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lundi 28 septembre 2020

Road trip : une idée (électrique) à la con

J’ai eu une idée à la con, laissez-moi vous l’expliquer :

J’ai été invité à intervenir prochainement à deux événements sur le numérique, Connect, au Mans, le 29/09/2020 et la Mêlée Numérique, à Toulouse, 3 jours plus tard, cela signifiait passer beaucoup de temps dans les transports, le TGV pour Le Mans, et pire, l’avion pour Toulouse (forcément). Mais moi, j’ai deux vices : le vélo et la moto. Le vélo, vu les distances, mon niveau, les bagages et le temps disponible, c’était raté. Par contre, à moto, c’était jouable, d’autant que de Toulouse, les Pyrénées sont “proches” et promettaient un superbe terrain de jeu. J’ai déjà fait ce genre de chose, d’aller à des rendez-vous lointains à moto : Malaga, Munich, Milan, Quimper, Épinal, et ça m’a laissé d’excellents souvenirs. Et puis les hasards de la vie ont fait que j’ai eu, pour d’autres sujets, le responsable France de Zero Motorcycles au téléphone, qui m’a proposé d’essayer la nouvelle Zero SR/S. Toujours prêt à dire une bêtise, je demande : « ça serait possible de l’avoir pour 15 jours ? ». Et là, contre toute attente, il répond positivement.

Et du coup la voilà :

Moto Zero Motorcycles SR/F

Pourquoi dis-je un peu plus haut que c’est une idée à la con ? Parce que je n’aime pas les sportives, mon truc c’était les customs, les néo-rétros et puis les trails, bref des machins souvent achetés d’occasion, au caractère agricole et prévus pour aller loin, longtemps et bien chargés (la moto, pas le pilote !). Et là, on me propose à peu près tout le contraire, à savoir une moto-super high-tech, sportive, avec une autonomie ridicule (de l’ordre de 160 km en conditions réelles) et juste un vide poche pour les bagages. Je vais sûrement le regretter, mais j’ai donc accepté. Je m’en mords déjà les doigts !

Mercredi, j’ai rendez-vous avec François, mon contact chez Zero Motorcycles, à Dijon. J’arrive en TGV avec mon casque sous le bras, et lui en camionnette avec la SR/S à l’arrière. Nous sortons de l’agglomération avant de s’arrêter sur un parking, à Sombernon, pour mon premier contact avec la moto.

Elle est belle, racée, d’un joli gris vernis sur le carénage. Éclairage à LED, écran numérique, connexion Bluetooth, c’est très moderne et ça change de mes habitudes (Suzuki V-Strom).

François a eu la bonne idée de mettre des sacoches Shad dessus, ce qui va m’aider pour transporter mes affaires, dont les deux câbles de recharge (un type 2 pour la charge rapide et un câble pour prise domestique pour la charge pendant la nuit). Le modèle est dit “Premium” car possédant quelques options, dont les poignées chauffantes et un chargeur 6 KW au lieux de 3 sur le modèle standard charge rapide (je reviendrais sur le sujet), avec en prime l’option charge rapide (12 kW).

Alors, on roule ?

La moto descend de la camionnette, j’enfile mon casque et je l’enfourche. Quelques explication d’usage de la part de François avant de partir :

  • Pas d’embrayage, pas de boite de vitesse, donc pas de sélecteur
  • Un tour de clé, on relève la béquille latérale, on vérifie le coupe-contact, le petit voyant est au vert, il suffit de tourner la poignée de gaz et la moto avance !
  • Les modes moteur sont multiples : Rain / Sport / Street / Éco / Personnalisé, on va commencer par Street.
  • Les commodos sont assez simples d’utilisation pour commander le tableau de bord.
  • Quand et comment recharger la moto (je reviendrais sur ce sujet).

Oui bon d’accord, mais on roule ou pas ?

Oui, oui, ça vient, j’ai juste un peu d’appréhension, malgré 30 ans de moto derrière moi. Ça me le fait à chaque fois que je monte sur une nouvelle moto où je n’ai pas mes habitudes, d’autant plus quand elle est chère (celle-ci dépasse les 25 000 € !) et différente de ce que j’utilise habituellement (surtout des trails en ce moment).

En fait, ça va. Les jambes sont un peu repliées pour mon mètre 85, mais je ne suis pas trop penché en avant, moins que ce que je redoutais, et ça me rassure.

Tristan sur la Zero SR/S

Je commence à doucement tourner la poignée, la moto avance lentement, je trouver la sortie du parking et hop, direction Paris par les départementales. Le pare-brise ne protège que le corps mais pas le casque, et donc les moucherons commencent à s’accumuler sur la visière. Plusieurs choses surprennent à bord. D’abord l’absence d’embrayage et de sélecteur, que je tenterais d’utiliser en vain à plusieurs reprises. Ensuite, le bruit, beaucoup plus faible que celui d’une moto thermique. On entend bien des sifflements, la courroie, le moteur, et bien sûr le vent, mais c’est vraiment une expérience zen. C’est génial !

Cela dit, la zenitude s’arrête brusquement quand on tourne un peu plus la poignée, et laisse la place au serrage de fesses. C’est très variable en fonction du mode moteur, mais à part le mode pluie, c’est juste monstrueux ! Le moteur a une capacité d’accélération hallucinante. Pour ceux qui s’intéressent à la valeur de couple : 19 m.kg, à comparer avec les 10 m.kg d’un moteur thermique de 1000 cc. Vous avez bien lu, cette moto a une patate digne d’un moteur de 2 L, du même ordre de grandeur qu’une Triumph Rocket III, qui pèse 140 kg de plus…

On en viendrait presque à oublier que la moto est très confortable : pas de turbulences dans le casque, pourtant très exposé, un excellent confort de suspension et une position pas trop penchée qui va permettre de rouler longtemps. Ça tombe bien parce que vu comment la jauge d’autonomie a tendance à chuter, ça incite à rouler aux vitesses légales. En effet, plus on roule vite, plus ça consomme, et ce, de façon exponentielle[1] !

