Steve Ballmer déclare : Linux viole plus de 228 brevets [logiciels] (...) Un de ces jours, pour tous les pays participant à l'OMC, quelqu'un viendra et cherchera à obtenir l'argent correspondant aux droits sur cette propriété intellectuelle. Il n'a pas précisé que Microsoft serait l'entreprise qui attaquerait. Notons toutefois que Microsoft a annoncé la volonté de déposer 3000 brevets logiciels pendant l'année fiscale 2005. Cela ne l'empêche pas d'enfreindre des brevets logiciels et de finir par régler cela à l'amiable avec InterTrust (440 millions de dollars) et Sun Microsystems (900 millions de dollars sur les 1,6 milliards versés recemment).

Cela illustre bien la méthode employée dans le monde étonnant des brevets logiciels : plus une entreprise en a, plus elle est à même de menacer celui qui l'attaquerait. C'est le brevet logiciel en tant qu'arme de dissuasion. On a bien connu cela à l'époque de la guerre froide, ce qui menait à l'accumulation de missiles nucléaires. Nous sommes dans une situation comparable pour les brevets logiciels, sauf que l'Europe n'a pas d'armes de dissuasion (officiellement les brevets logiciels sont inexistants chez nous) et il est possible de ne pas subir les dangers des brevets logiciels en refusant d'entrer dans la danse.

Imaginons que la France et l'Europe, au sortir de la seconde guerre mondiale, aient eu la possibilité de mettre en place un mur physique qui nous permette de nous isoler des belligerants armés jusque aux dents. Par quel miracle pourrait-on décider d'abattre ce mur (et donc de nous exposer) alors que nous n'aurions aucune arme de dissuasion ? Aucune personne censée au monde n'imaginerait cela ! Et pourtant, l'Europe s'apprête à dire oui aux brevets logiciels, et a livrer ce qu'il reste de son industrie pieds et poings liés aux géants américains du secteur. Et ces géants sont bardés de brevets logiciels déjà déposés aux USA. Comment est-ce possible ?