C'est un drôle de moment, le mois de juillet, les vacances ne sont pas encore vraiment là, mais le gros de l'activité est passé avec la fin juin. C'est donc souvent de faire des transitions. Petit retour en arrière :

Il y a 10 ans, Netscape s'apprêtait à s'introduire en bourse. Fortune fait le point dans un excellent article, Remembering Netscape: The Birth of the Web . 20 pages décrivant la saga de Netscape, à l'occasion du 10ème anniversaire de son introduction en bourse. Mais qu'on ne l'oublie pas, Netscape est mort en juillet 2003, avec le licenciement des équipes, dans la foulée de l'accord Microsoft-AOL les les 750 millions de dollars. Mais pendant ces huit ans, Netscape a popularisé quantité de choses qui ont défini une bonne partie du Web, a commencer par la moins glorieuse, la nouvelle économie, via l'introduction en bourse d'une société déficitaire, la notion de portail, RSS, la distribution massive de logiciels via Internet, le passage d'une entreprise au logiciel Libre. Mais ce qui a vraiment été important, est expliqué par Jim Barksdale :

nous avons rendu le Web utilisable par de simples mortels

Tout n'était pas parfait chez Netscape (loin de là, même), et Fortune nous offre justement un article sur le revers de la médaille : Part II: how Netscape lost its way.

Il y a 4 ans, j'ai commencé à bosser sur Mozilla et les standards du Web, alors que j'ai déjà passé 4 ans chez Netscape. Quelques semaines plus tard, on m'apprend qu'il va y avoir des licenciements. J'ai passé un été de merde en attendant des nouvelles. Ca a donné le ton des deux ans qui ont suivi, avec cette incertitude permanente, le management d'AOL qui ne savait pas sur quel pied danser à notre propos. Avec le recul, c'est surtout qu'ils n'avaient pas de pieds. Des tentacules, sûrement : gluantes, collantes, multiples, infiniment souples, mais rien qui ne leur permette de marcher correctement.

Il y a 3 ans, je commençais à bloguer.

Il y a 2 ans, j'apprenais mon licenciement au téléphone, depuis la Normandie d'où je télétravaillais (de l'avantage d'avoir son patron aux USA : il se fiche de savoir si vous avez une fenêtre qui donne sur une tour de la Défense ou sur la mer). (Voir Transfer.net, Standblog.org, La-Grange.net, Eric Meyer).

Depuis, il a fallu se remettre du choc, monter Mozilla Europe, aider Mozilla.org à se tourner vers le grand public, lancer Firefox et Thunderbird, trouver un financement pour pérenniser nos efforts.

Me voilà donc, deux ans après, à nouveau dans une position stable, avec un job passionnant, un salaire (enfin !). Deux ans de stress, de rage (de voir le projet Mozilla mis en danger) et des résultats très encourageants en terme de part de marché (plus de 10% en Europe) : notre objectif de rétablir le choix et l'innovation sur Internet est atteint. Firefox a dépassé les 72 millions de téléchargements (sans compter les mises à jour). Au delà de nous maintenir à ce niveau, il nous faut encore gagner des parts de marché en continuant à faire la différence avec Internet Explorer. Et compte tenu de la version que j'utilise actuellement (Deer Park Alpha 2), je dois reconnaître que je suis assez confiant, d'autant que IE7 ne devrait tourner que sur une petite minorité de machines (celles équipées d'XP avec le Service Pack 2), sans pour autant proposer un support correct des standards...