Je suis debout depuis trois heures du matin, décalage horaire oblige. Dehors, il pleut des cordes sur la morne Silicon Valley. L'autoroute 101, toute proche, commence à faire entendre son trafic à travers la porte du motel. C'est certain, l'aube pluvieuse de la banlieue de San José est d'un glauque ultime. J'ai fait du thé avec la cafetière qui se trouve dans la chambre. Dans les écouteurs de l'iPod, quelques vieux tubes inoxydables font mon bonheur plusieurs décennies après leur conception :

  • Simply Beautiful, d'Al Green ;
  • Because, des Beatles ;
  • While my Guitar Gently Weeps, dans une version rock interprétée par Jeff Healy ;
  • Bang Bang (My Baby Shot Me Down), de Nancy Sinatra (entendue dans Kill Bill: Vol. 1).

La longévité de ces oeuvres dépasse très largement la durée de vie de chacun des équipements que j'ai pu acheter pour les écouter. Voilà qui devrait démontrer pourquoi je pense que le DRM est une véritable plaie : je n'entends pas faire une croix sur mon patrimoine culturel à chaque fois que mon matériel, dont l'obsolescence est programmée dès la conception pour favoriser le renouvellement du parc, rend l'âme comme prévu.

Aujourd'hui promet d'être encore une journée de plus bourrée d'interactions avec des gens brillants, des vieilles connaissances, des nouvelles têtes, des tas de projets pour faire avancer Mozilla, le Web et le logiciel Libre. Malgré la pluie, malgré mes yeux fatigués par l'abus d'écran et le décalage horaire, malgré l'environnement qui voudrait bien avoir l'air mais qui n'a pas l'air du tout, la journée promet d'être magnifique.