Lu dans un article des Echos (abonnement nécessaire), une citation intéressante d'Andy Grove, co-fondateur d'Intel, société qui détient un quasi monopole sur le marché des semi-conducteurs :

Andy Grove, cofondateur mythique de la société Intel, a même souligné l'an dernier que le brevet logiciel était un frein à l'innovation où des entreprises peuvent vivre de leur portefeuille de brevets sans pour autant vendre des produits finis. Pour appuyer ces dires, Andy Grove soulignait qu'aux Etats-Unis les coûts d'un litige sur les brevets logiciels étaient passés de 5 millions de dollars par an en 1982 à 4 milliards de dollars en 1998, faisant le bonheur des cabinets juridiques

Par ailleurs, on lit ceci :

Microsoft sponsorise la présidence irlandaise de l'Union européenne, qui pousse le vote du Conseil des ministres, explique Jacques Le Marois, PDG de la société MandrakeSoft, l'un des signataires de la lettre envoyée au président de la République.

Je connais Jacques Le Marois depuis plusieurs années. C'est un garçon brillant et pondéré. Aurait-il lui-aussi succombé au charme vénéneux de la théorie de la conspiration ? Comment une société privée, qui plus est extérieure au continent Européen, pourrait sponsoriser la présidence Européenne ? Qui dit sponsor dit influence, c'est une certitude. Bref, ça paraît incroyable. Ca semble fou... J'ai bien envie de dire à Jacques de redescendre sur terre, d'arrêter de dire de telles âneries. Et pourtant, il a raison. (Je viens de voir un communiqué de presse exprimant l'indignation de plusieurs partis de gauche en France, Belgique et Allemagne sur cet état de fait).

Un rapide rappel des faits :

  • L'Europe est sur le point d'adopter les brevets logiciels, malgré un bon départ au niveau du parlement européen, en septembre dernier.
  • La Belgique et l'allemagne ont déjà dit non aux brevets logiciels. Quelle mouche pique la France ?
  • les éditeurs de jeux vidéos, les éditeurs de logiciels, les communautés de logiciels Libres sont unaniment contre une telle décision. Qui est pour ? Les avocats spécialisés dans la propriété intellectuelle, qui voient là une manne inespérée qui pourrait multiplier leur chiffre d'affaire ; et aussi les filiales européennes des éditeurs nord-américains, bien sûr.
  • Aux USA, le système des brevets logiciels et chaque jour plus contesté, car tout le monde peut constater qu'il est complètement perverti et donne lieu à d'impressionnants rackets (cf le discours d'Andy Grove, ci-dessus).

Rappelons que les brevets sont faits pour faits pour protéger l'innovation. Ils ont fonctionné avec beaucoup d'efficacité à l'ère industrielle, mais ne peuvent pas s'appliquer au logiciel, comme nous l'avons déjà démontré.