Standblog - Mot-clé - gratuiteTristan Nitot sur la technologie, l'Internet et les libertés numériques2024-03-19T18:09:38+01:00Tristan Nitoturn:md5:82ecb6a121c45d09243dc58cde2a1c14DotclearDe l'irrésistible attrait de la gratuitéurn:md5:8f95a86b6016d11e6f6a68d4ae5162152015-09-29T15:39:00+02:002015-09-29T15:47:16+02:00TristanTechnologiegratuite <p><a href="https://www.flickr.com/photos/nitot/21622439490/in/dateposted-public/"><img alt="" src="https://c1.staticflickr.com/1/703/21622439490_86ec41b5e0.jpg" /></a></p><p>J’aborde souvent le problème de la gratuité et de son irrésistible attrait pour les utilisateurs de produits technologiques, ce qui permet l’échange de services <abbr title="Software as as Service">SaaS</abbr> apparemment gratuits contre des données personnelles.</p><p>Dan Ariely, professeur de psychologie et d’économie comportementale a publié un livre étonnant, <em><a hreflang="fr" href="http://www.amazon.fr/Cest-vraiment-moi-qui-d%C3%A9cide/dp/2081285754/">C’est (vraiment) moi qui décide</a></em> (en anglais <em><a href="http://www.amazon.fr/Predictably-Irrational-Decisions-Expanded-Paperback/dp/B004SSZRAS/">Predictably Irrational: The Hidden Forces That Shape Our Decisions</a></em>). Dans ce livre, un chapitre porte sur le sujet de la gratuité. Il s’intitule très justement « rien n’est gratuit » et son élément central est l’expérience décrite dans l’extrait ci-dessous. Elle explique beaucoup de choses sur l’attrait de la gratuité.</p><blockquote><p>Au dessus de notre étal, une grande pancarte annonçais : « Un chocolat par personne. ». Les clients attirés par cette offre découvraient, en s’approchant, les chocolats proposés, ainsi que leurs prix. Pour les profanes : Lindt est une marque suisse qui sélectionne les meilleurs cacaos pour ses chocolats depuis 160 ans. À l’unité, leurs délicieuses truffes coûtent environ 30 cts, quand on les achète en gros. Quant aux Kiss de Hershey, il s’agit d’honnêtes chocolats, tout ce qu’il y a d’ordinaire. Il s’en produit 80 millions par jour.</p><p>Que s’est-il passé quand les clients sont venus se masser devant notre stand ? Avec la truffe Lindt à 15 cts et le Kiss à 1 centime, la rationalité l’a emporté : comparant le rapport qualité/prix des deux chocolats, environ 73 % des clients ont choisi la truffe, et 27 % le Kiss.</p><p>Étape n°2 : introduction de la gratuité. Nous avons donc proposé la truffe à 14 cts, et le Kiss gratuit. Le prix de chaque chocolat n’avait diminué que d’un centime. Cela aurait-il la moindre influence ? Et comment ! Le modeste Kiss - gratuit - séduisit par moins de 69 % des clients (contre 27 % précédemment). Dans le même temps, la truffe Lindt vit sa popularité s’effondrer, passant de 73 à 31 % d’aficionados.</p><p>Analysons la situation. (…) Là où le bât blesse, c’est quand le produit gratuit entre en concurrence avec un autre. Par se seule présence, il nous conduit à prendre une mauvaise décision. (…)</p><p>À lui seul, le mot « gratuit » déclenche en nous une réaction émotionnelle si forte que nous affectons à l’article concerné davantage de valeur qu’il n’en a. Pour quelle raison ? À mon sens, c’est parce que l’être humain a une peur intrinsèque de la perte. Et que le charme réel de la gratuité est lié à cette crainte. En choisissant un produit gratuit, on n’a visiblement <em>rien</em> à perdre. En revanche, si l’on s’intéresse à un article payant, alors là, oui, on risque de prendre une mauvaise décision - et de se retrouver perdant. Par conséquent, face à un choix, on préfèrera le produit gratuit.</p><p>On comprend donc que, en matière de prix, le zéro n’est pas un chiffre comme les autres (…) rien n’est plus puissant que la charge émotionnelle de la gratuité.</p></blockquote>A propos de gratuité (bis)urn:md5:950e5e9fba5918cfb0da933c80efc3d52009-06-04T18:13:00+02:002014-02-18T18:59:02+01:00TristanVieux trucsallegreeconomiegratuitepolitique <p>J'ai vraiment eu du mal avec le récent édito de Claude Allègre paru dans Le Point et intitulé <a href="http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/2009-05-28/non-a-la-commercialisation-du-gratuit/989/0/347301" hreflang="fr">Non à la commercialisation du gratuit</a>. J'ai eu envie de faire une réponse, mais je sais au fond de moi que réagir à chaque fois qu'un internaute publie une connerie n'est pas la meilleure façon de prendre soin de mon hygiène mentale <img src="/dotclear2/themes/default/smilies/smile.png" alt=":-)" class="smiley" /> (notez l'euphémisme).</p>
