Voilà, la COP26 s’est terminée, et l’ambiance n’est pas au beau fixe. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi aussi clairement et rapidement que possible en réutilisant des graphiques issus d’un article en anglais traduit par mes soins : Sur quelle trajectoire (de réchauffement) sommes-nous ?. Autrement dit :

De combien va se réchauffer la planète d’ici à la fin du siècle ?

En fait, ça dépend de combien de gaz à effet de serre on émet collectivement. Restez avec moi, c’est moins compliqué qu’il n’y paraît !

C’est quoi un gaz à effet de serre ?

Petit rappel : le changement climatique existe parce que l’humain, en se développant, émet de plus en plus de gaz à effet de serre (GES), ce qui provoque une augmentation de la température moyenne sur la Terre. Pour mesurer cette augmentation, on a pris la moyenne des températures de la Terre entre 1850 et 1900, et depuis on compare combien de degrés on a gagné depuis cette période, dite « pré-industrielle ».

Il y a trois grands gaz à effet de serre qui sont émis, et pour simplifier les calculs d’émissions de gaz à effet de serre, on les rassemble sous la notion d‘équivalent CO2 ou eCO2[1] .

Un réchauffement très dangereux pour l’humain

Pour faire simple, on sait depuis longtemps (depuis le XIXe S.[2]) que plus on émet de gaz à effet de serre, plus on provoque le réchauffement.

C’est ce que montre le graphique ci-dessous :

Émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre si on ne fait rien pour les réduire

En abscisse (l’axe des X, horizontal), c’est le temps, de 1990 à 2100.

En ordonnée (l’axe des Y, vertical), ce sont les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans le monde. Elles sont exprimées en gigatonnes (milliards de tonnes) d’équivalent CO2.

En gris sur le graphique, on voit ce qui a été produit chaque année depuis 1990 (environ 40 gigatonnes) à 2020 (environ 50 gigatonnes). C’est à peu près stable depuis 2010, ce qui est une excellente nouvelle : le problème des gaz à effet de serre cesse d’augmenter !

La zone couleur vieux rose, c’est les émissions possibles si on avait pas de politique mise en place pour les réduire : on aurait continué sur notre lancée. Comme c’est une projection (on parle du futur, là), on a une forme (à peu près) triangulaire, car il y a plusieurs scénarios. Et plus on parle du futur, plus la fourchette s’élargit. Dans les hypothèses pessimistes, on approcherait des 180 gigatonnes (Gt) par an en 2100, et dans le plus optimistes, plutôt vers les 80 Gt.

Et ça donne combien en terme de réchauffement ?

Franchement, ça serait catastrophique : + 4,1°C à +4,8°C par rapport à la moyenne de 1850 à 1900. Juste pour vous donner un ordre de grandeur : nous sommes actuellement à un réchauffement de 1,1°C, et on voit déjà les impacts du changements climatiques. Rien que cet été, méga-feux au Canada et en Californie, inondations en Belgique, en Allemagne et en Chine, famine à Madagascar, etc.

Il faut garder à l’esprit que ces chiffres sont une moyenne, et que l’impact serait désastreux en terme de santé, d’alimentation, d’alimentation en eau, de migrations (des tas d’endroits seraient inhabitables) et donc beaucoup de conflits armés. Vraiment pas un monde qu’on pourrait souhaiter pour nos enfants.

Mais heureusement les gouvernements ont mis en place des règlements !

Effectivement, un certain nombre de règlements ont été mis en place dans les différents pays du monde pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple des malus sur les voitures qui en émettent beaucoup, ce qui dissuade (parfois) les gens d’en acheter. Ou des aides pour isoler son logement, etc. Cela fait de l’effet, c’est pour cela que depuis 10 ans les émissions plafonnent autour des 50 Gt. Et c’est bien !

 Émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre si on respecte les décisions politiques prises

Enfin, il ne faut pas être trop optimiste non plus : même si ces émissions restent à peu près stables comme l’indique la courbe orangée, on arrive à une augmentation de la température mondiale moyenne de +2,7°C à +3,1°C. Là encore, c’est monstrueux et la planète ne sera toujours pas un endroit qu’on peut souhaitez pour nos enfants.

Il faut donc faire mieux.

Mais heureusement, les gouvernements ont pris des engagements pour le futur !

Oui, et c’est une excellente nouvelle ! C’est dans les différentes COP que sont discutés et âprement négociés les nouveaux engagements des gouvernements. Par exemple, une quarantaine d’Etats ont annoncé, jeudi, abandonner le charbon pour produire leur électricité, d’ici à 2040 au plus tard.

Bon, le souci, c’est que ce sont des promesses qui sont faites, par exemple celle de réduire ceci ou cela d’ici 10, 20 ou 30 ans. Et on le sait, « il y a loin de la coupe aux lèvres » comme disait ma grand-mère, ou « un tient vaut mieux que tu l’auras ». Comprendre : certaines promesses n’engagent que ceux qui y croient, elles ne sont pas toujours tenues…

Mais bon, imaginons ce que ça donnerait si tous les pays tenaient leurs engagements ? C’est le trait bleu canard sur le graphe :

Émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre si on respecte les engagements futurs

Une belle réduction des gaz à effet de serre, divisés par 2 d’ici 2100 !

Mais ça ne suffira pas !

Eh non, ça ne suffira pas, et de loin ! Puisque ça donnerait, toujours d’après les scientifiques, un réchauffement de l’ordre de 2,4°C, beaucoup plus important que ce qu’on peut se permettre.

Au passage, notons que ce graphique ne tient pas encore compte des engagements de la COP26 qui vient tout juste de se terminer. Il sera mis à jour prochainement, mais ne vous attendez pas à un miracle non plus.

L’accord de Paris : vise un réchauffement « largement en dessous de 2°C, idéalement 1,5°C »

En effet, l’accord de Paris, qui était historique et date déjà d’il y a 6 ans, en 2015, vise un réchauffement « largement en dessous des 2°C », car, d’après les scientifiques, le réchauffement maximum raisonnable est de 1,5°C.

Émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre si on veut se limiter à 1,5°C

Bref, oui, on a déjà fait des progrès très significatifs, mais nous sommes encore loin du compte. Il va falloir changer beaucoup de choses. Comme le disait le communiqué de presse du GIEC le 8 octobre 2018 (format PDF) :

Limiter le changement climatique à 1,5°C nécessitera des changements rapides, profonds et sans précédents dans tous les aspects de la société.

Ce sont ces changements que j’essaye de comprendre, documenter et raconter ici sur le Standblog et dans mon podcast l’Octet Vert.

Pour finir, je vous mets l’image avec la légende complète pour la diffuser si vous le souhaitez :

Émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre si on vise 1,5°C de réchauffement

Source : What trajectory is the world currently on?, partagée sous licence Creative Commons CC-BY Hannah Ritchie et Mex Roser, traduction par Tristan Nitot.

Notes

[1] Le CO2, aussi appelé dioxyde de carbone, le CH4, aussi appelé méthane et enfin le N2O, aussi appelé protoxyde d’azote.

[2] Merci à Laurent Besson pour la correction ! J’avais initialement écris « depuis les années 1970 »…