Vous avez déjà remarqué à quel point les retours sont moins drôles que les départs ? Couché à 2h du matin sans diner pour régler des trucs en retard, je me lève à 7h30 pour partir relativement tôt. Je fais mes bagages (un peu trop rapidement), et c'est parti, juste le temps d'aller faire un tour chez le concessionnaire Harley du coin pour acheter un T-shirt souvenir marqué Malaga :-) , et puis c'est direction l'autoroute. C'est alors que je réalise que j'ai oublié de sortir de la ville par la drôle de double boucle suggérée par un lecteur ! J'enrage, mais j'ai un max de route à faire, et la météo n'est pas très encourageante. En effet, le ciel est gris, et alors que je monte vers Grenade, je passe un premier col à 780m (puerto de las pedrizas), et je sens bien que la température a chuté. J'ai ma polaire sur moi, mais les gants d'été et l'absence de la doublure amovible du blouson rendent l'ascension pénible. Le problème, c'est qu'en faisant mes bagages, j'ai oublié de mettre la doublure sur le dessus :-( . Le col suivant, à 1390m (Puerto de la Mora) achève de me décider à m'arrêter à nouveau pour ouvrir les bagages. Avec la doublure, les gants mi-saison, le foulard et les poignées chauffantes, c'est déjà beaucoup plus confortable !

Entre Grenade et Murcia

Entre Grenade et Murcia

Mais le ciel est de plus en plus bas (ou moi de plus en plus haut), et voilà, la pluie tombe, et elle ne va pas vraiment arrêter jusqu'à Javéa, où j'ai réservé un hotel. Vers la fin, alors que j'ai un peu d'avance sur l'horaire, je décide de prendre la route de la cote et voir Benidorm de plus près. Un genre de fascination morbide, j'imagine ! Bon, bah c'était une mauvaise idée. La route marquée comme pittoresque par Michelin est une catastrophe, comme je le redoutais. Ciel bas, flotte continue, les pneus Harley qui glissouillent à tout bout de champ, circulation qui n'avance pas, tout contribue à m'agacer. Voilà une journée qui ne restera pas dans les annales de ma vie de motard...

Benidorm, prototype du tourisme de masse

Benidorm, prototype du tourisme de masse

J'ai quand même pu prendre quelques photos de Benidorm depuis la plage. L'hôtel devant lequel je suis arrêté date des années 50 et doit faire 12 étages. Les palmiers m'empêchent de faire une bonne photo, et c'est dommage : des centaines de chambres identiques, avec des balcons tous équipés du même mobilier en plastique forment une matrice parfaite. Sur presque tous les balcons, un petit vieux (ou une petite vieille) lit le journal en attendant l'heure de l'apéritif. A l'unité, la scène est charmante, mais multipliée des centaines de fois, elle donne des frissons et pousse à se questionner sur l'unicité du destin de chacun, sur notre identité propre... Je remonte sur la moto, un vieux monsieur me parle espagnol et me félicite sur ma moto, je crois comprendre qu'il me dit qu'il n'en a jamais vu d'aussi belle. La barrière de la langue est dure à surmonter, mais sa gentillesse est perceptible, et nous éclatons tous deux de rire, langage universel s'il en est. Je quitte Benidorm le sourire au lèvres, j'essaye d'oublier la centaine de gratte-ciels que j'ai compter en approchant, j'oublie la troublante répétition des petits vieux attendant l'américano du soir et je vais à nouveau me faire tremper sur les routes glissantes de la région de Valence... A mon hôtel, le personnel est vraiment sympa : la dame qui partait, seule à parler anglais, reste pour m'accueillir (même s'il elle a eu du mal à trouver ma réservation). Sa collègue m'aide à porter mes bagages, et voyant ma moto, me propose de la ranger dans un box fermé sans supplément de prix. Il faut dire que le lieu à l'air particulièrement calme, la météo n'engageant guère les touristes potentiels à sortir de chez eux.