Interview par Libération de Dan Gillmor, ex-journaliste au San José Mercury News et fondateur de Bayosphere. La conclusion est intéressante :

Lorsqu'on l'interroge sur l'avenir de la «grande presse», comme il l'appelle, sévèrement chahutée à l'aube du tout-numérique, Dan Gillmor met en garde : «Pas de malentendus, s'il vous plaît.» Le journalisme citoyen n'est pas une remise en cause des grands médias qui restent les principaux pourvoyeurs d'informations et les plus aptes à «surveiller le pouvoir». Les blogs, malgré quelques scoops durant la dernière campagne présidentielle américaine, n'ont pas encore acquis leurs lettres de noblesse. Si le papier doit mourir, peu importe : «Je m'intéresse à l'info, pas au papier.» Les grands médias devront «comprendre qu'ils ne sont plus les seuls à dire où va le monde». S'adapter ou mourir ? «C'est inévitable», mais au bénéfice de l'information : «Le journalisme citoyen n'est pas un projet de critique des médias, mais d'expansion des médias.»

Il y a de l'idée dans la réflexion de Gillmor, et j'en profite pour rebondir rapidement (pardonnez les lieux communs) :

  • Le papier est un mode obsolète de distribution de l'information car reposant sur le déplacement d'atomes :
    • distribution coûteuse ;
    • archivage coûteux ;
    • recherche quasiment impossible.
  • Le papier a un gros avantage : il permet de facturer un service (l'information) en prétendant facturer un bien.
    • Il permet la rémunération de journalistes professionnels ;
    • Il permet de rémunérer le circuit de distribution.
    • Il est plus intéressant d'acheter un exemplaire du journal plutôt que de le photocopier du début à la fin.
  • Internet est opposé au papier :
    • pas facile à facturer (et ça manque bigrement, un moyen universel, sécurisé et ouvert de micro-paiement)
    • Il repose sur le modèle publicitaire, avec les inconvénients et les risques de dérive qu'on connaît...
  • Internet est un complément du papier :
    • Les blogs sont plus un complément à la presse papier (ce que Gillmor appelle "la grande presse") qu'un remplaçant ;
    • Les blogs sont aussi un contre-pouvoir au contre-pouvoir de la presse (et ça, c'est une bonne chose).
    • Je ne crois pas qu'on puisse se passer de journalistes (bien) payés. Au contraire, les blogs ont les moyens de mettre la pression sur les publications de mauvaise qualité.
    • Le papier est lisible partout, sans disposer d'un équipement coûteux ;
    • Le papier a une durée de vie bien plus longue qu'une information électronique (sauf si on respecte les formats ouverts et qu'on a une procédure d'archivage en terme de format matériel).

Et vous, qu'en pensez-vous ? (Oui, les commentaires sont ouverts pendant quelques jours pour ce billet).

Mise à jour : j'ai rajouté des élements de réflexion dans le texte, suite aux commentaires et e-mails des lecteurs. Je les ai marqué en italique pour les différencier. (Plus préciséments, j'ai mis de l'emphase dessus, ce qui est représenté en italique).