. Cet accord est similaire à la version mise à disposition pour commentaires il y a quelque temps, avec des changements issus de cette période de commentaires.

Le mécanisme de choix représenté par l'écran de vote (ballot screen) retient l'attention de la plupart des gens. Pourtant, Mozilla est plus intéressé par les principes qui seront adoptés par Microsoft en vue de protéger les choix déjà faits par les utilisateurs. Ces principes ne seront pas immédiatement visibles par quelqu'un utilisant Windows. C'est tout l'intérêt de la chose : quand un utilisateur a choisi un autre navigateur, Internet Explorer ne doit pas réapparaître. Ces principes sont exprimés à plusieurs reprises dans les annonces d'aujourd'hui et devraient mener à un plus grand respect pour les décision prises par les utilisateurs individuels.

La mission à but non lucratif de Mozilla se focalise sur les choix individuels et le pouvoir de chacun. Nous sommes satisfaits de voir ces principes apparaître dans cet accord.

Mise à jour

Jolicloud en pré-bêta

La nouvelle société de Tariq Krim – Jolicloud – vient de sortir une version en pré-Bêta de son système d'exploitation pour Netbook, et ça fait du bruit. J'ai demandé à Tariq ce qui caractérise l'approche JoliCloud, et sa réponse tient en quelques mots :

  1. Choix
  2. Cloud Computing
  3. Neutralité
  4. Vie privée
  5. Open Source (ou logiciel libre)
  6. Gratuité
  7. Élegance

On notera beaucoup de choses en commun en termes de valeurs entre Jolicloud et Mozilla. Logiciel libre, choix, gratuité, respect de la vie privée et élégance. Nombreux sont ceux qui vont opposer Jolicloud à ChromeOS, le système d'exploitation de Google pour Netbooks. Il est vrai que les deux sont destinés aux netbooks et reposent sur l'association d'un noyau Linux à un navigateur moderne. Pourtant, on va trouver des différences qui sont autant de preuves de divergences de vue entre Google ChromeOS et Jolicloud :

  • Installation sur un Netbook existant. C'est la démarche de Jolicloud, là où ChromeOS est destiné à être installé par les fabricants de PC sur des machines dédiées, avec un matériel défini par Google. Par exemple, ChromeOS ne pourra pas tourner sur des machines dotées d'un disque dur. Seuls les systèmes de stockage de type SSD (mémoire flash) seront supportés par ChromeOS.[1]. Jolicloud est compatible avec plus de 200 netbooks à l'heure actuelle.
  • Choix du navigateur. Jolicloud repose sur de la technologie Mozilla alors que ChromeOS repose sur… Chrome (on s'en serait douté). Il est tout à fait normal pour un système d'exploitation pour netbook d'offrir un navigateur par défaut. Sauf qu'avec Jolicloud, on a le choix de son navigateur (Firefox par défaut, Chrome en option, peut être d'autres comme Opera ?)
  • Installation d'applications locales. Google empêche toute installation locale de logiciels. Peut être sera-t-il possible d'ajouter des extensions Chrome ? Je l'espère. À l'inverse, Jolicloud offre une logithèque qui est celle de Linux. Chez Mozilla, on essaye de rendre les applications Web aussi puissantes que les applications natives (installées sur votre ordinateur plutôt que s'exécutant dans le navigateur). J'aime l'approche de Jolicloud qui est "ça n'est pas parce que c'est possible de remplacer les applis natives par des applis Web qu'il faut impérativement le faire !"
  • Choix des services en ligne. ChromeOS exige que l'utilisateur soit identifié auprès de Google avant de pouvoir accéder à quoi que ce soit sur Internet. En terme de vie privée, c'est un vrai problème (je prépare un article sur le sujet pour développer mon propos). Ca n'est pas l'approche de Jolicloud, qui offre le choix en terme d'accès aux services en ligne sans forcer l'utilisation de certains (identification par le compte Google).
  • Maturité alors que Jolicloud approche du stade Bêta (prévu pour janvier prochain), il est déjà installé et testé par plusieurs dizaines de milliers de personnes. A l'heure qu'il est, quelques milliers de personnes ont pu faire tourner ChromeOS dans des machines virtuelles, sans grand succès d'ailleurs (problèmes de connectivité dans les machines virtuelles, sans laquelle on ne peut se loguer et accéder à l'interface de ChromeOS).