Mais pourquoi tu t’arrêtes ?

Le souci, c’est que même avec mes habitudes d’éco-conduite, l’autonomie est réduite, de l’ordre de 160 km en roulant sur des départementales à vitesse légale (90 km/h en Côte d’Or). Je cherche une station de charge sur l’indispensable application ChargeMap, je trouve un Leclerc[2] tout proche, à Tonnerre, et la charge se passe à la perfection : toutes les places sont libres, ma carte de charge est tout de suite reconnue, les prises sont compatibles, et j’arrive donc à charger à 12 kW. 40 minutes plus tard, juste le temps de faire un tour sur Twitter et de passer un coup de lingette nettoyante et on repart !

Une borne de recharge de véhicule électrique

Je repars, la conscience tranquille, la jauge affiche 100 % de charge, et j’apprécie le moment à moto. Un temps correct, une moto haut de gamme, puissante, confortable et silencieuse, c’est vraiment plaisant. 110 km plus tard, je m’arrête à Donnemarie-Dontilly, près de Montereau-Fault-Yonne. Je trouve la borne, mais elle n’accepte de charger qu’à la moitié de la vitesse de charge nominale. Du coup ça va mettre deux fois plus de temps, on passe à une heure et demi ! Je me promène, je mange une pizza à un kiosque tout proche. La nuit tombe et la pluie, la vraie arrive. Heureusement, j’ai tout prévu : j’enfile mes surbottes, je sors mon pantalon de pluie de sa pochette et c’est là que je réalise… que j’ai pris par erreur une surveste de pluie à la place ! Grand éclat de rire devant mon erreur, je vais me faire tremper, c’est sûr !

La station service à coté de la borne, juste avant la pluie

La station service à coté de la borne, juste avant la pluie

Effectivement, quelque minutes plus tard, c’est la tempête. Je suis presque face au vent, et du coup l’autonomie baisse beaucoup plus vite que prévu ! Je prends des trombes d’eau sur le coin de la figure, les brindilles sont arrachées des arbres par le vent, du coup je ralentis pour limiter les risques. Malgré les bourrasques, la moto tient bien son cap, mais je ne suis pas du tout rassuré. Dans ces conditions, l’autoroute me semble plus sûre, mais c’est quand même compliqué : la visibilité est très limitée, je me fais parfois doubler par les camions. Une certitude : le scooter des mers sur autoroute, même électrique, c’est nul.

J’essaye de faire un coup de charge vers Corbeil-Essonnes, mais la borne que j’avais repéré sur ChargeMap est fermée la nuit alors que l’application indique qu’elle est disponible 24/7. Trempé jusqu’aux os, j’enrage avec mes 30 % de batterie restante. Je reprends l’autoroute, mais vers Longjumeau, le vent est plutôt en ma faveur et mon autonomie descend beaucoup moins vite. J’arriverais à la maison après 7 h de route, trempé mais heureux comme un gamin qui a fait une bêtise et qui s’en est sorti à bon compte.

Dans les jours qui ont suivi, j’ai tenté de recharger la moto (ça n’est pas possible dans mon parking) avec beaucoup de difficultés, avant de finalement trouver une borne à Issy les Moulineaux qui a fonctionné au troisième essai, en payant avec ma CB au lieu des cartes de charge que j’avais. Ça augure mal de la suite !

Hâtons nous lentement vers l’Ouest puis le Sud

Bon, c’est pas tout ça, mais nous sommes lundi et je dois être ce soir au Mans pour la conférence de demain ! Je compte y aller par les petites routes ce matin dès que la pluie s’arrête. Et après, Toulouse pour la Mêlée Numérique et peut-être, si ça se passe bien, les Pyrénées ! les Pyrénées, ça devrait bien se passer :-(

Souhaitez-moi bonne chance, parce qu’entre l’autonomie réduite, la météo pourrie et les stations de charge rétives, ça risque d’être long !

(Ce billet fait partie d’une série suite à un long road trip de plus de 2500 km sur une moto électrique Zero Motorcycles prêtée par la marque. Voici un récapitulatif des articles : )

  1. Road trip : une idée (électrique) à la con
  2. Road trip électrique : l’itinéraire (partie 1 sur 2)
  3. Road trip Electrique : l’itinéraire (partie 2 sur 2)
  4. Savoir éco-conduire pour économiser de l’énergie
  5. Quelles applications pour voyager loin avec une moto électrique ?
  6. Road Trip à moto électrique Zero SR/S : mes réponses à vos questions

Notes

[1] C’est ce qui me fait dire que la mesure la plus écolo du quinquennat d’Emmanuel Macron est la limitation à 80 km/h, qui a pourtant été très mal reçue (et imposée par Édouard Philippe personnellement).

[2] L’épicier, pas le char ni le héros de guerre…

lundi 10 septembre 2018

En vrac du lundi

photo de compteur de moto indiquant un voyage de 538,8km

538,8km sur ma vieille moto V-Strom 650 avec un seul plein (réservoir de 22L), merci l’éco-conduite : 4,08 L/100 km !

mardi 12 juin 2018

En vrac de chez Qwant

Voici mon premier billet #EnVrac depuis ma récente arrivée chez Qwant.

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