Voici l'anecdote que j'ai mentionné récemment. Vendredi dernier, j'étais en déplacement à Madrid, pour la première fois depuis une éternité. Juste avant de partir là-bas, j'ai reçu un coup de fil de Cédric Ingrand, journaliste à LCI, pour m'inviter à parler de logiciels Libres dans son émission Plein Ecran. Seul hic, le studio LCI de Boulogne enregistre dans les conditions du direct vendredi à partir de 16h30, alors que mon avion atterrit à 15h35 à Roissy Charles de Gaulle. Qu'à cela ne tienne, Cédric propose d'envoyer un motard de LCI pour me conduire de l'aéroport au studio plus rapidement. Etant motard moi-même, je dois avouer que je n'aime pas du tout être passager, trop conscient du danger et sans possibilité de contrôler quoi que ce soit. Surtout que dans ce cas, il ne faudra pas traîner : 55 minutes pour faire Roissy-Boulogne, en passant par la case maquillage, c'est court, très court ! Cédric me rassure : "ils ont l'habitude, ils transportent des cameramen, ils suivent le tour de France. Pierre Chappaz l'a déjà fait, ça s'était bien passé, il a juste dit qu'il avait eu beaucoup d'air". Bah voyons, et si je baisse la tête j'aurais l'air d'un coureur ?

Vendredi matin, 11h30 : je termine mes rendez-vous, et je piaffe déjà d'impatience. J'ai expédié le dernier entretien, j'ai envie de foncer à l'aéroport madrilène d'urgence, même si ça ne fera pas décoller plus rapidement mon avion. L'embarquement se fait avec 20 minutes de retard. Ca commence mal ! J'en profite pour toucher un mot au pilote, qui accueille les passagers : "vous croyez qu'on sera à l'heure ? J'ai un rendez-vous à Boulogne à 16h30 pour la télévision !". La réponse n'est guère rassurante, alors qu'il lâche un "c'est mal parti". La tension monte, et je vais m'asseoir aussi tranquillement que possible. Les derniers passagers embarquent, ils vont bientôt fermer la porte. Et puis c'est l'annonce qui tombe comme un couperet : "un passager est manquant, et il avait enregistré des bagages. Pour des raisons de sécurité, nous devons retrouver ses bagages et les débarquer". Je gémis : on va en prendre pour 20 minutes dans la vue, et j'ai des envies de meurtre ;-) ! L'avion décolle finalement avec près de 25 minutes de retard...

Au cours du vol, je demande à l'hôtesse s'il est possible d'être dans les premiers à descendre, malgré le fait que je voyage en classe économique. Après quelques tractations, me voilà propulsé au premier rang, alors que l'appareil entame sa descente sur Roissy. On atterrit, la porte s'ouvre, je me précipite vers la sortie, j'allume mon téléphone, et j'ai un message du motard de LCI qui m'attend porte 11 du Terminal F. Manque de bol, j'ai atterri au terminal D ! Le temps de retrouver son téléphone, je le rappelle, il arrive. Je saute sur la moto, il nous reste 20 minutes si on veut être dans les temps pour le créneau de l'émission, en comptant la séance de maquillage. Le ciel est clair, ça tombe bien : rouler comme un dingue sous la flotte, ça ne m'enthousiasme guère. Mais la bonne nouvelle ne dure guère. Quelques minutes après le départ, un gros orage apparaît. On s'arrête dans une station service pour enfiler chacun des vêtements de pluie. Look mi-marin-pêcheur mi-Bibendum assuré !

Mon chauffeur et sa GoldWing rouge

Mon chauffeur et sa GoldWing rouge

Nous repartons pour le studio, les dents serrées, les fesses encore plus, car il faut dire que nous aurons l'occasion de heurter les rétroviseurs contre différents véhicules à quatre reprises dans ce gigantesque bouchon de plusieurs dizaines de kilomètres. La pluie qui vient de s'abattre est torrentielle, il y a un accident sur l'autoroute. Le tunnel de Saint-Denis est inondé sur le coté droit. Le chauffeur essaye de contourner la zone inondée, mais on a quand même l'impression de traverser un gué... En GoldWing ! Le Paris-Dakar en bécane de luxe pour passer à la télé, rien ne m'aura été épargné ! Comme quoi le logiciel Libre mène à tout ! ;-)

Le temps passe, et nous sommes toujours à slalomer entre les voitures du périphérique. Une camionnette se rabat vivement, on e retrouve coincés entre elle et une voiture. Le choc est évité de justesse. Le chauffeur beugle quelques insanités, je le comprends. Je recommence à respirer. Il se retourne vers moi et lance "désolé pour mon langage !" Je souris, mais je suis à deux doigts de lui demander de regarder plutôt vers l'avant. Ah, voilà la sortie vers Boulogne, le studio est maintenant tout prêt. On arrive. La moto monte sur le trottoir, esquive les vigiles, et pile. Je descends, et je tombe sur Alexandre Zapolsky, lui aussi invité à l'émission. Il fume une clope. "Mais qu'est-ce que tu fais là ?". Il me répond goguenard "Bah on a fini l'enregistrement !" Meeeeeerde ! En fait non, il plaisantait. Pas le temps de l'étrangler pour me soulager, l'hôtesse d'accueil m'interpelle : "Monsieur Nitot ? Vous êtes attendu au studio !". Je monte l'escalier quatre à quatre, j'entre en courant dans la salle de maquillage, la maquilleuse est sur les starting-blocks. J'essaye de retrouver ma respiration. Quelques petites minutes plus tard, je suis sur le studio, l'enregistrement commence. Sous la table, mon pantalon et mes chaussures sont trempés par la pluie, et j'espère que ça ne se voit pas... La régie lance le décompte, Cédric Ingrand lance l'émission, présente Alexandre Zapolsky et enchaîne :

"Egalement sur ce plateau, l'un des plus beaux, sinon le plus beau... succès grand public du logiciel libre, Tristan Nitot, enfin, je veux dire, Firefox (...)" :-D

Heureusement, les micros n'ont pas enregistré le bruit provoqué par l'explosion simultanée de mes deux chevilles ! ;-)

En sortant de LCI

En sortant de LCI