Nuages sur l'A13 au coucher du soleil

Nuages sur l'A13 au coucher du soleil

La citation du jour est de Cory Doctorow, extraite d'un article du Guardian :

The tech press is full of people who want to tell you how completely awesome life is going to be when everything moves to "the cloud" – that is, when all your important storage, processing and other needs are handled by vast, professionally managed data-centres. Here's something you won't see mentioned, though: the main attraction of the cloud to investors and entrepreneurs is the idea of making money from you, on a recurring, perpetual basis, for something you currently get for a flat rate or for free without having to give up the money or privacy that cloud companies hope to leverage into fortunes.

Traduction rapide et forcément imparfaite par mes soins :

La presse informatique est pleine de gens qui vous expliquent a quel point la vie va être belle quand tout sera "stocké dans le nuage". C'est à dire quand le stockage de toutes vos données importantes, leur traitement et votre autres besoins seront gérés par des data centers (centre serveurs) professionnels. Mais voici quelque chose qu'on ne vous dira pas, par contre : ce qui attire tous ces investisseurs et entrepreneurs c'est de gagner de l'argent (votre argent) de façon récurrente et perpétuelle. Pire, ça sera pour remplacer quelque chose que vous avez déjà pour un prix forfaitaire voire gratuit, et qui ne vous oblige pas à abandonner votre vie privée. C'est sur cette base que les entreprises qui fournissent de l'informatique "dans les nuages" espèrent faire des fortunes.

Cory espère ici provoquer le débat sur ce sujet de fond, et il a raison. Faut-il pour autant jeter le Cloud Computing aux orties ? Sûrement pas... Participant depuis toujours aux développements de navigateurs Web, je pourrais être sans réserve sur le Cloud Computing. Mais les choses sont infiniment plus nuancées que cela. Stocker ses données sur des serveurs pour y accéder depuis n'importe quel navigateur, ça a du sens. Comme en plus les applications permettent le plus souvent de collaborer ses ces documents en les partageant, on arrive à faire des choses qui n'étaient pas possibles avant. Par exemple Mozilla Bespin, éditeur collaboratif en ligne, les wikis, la bureautique en ligne façon Google Docs, etc. Pourtant, et Cory a raison de mettre le doigt là où ça fait mal, reste deux questions principales :

  1. Qu'en est-il du respect de ma vie privée ? One le sait depuis toujours, et c'est juste un peu plus clair depuis que le patron de Google l'a expliqué à un journaliste : plus une régie publicitaire en sait sur vous, plus ses publicités sont vendues chères.
  2. Ne suis-je pas en train d'entrer dans une nasse d'où je ne vais pas pouvoir sortir par la suite ? Une nasse dans laquelle je serais piégé, retenu par mes données ? Un genre d'Hotel California numérique (you can check out but you can never leave) ? Une drogue digitale ? Combien ça va me coûter de quitter le service ? Faudra-t-il que j'abandonne mes données ? (Si le service devient subitement cher, cesse d'exister, ou cesse de convenir à mes besoins, par exemple)...

Ces deux sujets, la vie privée et le coût du changement de service, vont être au coeur de l'évolution des usages informatiques dans les années à venir. Comment va-t-on pouvoir utiliser les services en ligne sans sacrifier sa vie privée ni devoir subir un coût exorbitant pour quitter un service pour un autre ? (Voir à ce sujet quelques échanges dans les commentaires de ma photo Non au minitel 2.0).

Mozilla a quelques idées sur le sujet, comme toujours... Il nous reste à les mettre en oeuvre. On en reparlera bientôt ici même !