Citation de Steve Ballmer, patron de Microsoft, lors d'une table ronde à Barcelone :

I agree that no single company can create all the hardware and software, (...) Openness is central because it's the foundation of choice.

Version française par mes soins :

Je suis d'accord pour dire qu'une seule entreprise ne peut pas créer tout le matériel et toutes le logiciel (...) l'ouverture est essentielle car elle permet le choix.

Quelle mouche a piquée Steve Ballmer ? Pourquoi parle-t-il d'ouverture ? D'abord, il faut connaître le contexte, celui du GSMA Mobile World Congress, le grand show du mobile, industrie où Microsoft est totalement à la ramasse.

C'était une pierre dans le jardin d'Apple, qui fabrique le matériel (iPhone) et le logiciel qui le fait tourner. Mais en fait, le problème c'est qu'Apple permet la création d'applications pour l'iPhone (ils en font même la publicité ces jours-ci à la télévision) mais exige le contrôle absolu de ce qui peut ou ne peut pas tourner sur l'iPhone. Pour cela, ils ont mis en place un iPhone Store, contre lequel Mozilla et l'EFF se battent.

Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, le logiciel, c'est une notion qui peut être coupée en deux (au moins) : le système d'exploitation d'une part et les applications d'autre part. On pourrait même réécrire la phrase de Ballmer de la façon suivante :

Je suis d'accord pour dire qu'une seule entreprise ne peut pas créer tout le système d'exploitation et toutes les applications (...) l'ouverture est essentielle car elle permet le choix.

Bref, Microsoft a une position sensée (ici dans l'univers du mobile) quand elle n'est pas en situation de monopole. C'est rassurant... A dire vrai, c'est comme ça que j'aime Microsoft. Quand "l'ogre de Redmond" n'est pas en position de monopole ou de position dominante, il se transforme en "concurrent de Redmond", et c'est généralement bénéfique pour l'ensemble de l'industrie. Ils se mettent à innover, à jouer le jeu des standards, à écouter leurs utilisateurs. Souvenons nous, comme l'indique Daniel, que sans Microsoft, il n'y aurait pas eu de CSS ni d'Ajax dans les navigateurs. A l'époque, Microsoft jouait le jeu des standards et du W3C. Dès lors qu'ils ont été en vue du monopole, c'était foutu. Mort. Il aura fallu attendre qu'une fondation à but non lucratif secoue le cocotier et gagne 20 % du marché pour que Microsoft se sente menacé et se réveille.

Alors voilà : rajoutons encore 30 ou 40% de parts de marché à l'ensemble des navigateurs modernes (Safari / Chrome / Opera / Firefox et les autres), et on verra Microsoft se décarcasser pour implémenter HTML 5 au lieu de chipoter. Tout le Web en bénéficiera.

Donnons encore quelques dizaines de pourcent de parts de marché à Linux et Mac en terme de PC de bureau, et on verra Windows devenir correct. Regardez Vista, cet accident industriel. Il aura fallu ça pour que Microsoft se ressaisisse et sorte une beta prometteuse de Windows 7. Mais ça n'est qu'un début.

Il y a trois ans, Hugh McLeod (blogueur et dessinateur) et Steve Clayon (employé Microsoft) lançait uen campagne interne informelle, Microsoft : change the world or go home. 3 ans plus tard, rien n'a changé. Microsoft ne change pas de l'intérieur. Il faut donc le changer de l'extérieur...

Donnons une bonne raclée à Microsoft, ça nous rendra le Microsoft qui innovait et faisait avancer l'industrie, comme il y a 15 ans.

J'ai envie de retrouver ce Microsoft là. Pas vous ?