Lors d'une récente présentation à Paris, il disait "installer un nouvel OS est aussi facile que d'installer un nouveau navigateur". C'est visiblement chose faite avec Jolicloud Express, qui permet d'installer le nouveau système d'exploitation… depuis Windows :

Jolicloud Express : Installation de Jolicloud depuis Windows

Jolicloud Express : Installation de Jolicloud depuis Windows

Quelques liens complémentaires :

Post-Scriptum : il se trouve que ceci est le 4000ème billet du Standblog :-D

Notes

[1] Oui, je sais, il existe des patches qui permettent d'installer un proto de ChromeOS sur des netbooks avec disque dur, mais on sait bien que Google ne souhaite pas les intégrer.

En vrac, tôt le matin

Aujourd'hui, Google a une vision de ce que vous faites lorsque vous utilisez ses services. Mais il ne développe pas de mécanismes pour vous tracer à partir de votre PC via Internet Explorer, Firefox ou son navigateur Chrome, bien qu'il y ait eu débat sur le sujet. En revanche, si vous utilisez ses serveurs DNS, il sait où vous passez, même si les sites ne lui appartiennent pas. Il sait même ce que vous faites, car en analysant les adresses demandées, on peut facilement comprendre s'il s'agit d'un site web, d'un service de webmail, d'un site Intranet... Dès lors, Google saura encore plus de chose sur vous.

Notes

[1] Mise à jour : après vérification de la privacy policy de Google DNS, je suis plus rassuré que Jean-Michel (à condition que les termes de confidentialité ne changent pas !). Merci à Neokraft pour les précisions sur ce sujet.

lundi 14 décembre 2009

WebGL et FileAPI

Deux standards très intéressants sont en train d'émerger : WebGL du Khronos Group et FileAPI du W3C.

  • WebGL, c'est OpenGL ES 2.0 qui est exposé dans le navigateur via l'élément canvas d'HTML 5. Pour faire simple, c'est l'arrivée de la 3D (avec accélération matérielle) dans le navigateur. A savoir :
    • La spécification est à l'état de draft, avec pour objectif d'être finalisée au premier trimestre 2010.
    • Il est possible de tester WebGL dans les compilation nocturnes de Firefox (en l'occurrence une version pré-Alpha de Firefox 3.7)
    • Il existe déjà une version de Fennec (aka Firefox Mobile) qui intègre WebGL
  • FileAPI, c'est la possibilité pour le navigateur d'uploader plusieurs fichiers à la fois (c'est déjà un grand progrès) et de lire ces fichiers à la volée, par exemple pour accéder aux données EXIF d'un fichier JPEG ou des étiquettes ID3 des fichiers MP3.

Pour la beauté de la chose, même si ça n'a aucun rapport avec ni WebGL ni FileAPI, voici une petite vidéo publiée par ma collègue Caitlin, qui démontre l'utilisation de SVG et de Canvas d'HTML 5 sur Firefox for Mobile. Cette vidéo est présentée par Arun Ranganathan, qui se trouve être l'éditeur de la spécification le chairman du groupe de travail WebGL. Comme quoi, finalement, il y a bien un semblant de cohérence dans ce billet ! ;-)

vendredi 11 décembre 2009

Dérapage d'Eric Schmidt, de Google

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T-Shirt en vente chez Busted Tees

Eric Schmidt, patron de Google, vient de commettre un superbe dérapage sur le thème de la vie privée[1] :

Je pense qu'il faut faire preuve de jugeotte. S'il y a quelque chose que vous faites et que personne ne doit savoir, peut-être qu'il faudrait commencer par ne pas le faire. Si vous avez besoin qu'on respecte à ce point votre vie privée, le fait est que les moteurs de recherche – y compris Google – enregistrent et conservent des informations pendant un certain temps. Il faut bien réaliser que nous, aux USA, sommes soumis au Patriot Act et donc qu'il est possible que toutes ces informations soient mises à la disposition des autorités à leur demande.

La réaction de l'excellent Bruce Schneier, expert en sécurité de renom, date de 2006, mais elle est toujours valable, et il vient de la publier à nouveau à l'occasion de la bévue du patron de Google :

La notion de vie privée nous protège de ceux qui ont le pouvoir, même si nous ne faisons rien de mal au moment où nous sommes surveillés. Nous ne faisons rien de mal quand nous faisons l'amour ou allons aux toilettes. Nous ne cachons riens délibérément quand nous cherchons des endroits tranquilles pour réfléchir ou discuter. Nous tenons des journaux intimes, chantons seuls sous la douche, écrivons des lettres à des amoureux secrets pour ensuite les brûler. La vie privée est un besoin humain de base.

