Alors que je n'arrivais pas à dormir cette nuit, je suis tombé sur un article fascinant qui recense les pires débâcles de la décennie en terme de relations publiques. Sur les 15 recensés, beaucoup sont drôles, mais en voici trois qui sont dramatiques, et qui démontrent à quel point certaines entreprises peuvent faire preuve de cynisme :
- Philip Morris qui explique – chiffres à l'appui – que la cigarette peut faire faire des économies au gouvernement (2001). Comment ? Tout simplement parce que les gens meurent plus vite, et donc ça fait des économies de retraites (l'étude a été réalisée pour le gouvernement tchèque). D'autres études avaient été prévues, pour d'autres pays. Mais vu la réaction du public, elles ont été vite annulées.
- Les laboratoires Merck retirent le Vioxx de la circulation(2004). Ce médicament a provoqué des attaques cardiaques à des milliers de patients, (qui sont parfois mortelles, bien sûr). Il s'avérait que le laboratoire était au courant, mais avait décidé de promouvoir le médicament quand même ;
- Bridgestone et les pneus de 4x4 (2000), qui accepte enfin de les retirer de la circulation après 200 morts et 700 blessés. En effet, ces pneus avaient tendance à éclater dans certains cas. La société a nié les faits pendant deux ans.
2010, c'est dans 10 jours, et cela signifie un changement de décennie. Je pense que les désastres vont continuer, mais leur nature va changer, avec l'arrivée d'au moins deux type de mensonges d'entreprises qui pousseront les consommateurs à rejeter des grandes marques :
- Le Greenwashing (tendance à présenter comme écolo un service ou un produit alors qu'il ne l'est pas du tout) ne sera plus toléré par les utilisateurs. La prise de conscience (encore trop limitée à mon goût) du problème écologique va faire que les consommateurs ne vont plus se laisser baratiner par les marques. Aujourd'hui, la démarche écologique des marques se trouve essentiellement au niveau de la communication, plus qu'au niveau de la production. Cela n'est pas sans rappeler ces publicités anciennes qui nous feraient hurler de stupéfaction si elles étaient publiées aujourd'hui, par exemple Camel, la cigarette préférée des médecins ou "Coca pour les enfants : il n'est jamais trop tôt pour commencer" Si, elles ont existé.
- Le respect de la vie privée par les services en ligne. Aujourd'hui, on se jette à corps perdu dans les services en ligne, moteurs de recherche et les réseaux sociaux sans mesurer les dangers de ces outils en terme de vie privée. On confie nos données au Cloud sans savoir comment on va pouvoir les récupérer, les effacer, les déplacer.
Je pense que la décennie 2010-2020 va révéler les premiers scandales sur ces sujets. Si tout le monde est conscient des enjeux sur l'écologie, il va falloir encore du temps pour mieux cerner ceux sur la vie privée. Quoi qu'il en soit, nous, consommateurs, seront en première ligne en tant que victimes de ce cynisme d'entreprise. Mais ne dit-on pas qu'un consommateur averti en vaut deux ?
edm08j15 Edmonton Car Accident, Scona Road 2008 par CanadaGood, utilisé sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND.
9 réactions
1 De lili - 21/12/2009, 18:59
>> 2010, c'est dans 10 jours, et cela signifie un changement de décennie.
La prochaine décennie, c'est en 2011 (le XXIe siècle a commencé le 1er janvier 2001).
2 De v_atekor - 21/12/2009, 19:40
Y'a pas un étal de vista parmis les photos?
3 De Michaël - 21/12/2009, 20:42
Pardonnez-moi mon optimisme débordant mais, concernant les scandales pharmaceutiques du genre Vioxx, j’ai bien peur que les choses ne fassent qu’empirer dans les années à venir… Le succès total de la psychose H1N1 et les achats de milliards de vaccins expérimentaux testés directement sur les populations ne sont que le dernier exemple en date de ce dont est capable cette industrie de malheur au nom du profit maximum. Et le lobbying fonctionne tellement bien que l’Europe est sur le point d’éliminer le dernier obstacle qui pouvait encore freiner de temps en temps la machine folle, en légiférant pour tuer ce qu’il reste de pharmacovigilance (c’est-à-dire pas grand chose)…
Cela étant dit, on ne peut que se réjouir du rôle joué par Internet dans la diffusion d’informations fiables et critiques venant remettre en question les discours officiels sans le moindre bon sens (et influencés par des liens d’intérêts omniprésents). Une preuve de plus de l’importance de se mobiliser pour la liberté d’expression sur le Net et la neutralité du réseau…
4 De NickyPanther - 21/12/2009, 22:52
Quand c'est pas pour les retraites que ça économise, c'est pour les impots que cela rapporte et ce n'est pas nouveau voir ici
5 De hermes - 22/12/2009, 11:18
Bonjour,
Je rajoute quelques sujets relatifs la mystification technologique : on fait reposer de plus en plus la société sur Internet, mais :
En conclusion : gare au virtuel, il ne sera pas plus éternel que la croissance et il ne peut pas être vraiment constructif dans l'état actuel des mentalités sociaux économiques..
Dans un monde idéal rempli de gens comme Tristan, je ne dis pas....
Tout bien considéré et blogue à art, la prochaîne explosion de la bulle Internet pourrait bien emporter toute la société avec elle.