<p>Mais <a href="http://fr.wiktionary.org/wiki/%C3%A0_quelque_chose_malheur_est_bon" hreflang="fr">à quelque chose malheur est bon</a> dit le dicton, et me voilà à écrire un billet sur la gratuité, sujet qui me trotte dans la tête depuis bien longtemps. Tellement longtemps que je l'ai déjà écrit en 2006 : <a href="http://standblog.org/blog/post/2006/06/29/93114842-a-propos-de-la-gratuite" hreflang="fr">A propos de la gratuité</a> ! Je vous recommande de le lire avant que je ne continue sur le même thème. En substance, il y a différentes sortes de gratuité, par exemple la gratuité du <a href="http://standblog.org/blog/post/2008/09/30/L-economie-des-biens-materiels" hreflang="fr">bien matériel</a> par opposition à la <a href="http://standblog.org/blog/post/2008/10/23/L-economie-des-idees" hreflang="fr">gratuité de l'idée</a>. Et puis il y a aussi la <strong>motivation</strong> de celui qui utilise la gratuité. Est-ce une entreprise qui a vocation à gagner de l'argent, ou est-ce une organisation (association, fondation) à but non lucratif, ou est-ce juste un individu qui est purement dans une logique de don ? Pour rendre les choses plus complexes encore, on a le cas des journaux gratuits, qui sont un support matériel pour une information.</p>
<p>On se retrouve dans une matrice comme ceci (avec beaucoup d'approximations, merci d'utiliser les commentaires pour remplir les cases) :</p>
<table border="1" summary="">
<caption>Matrice gratuité</caption>
<thead>
<tr>
<th> </th>
<th>But lucratif</th>
<th>Non-lucratif pérenne</th>
<th>Don pur</th>
</tr>
</thead>
<tbody>
<tr>
<th scope="row">Bien ou service matériel</th>
<td>Objets publicitaires</td>
<td>Humanitaire/Educ.</td>
<td>Cadeaux</td>
</tr>
<tr>
<th scope="row">Mix information / matériel</th>
<td>Journaux gratuits</td>
<td> </td>
<td>iPod plein en cadeau</td>
</tr>
<tr>
<th scope="row">Idée, information, logiciel</th>
<td>Freeware & Open-Source, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Freemium">freemium</a>, shareware</td>
<td>Mozilla</td>
<td>Free Software, blogs non commerciaux</td>
</tr>
</tbody>
</table>
<p>Quoi qu'il en soit, on a à faire à plusieurs types de gratuités.
Si c'est à but lucratif (comme c'est souvent le cas), il est essentiel de se demander <a href="http://standblog.org/blog/post/2006/06/29/93114842-a-propos-de-la-gratuite" hreflang="fr">comment est financé l'entreprise</a> :</p>
<ol>
<li>Est-ce qu'elle est financée par la publicité (en échange de <a href="http://standblog.org/blog/post/2004/07/13/93113579-tf1-et-le-sens-de-la-vie" hreflang="fr">mon temps de cerveau disponible</a> ?)</li>
<li>Par l'utilisation de mes données personnelles qui seront revendues ?</li>
<li>Par le <em>lock-in</em> qui va me pousser à acheter des services complémentaires à ceux qui sont gratuits ?</li>
</ol>
<p>Je crois qu'il reste bien des choses à dire sur la gratuité, mais je vais m'arrêter pour l'instant. Si vous avez des idées pour affiner la matrice ci-dessus (elle en a bien besoin), laissez un commentaire !</p>
<p>PS : <del>mon tableau est une horreur intégrale, mais je manque de temps pour en faire une version avec l'élément <table> (que j'ai tendance à détester, même si son utilisation est ici justifiée)</del>. Mis à jour avec un vrai tableau, merci à ceux qui m'ont donné un coup de main, c'est beaucoup mieux !
PPS : ne pas prendre ce billet comme un jugement de valeur en faveur du don et contre l'économie de marché, merci. (de même que je ne suis pas contre le monde réel ! <img src="/dotclear2/themes/default/smilies/wink.png" alt=";-)" class="smiley" /> )</p>