(…) Si nous sommes observés en toute occasion, nous sommes en permanence menacés de correction, de jugement, de critique, y compris même le plagiat de nous-même. Nous devenons des enfants, emprisonnés par les yeux qui nous surveillent, craignant en permanence que – maintenant ou plus tard – les traces que nous laissons nous rattraperont, par la faute d'une autorité quelle qu'elle soit qui porte maintenant son attention sur des actes qui étaient à l'époque innocents et privés. Nous perdons notre individualité, parce que tout ce que nous faisons est observable et enregistrable. (…)

Voici la perte de liberté que nous risquons quand notre vie privée nous est retirée. C'est la vie dans l'ex-Allemagne de l'Est ou dans l'Irak de Saddam Hussein. Mais c'est aussi notre futur si nous autorisons l'intrusion de ces yeux insistants dans nos vies personnelles et privées.

Trop souvent on voit surgir le débat dans le sens "sécurité contre vie privée". Le choix est en fait liberté contre contrôle. La tyrannie, qu'elle provienne de la menace physique d'une entité extérieure ou de la surveillance constante de l'autorité locale, est toujours la tyrannie. La liberté, c'est la sécurité sans l'intrusion, la sécurité avec en plus la vie privée. La surveillance omniprésente par la police est la définition même d'un état policier. Et c'est pour cela qu'il faut soutenir le respect de la vie privée même quand on n'a rien à cacher.

A cette occasion, mon collègue Asa Dotzler explique comment faire pour que votre Firefox passe de Google à Bing, alors qu'il explique que la politique de respect de la vie privée est meilleure chez Microsoft que chez Google. Evidemment, ça fait couler de l'encre virtuel

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Mises à jour

Mise à jour 1

Quelques articles sont parus sur ce thème dont certains ont des titres franchement racoleurs et faux (non, Mozilla ne recommande pas de passer à Bing. Par contre, un employé de Mozilla — Asa Dotzler — explique comment faire sur sont blog personnel) :

Mise à jour 2

J'ai publié un commentaire à lire en réponse à un lecteur, d'où le tutoiement. Je le recopie ci-dessous :

Le problème qui me rend dingue quand Schmidt lance pareille idée, c'est que toute recherche que tu fais sur Google — si tu as un compte Google — est associée à ton nom.

Et ça c'est super gênant pour des tas de raisons. Quelques exemples :

  • T'es une jeune fille, et tu cherches "avortement" ou "Sida" sur Google suite à un rapport non-protégé (ou une capote qui lâche au mauvais moment) ;
  • T'es adolescent et — bêtement, dans un moment de désœuvrement — tu cherches "comment faire une bombe atomique" ou "rejoindre Al-Qaeda" sur Google ;
  • T'es adolescent dans une ville de province, et tu te poses des questions sur ton orientation sexuelle. Tu cherches "homosexualité" ou "rencontrer des garçons" ou des choses plus... médicales et/ou anatomiques.
  • T'as un coup de mou et tu cherches "comment se suicider"
  • Ton voisin t'énerve, et sur un coup de tête, tu cherches "comment se débarrasser de son voisin discrètement" ou "cyanure", pour finalement aller te changer les idées au cinoche.
  • Tu tombes amoureux d'une jolie fille alors que t'es marié et tu cherches "nuisette coquine" ou "sextoy" ou "hotel louant une chambre pour l'après-midi".

Dans tous ces cas là, tu n'as rien fait d'interdit par la loi. Tu n'as rien publié sur le Web. Tu as juste communiqué à Google tes préoccupations de l'instant. Elles existent dans la mémoire de Google, associées à ton nom. Cela est susceptible d'être communiqué à d'autres personnes. Aux gouvernements qui en font la demande, par exemple. Mais pas seulement. Et voir ces informations révélées est potentiellement dangereux pour toi, à cause du regard des autres.

Ca n'est pas le monde dans lequel j'ai envie de vivre. Ca n'est pas le Web que j'ai envie de construire. C'est pour ça que je réagis si fort publiquement.

