Robert Scoble est un personnage intéressant. Employé Microsoft, il blogue plus vite que son ombre, au point que c'en est impressionnant. Accro à son aggrégateur RSS, il affirme lire des centaines de blogs. De toute évidence, il ne doit pas rester beaucoup de temps pour travailler. En plus, il affirme être utilisateur de Red Hat et de Firefox ! (a mon avis, il risque la porte pour cause de traitrise caractérisée...)

Très récemment, il a répondu à deux évènement déjà mentionnés ici et sur LinuxFR :

Sur le premier sujet, Scoble répond en partie à coté. Oui, les applications pourront s'intégrer avec Longhorn, mais seulement de la façon choisie par Microsoft. Autrement dit, des protocoles comme SMB, qu'il a fallu décortiquer pour produire l'excellent Samba, pourront être mis en cause. Et puis il faut bien voir quelque chose : il ne s'agit pas simplement d'interdire l'accès aux autres applications. Il suffit de dégrader suffisament leur fonctionnement pour qu'à coté, la solution 100% Microsoft paraisse plus efficace. Le bidouillage de protocole et d'API est une réalité chez Microsoft depuis longtemps : après avoir nié pendant des années l'existence d'API cachées, Microsoft a révéléle 272 de ces API le 5 aout 2002 (cf les articles du register et de News.com). Il faut se souvenir aussi de la vieille histoire de Windows 1.0 qui refusait de tourner sur DR-DOS, un clone de MS-DOS (oui, je suis conscient de vous parler d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître-euhhh).

A l'époque où DOS, puis Windows étaient des plateformes, c'était l'API qui primait. Mais nous sommes maintenant dans un monde en réseau. Les plate-formes n'ont pas disparues, mais le réseau les a presque eclipsées. Et ce qui compte maintenant, c'est l'interopérabilité. D'où l'importance des standards et des format ouverts.

Revenons au second sujet abordé par Robert Scoble : le rapprochement de Mozilla et de Microsoft. Que les choses soient claires : je ne peux pas parler au nom de la Mozilla Foundation. Mais la dernière fois que Microsoft a approché une équipe de développeurs de navigateurs, c'était celle de Netscape, le 21 juin 1995. Leur proposition était tout simplement digne de la mafia : on vous laisse faire des navigateurs, mais vous renoncez à faire une version pour Windows 95. Ca serait dommage qu'il vous arrive un regrettable accident !. Depuis, on l'a connu, l'accident. Et bien sûr, ça n'en était pas un.

Brendan Eich est l'architecte de Mozilla et l'un des premiers employés de Netscape. Il se souvient bien de cette épisode de l'histoire de Netscape. Et Brendan réplique à Scoble dans InternetNews, avec une idée qui est celle qui a déclenché l'ire de Microsoft en 1995, celle d'une plate-forme Web qui dépasserait la notion de système d'exploitation : le défi de Mozilla est de continuer à améliorer nos excellentes applications comme Firefox, tout en travaillant avec d'autres défenseurs de l'open source et des standards ouverts pour construire une plate-forme convainquante pour Linux, Mac OS X et Windows. On ignore encore si l'histoire se répetera. Mais ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui les choses sont différentes. Le logiciel Libre est là. Et à mon humble avis, ça change tout.

PS : Gerv, de la Mozilla Foundation, fait aussi une réponse pleine de bon sens (pour les anglophobes, il existe une traduction sur BlogZinet). Oui, Mozilla est très en avance en terme de moteur de rendu HTML et d'XML pour les interfaces graphiques. C'est du logiciel Libre, Microsoft peut donc le réutiliser...