Me voilà de retour de la gare de Caen, où je viens d'accompagner des amis qui retournent sur Paris. Le soleil se couche, m'offrant une lumière dans les roses et les dorés, c'est magnifique. En passant par la bonne ville de Douvres la Délivrande (sa basilique, ses croissants au beurre), je passe devant un cyber-café ouvert tard le soir. Il se trouve que justement, j'ai à imprimer une offre d'emploi trouvée sur le Web (j'ai un accès Web à la maison, mais pas d'imprimante). Je rentre dans le cyber-café en question, et je demande au gérant s'il est possible de consulter une page et de l'imprimer. Pas de problème, ça sera un euro. La conversation s'engage, il m'explique qu'il fait parfois aussi de la conception Web. Ahah... Et nous voilà parti dans une conversation. je lui montre mon StandBlog, et il y découvre, interloqué, le terme "XHTML". Je lui parle de XML, HTML, CSS. Ah oui, les CSS c'est ce qui sert à formater les polices de caractère. (Là, je me dis qu'il y a du boulot...) Je lui montre donc le switcher, lui explique le le contenu du site est identique, que seule la feuille de style change. Il me demande comment je fais avec les tableaux. Il n'y a pas de tableaux. Oui, enfin bon, comment tu fais avec tes frames. Il n'y a pas de frames. Je lui montre le code source. C'est une révélation. Un code lisible, un mise en forme séparée et donc interchangeable. Il frise l'apoplexie. Ah, si j'avais eu mon Mozilla avec les bookmarklets permettant d'éditer les feuilles de style, je l'aurais achevé. On aborde ensuite la taille des feuilles de style. Je les lui montre. Il s'étonne qu'elles soient si peu longues. Je lui parle des gains de bande passante. Il suffoque. J'ai oublié de mentionner l'efficacité du référencement; tant mieux, il n'aurait sûrement pas survécu ;-). Je lui parle de changement de mise en page en temps réel, des feuilles de style personnalisées, du cookie qui permet la persistance d'un choix de feuille de style. Je fais un petit crochet sur l'accessibilité. Il comprend. Tente de naviguer au clavier sur un site qu'il avait conçu avec 6 frames et du DHTML. C'est impossible. Il hoche la tête. Je lui montre OpenWeb, il mesure la différence. On aborde ensuite l'arret d'Internet Explorer tant pour Mac que pour Windows, des progrès de Mozilla, d'Opera, de Safari, qu'il ne connaissait pas (il privilégie maintenant l'activité cyber-café à celle de conception de sites), et donc de l'importance d'une "norme" commune aux navigateurs. Ca tombe comme une évidence : pour être compatible avec tous ces nouveaux navigateurs, il faut respecter ce qu'il appelle la "charte" (en fait les standards). Il devient songeur en réalisant ce qu'est la promesse du Web, à savoir la compatibilité avec toutes les plateformes, sans se préoccuper de Netscape ou de Microsoft.

J'embraye sur le libre. Il peste contre Microsoft, qui lui a demandé 35KF pour équiper ses 27 machines de Windows XP-familial. Comme il revend des ordinateurs, il trouve qu'Office coûte très cher à ses utilisateurs, et envisage d'équiper ses machines d'OpenOffice.org en standard, avec Microsoft Office en option, beaucoup plus cher. Je pourrais distribuer gratuitement OpenOffice.org, c'est légal, hein ?. Oh oui, et c'est même recommandé ! On reparle navigateur. Je lui parle de navigation par onglets, il ne semble pas voir l'intérêt, faute de pouvoir lui montrer. Je lui parle de blocage de pop-ups, de traitement anti-spam. Son visage s'illumine : "Ah oui, ça c'est cool". Je lui parle des trous de sécurité d'Internet Explorer même si tu as appliqué tous les patchs de sécurité. Il s'étonne, refuse d'y croire : de toute façon, mon routeur bloque tout... Il réflechit, se renfrogne, réalise alors que le trafic Web est autorisé par le routeur/firewall, et que les trous de sécurité d'IE/Win sont béants, alors qu'il se croyait à l'abri, même s'il n'avait pas appliqué tous les patchs. Une autre évidence s'impose : il faut que j'installe Mozilla. C'est certain.

Je dois rentrer, ça fait maintenant 1 heure que nous discutons à batons rompus. Lui qui avait interrompu son diner pour discuter, il retourne réchauffer ses lasagnes surgelées au un micro-ondes de l'accueil. J'ai l'offre d'emploi que j'étais venu imprimer, il a gagné un euro. Mais surtout, il a été complètement ébranlé dans sa conception du Web, et il a compris ce qu'était le W3C, les standards, les avantages qu'ils apportent à l'utilisateur et au concepteur. J'ai soif d'avoir tant parlé, mais j'ai le plaisir d'avoir fait découvrir ce qu'est un Web ouvert, bien loin d'IE4 et de Netscape 4, de tableaux imbriqués, de GIFs transparents, de chargements interminables. Nous avons tous deux gagné notre journée. Ca m'a couté un euro, mais le plaisir que j'en tire n'a pas de prix.