Notes

[1] Traduction par mes soins, l'emphase est de mon fait. Les suggestions de correction en vue d'améliorer la traduction sont les bienvenues.

En vrac, en direct de Californie

Je n'ai pas pu bloguer ces derniers jours, suite à une panne de mon ordinateur (visiblement la carte mère). Quoi qu'il en soit, voici les dernières nouvelles du front :

mardi 8 décembre 2009

Sortie de Thunderbird 3

C'est le moment tant attendu pour Thunderbird 3, qui est sorti il y a quelques minutes en version 3.0 finale en 49 langues et 3 plates-formes (Linux, OS X[1] et Windows[2]).

Logo Thunderbird 3

Parmi les nouveautés, on trouve :

  • les onglets, comme dans Firefox !
  • Recherche avancée, avec la possibilité d'ajouter des filtres successifs
  • Archivage rapide des messages
  • Stockage dans le Carnet d'adresse d'un seul clic
  • Assistant pour le paramétrage d'un nouveau compte de messagerie (on sait à quel point la saisie des paramètre serveurs – SMPT/POP/IMAP – paraît compliquée aux utilisateurs)
  • Dossiers intelligents
  • Gestionnaire d'extensions
  • Meilleure intégration avec GMail
  • Meilleure intégration avec Windows et OS X, y compris le support pour le carnet d'adresse de Windows 7, Vista et OS Snow Leopard
  • Moteur de rendu 1.9.1

Pour le télécharger, il suffit de visiter Mozilla Messaging et de cliquer sur le bouton Téléchargement gratuit.[3]

Si vous cherchez une version dans une autre langue et un autre système d'exploitation, c'est ici : Fully localized versions of Thunderbird (certaines langues sont encore en 2.0.0.23).

Toutes mes félicitations à l'équipe de David Ascher et à la communauté pour son travail. (Reposez-vous un peu, je sais qu'une version 3.1 est déjà dans les tuyaux !)

Mise à jour : ne manquez pas Thunderbird 3 for developers !

Notes

[1] OS X 10.4 et supérieurs.

[2] Windows 2000, XP, Server 2003, Vista et Seven.

[3] Version américaine du site Mozilla Messaging.

mercredi 2 décembre 2009

En vrac

mardi 1 décembre 2009

Introduction à la Bidouillabilité

Il y a plusieurs semaines, je donnais à Lyon, dans le cadre des JDLL, une présentation intitulée Bidouillabilité du Web et de Firefox. Il est largement temps de partager avec les lecteurs du Standblog le contenu de cette présentation, en complément des articles déjà publiés sur ce thème.

Commençons par une courte définition de la bidouillabilité[1] :

Bidouillabilité : nom féminin, traduction du terme anglais Hackability. Capacité – pour un objet technique ou un outil – à être détourné de sa fonction première en vue d'essayer de lui trouver de nouveaux usages.

Comme les termes Hack et hacker ont été déformés par la presse pour signifier respectivement "piratage" et "pirate", je suis obligé de préciser que la notion de bidouillabilité ne tient pas compte de la légalité de la démarche : Détourner l'usage d'un système technique de façon créative, c'est démontrer sa bidouillabilité, que la démarche soit légale ou pas.

Même si ça fait longtemps que je réfléchis à la notion de bidouillabilité et d'appropriation des technologies par les utilisateurs, c'est vraiment la lecture d'un livre de Jonathan Zittrain, intitulé The Future of the Internet, and how to stop it qui m'a permis de progresser et de consolider ma pensée.

Dans des articles à venir[2], je compte répondre aux questions suivantes :

  1. Pourquoi la bidouillabilité est-elle une notion importante ?
  2. Les rôles du PC, du logiciel libre et de l'Internet pour la bidouillabilité
  3. Que peut-on faire au quotidien pour privilégier la bidouillabilité ?
  4. Qu'est-ce que Mozilla fait pour privilégier la bidouillabilité ?

Sans anticiper sur ces articles, on peut déjà dire que la bidouillabilité, c'est la possibilité pour chacun de participer à la création de notre futur numérique. En substance, préserver la bidouillabilité, c'est s'assurer qu'on aura le futur numérique que l'on souhaite, pas celui qu'on voudra bien nous vendre.

Notes

[1] qui – oh miracle – a déjà sa page Wikipedia !

[2] Je compte rajouter des hyperliens dans le présent article au fur et à mesure que sont publiés les réponses aux questions ci-dessous.