Comme je l'indique à NetEconomie.com, Firefox a dépassé toutes nos espérances en terme de parts de marché[1].

Sur SpreadFirefox, un contributeur fait un graphe délirant sur le sujet : il reflete ma perception de la réalité jusqu'en juillet 2005, et prédit ensuite qu'en 2007, Internet Explorer passera en dessous de la barre des 20%. D'après moi, ça n'est pas crédible ni même souhaitable : personne n'a vraiment envie que cela se passe ainsi. Je m'explique :

  • Internet n'a rien à y gagner. En biologie comme sur le réseau, la diversité est facteur de robustesse, alors que monoculture est synonyme de danger.
  • Microsoft est décidé à ne pas se laisser faire, et la sortie d'une beta d'IE7, même si elle est très médiocre pour l'instant, en est la preuve.
  • Je pense qu'Apple, sauf bévue monumentale toujours possible, est bien placé pour gagner des parts de marché, et Safari va lui aussi progresser mécaniquement ;
  • Je souhaite qu'Opera persiste sur le marché, d'autant que la multiplication des navigateurs sur téléphone mobile / PDA est pour lui une belle opportunité ;
  • Mozilla Foundation, dont l'objectif est de "promouvoir le choix et l'innovation" n'a pas intérêt non plus à atteindre le monopole, sauf à renier sa sa vocation et voir les forks et les variantes fleurir.

Je ne sais pas moi-même où va s'arrêter Firefox, alors ne comptez pas sur moi pour faire la moindre prédiction sur le sujet.

Pourtant, je suis tombé sur les statistiques des navigateurs de la BBC, site grand public s'il en est. Gecko représente 14,3%, dont 12,1% de Firefox, mais ça n'est pas ça qui est important. Ce qui compte, c'est la proportion de Windows XP Service Pack 2 : 21% (en croissance).

A partir du moment où IE7 va sortir, la grande majorité des utilisateurs de Windows va réaliser qu'ils sont des citoyens de seconde classe délaissés par Microsoft. Pour bénéficier d'un navigateur moderne, il faudra avaler la couleuvre Service Pack 2 (quelques dizaines de méga-octets de téléchargement et DRM à la clé) puis télécharger IE7. Ou il suffit de télécharger directement les 5 méga-octets de Firefox. Bien sûr, de nombreux utilisateurs préféreront passer au Service Pack 2, d'autres s'en contrefichent, et les derniers, enfin, migreront à Firefox 1.5, portant la part de marché du rusé renard en direction des 30%. Il est probable que cette question empêche quelques millionnaires de dormir à Redmond.

Notes

[1] je déteste toujours autant ce vocable, mais continue de l'utiliser faute de mieux