6 De Jefaispeuralafoule - 22/12/2009, 12:12
Difficile pour moi de jouer les oracles. Consommateur comme un autre, je constate avant tout qu'il y a collusion des sociétés entres elles, comme par exemple le fait qu'une seule et même entreprise gère les plats préparés trop salés, et vend à côté les médicaments pour soigner les problèmes de tension artérielle (favorisés par l'excès de sel dans l'organisme).
Parmi les exemples cités, on pourrait aussi ajouter celui de Ford avec son pick-up F150 qui, fut une époque, était une bombe à retardement à cause de son réservoir placé sous le véhicule. En cas de choc, la déformation perforait le réservoir qui aspergeait alors directement l'échappement, avec embrasement et mort potentielle des passagers. Ce n'est qu'après des années de procédure, de débats et de quantité de plaintes que Ford a accepté le changement de conception... au moment de sortir (étrange) la nouvelle génération du dit pick-up.
Sans être paranoïaque ou adepte de la théorie du complot, force est de constater que les intérêts économiques à l'échelle mondiale sont autrement plus importants que les effets sur la santé publique. "Qu'importe!" dira le gestionnaire, "ce sont les mêmes qu'on empoisonne d'abord, puis qu'on traite avec nos médicaments!". Le concept de ploutocratie omnipotente, décrite avec détail et une incroyable lucidité par Jack London dans "le talon de fer", est en cours de construction. Les états dépendent des méga entreprises, tentent de les briser en vain, et finalement fléchissent face aux bénéfices (et donc aux revenus fiscaux) de ces sociétés.
Qu'est-ce qui compte pour un mastodonte comme Nestlé? L'image de marque auprès des consommateurs. De ce fait, on use des thématiques à la mode: écologie, industrie raisonnée et j'en passe. Tous surfent sur la vague, que ce soit Areva (alors qu'ils bossent avec le nucléaire), Veolia (qui touche à tous les domaines de la consommation humaine), ou encore les industriels de l'automobile qui fourre de l'écologie partout dans leur communication de masse.
Dans quelle mesure l'économie virtuelle va influer là-dessus? Probablement à l'envers, c'est-à-dire que les dites industries s'échinent à être visibles, à utiliser les nouvelles technologies. L'exemple le plus flagrant est Areva avec sa publicité "Flash like" qui, par animation interposée, tente de créer une passerelle entre le Web et la télévision. Spectaculaire, très réussi... et excellent pour la propagande et l'image de marque. GDF ne se prive pas non plus via des publicités fourrées aux trucages "next gen", avec la larme écolo au bord de l'oeil.
Les enjeux de l'avenir sont clairs: arriver, pour ces sociétés qui nous traitent comme du bétail consumériste (que nous sommes!), à faire converger tous les médias pour en avoir le contrôle, si ce n'est même la détention. Time Warner a échoué sur ce terrain en tentant d'utiliser AOL comme point d'entrée sur la toile, mais je suis prêt à parier que d'autres s'y essaieront, et ce avec autrement plus de succès. Sachons aussi lire entre les lignes: la politique de perte de l"anonymat et de la protection de la vie privée sont "accessoires" pour ces structures qui veulent savoir ce que nous mangeons, ce que nous achetons, comment nous vivons, de sorte à pouvoir vendre au mieux, et nous faire les poches, et ce en obtenant de notre part un sourire satisfait!
J'espère sincèrement que la neutralité du Web, la réactivité du monde du libre vont permettre d'avoir un véritable contre pouvoir face à cette oligarchie économique et politique (lobbying intense et qui ne se cache plus). On ne saurait trop compter sur l'action militante pour nous épargner la récupération politique. Même Greenpeace qui, fut une époque, était un véritable acteur de l'écologie, est aujourd'hui un outil médiatique majeur pour les entreprises; Apple se fait engueuler pour la pollution? Qu'à cela ne tienne, on améliore un peu le process industriel... et on fait jouer Greenpeace pour que le classement change, et ainsi s'en vanter auprès du grand public. Greenwashing? Tout à fait. Inquiétant? Enorménent, d'autant qu'on s'appuie souvent sur cette ONG pour nous tenir au courant de l'état du monde...
7 De Jean - 22/12/2009, 12:13
Aujourd'hui, on se jette à corps perdu dans les services en ligne, moteurs de recherche et les réseaux sociaux sans mesurer les dangers de ces outils en terme de vie privée. On confie nos données au Cloud sans savoir comment on va pouvoir les récupérer, les effacer, les déplacer.
Juste une remarque : il est tellement facile - et vivement recommandable de toutes façons - de garder chez soi copie de tout ce qu'on a sur le cloud, que je m'étonne qu'aussi peu de personnes le fassent.
8 De lasselin - 22/12/2009, 13:39
Grâce à toi, j'ai appris un nouveau mot : greenwashing
Je m'était intéressé au cas des SSD qui sont présenté comme 'green' dans Les ssd pourraient sauver la planète ?
Et j'avais bien compris cette problématique sans pouvoir la nommer.
Ce soit je me coucherai moins bête. Vive le Standblog !
++
François
9 De Bonne année :-) - 22/12/2009, 16:45
Pfff... c'est toujours la même chose : jusqu'où sont prêt d'aller les gens pour faire du profit, pour faire de l'argent...
Il y en a qui se sont fixés (ou qui se fixent, une fois au pied du mur) des limites, et ils y en a d'autres qui sont prêts à tout et n'importe quoi (et qui s'approchent dangereusement du monstrueux).