Il reste ma passion pour le Web. Rien que ça. Jusqu'à présent, on pouvais s'en douter. On aurait pu croire, à la vue d'OpenWeb, que je me passionnais pour la technique des standards. C'eût été très réducteur. Oui, l'ingénieur au fond de moi se réjouit d'avoir du contenu structuré et une base technique solide pour l'interopérabilité entre contenu et navigateurs. Le professionnel apprécie d'avoir un environnement technique clairement défini, et un travail simplifié via la séparation structure/présentation. Le futur vieil homme que je suis se préoccupe d'accessibilité de façon assez égoïste. Passionné par le Web, que ferais-je quand ma vue aura baissé et que j'aurais du mal à taper sur un clavier ou à tenir une souris ? L'altruiste que je suis un peu aussi a sa part de responsabilité dans mon intérêt pour la chose, ainsi que mon historique familial. Mais me vautrer dans la technique ne me contente guère, et l'avenir du Web (car c'est bien de cela qu'il s'agit) ne dépend pas que du contenu valide et accessible. Pour expliquer cela, revenons à la vision originelle du Web, telle qu'exprimée par Tim Berners-Lee : un moyen de communication ouvert à tous, qui permette de s'affranchir des protocoles et formats propriétaires. Le respect des standards et l'accessibilité règle le problème du contenu, mais pas celui de l'outil client nécessaire à visualiser ce contenu. C'est là qu'interviennent Mozilla (le produit) et Mozilla Europe (la structure). On peut en fait lire à travers mes activités sur OpenWeb et Mozilla Europe, un genre de plan en filigrane. Pour un Web ouvert, il faut des standards ouverts et (au moins) un navigateur libre (et multi plate-forme). C'est ce que j'ai pu expliquer lors du Freeedem, où j'ai eu le plaisir de faire une présentation sur Mozilla, les standards et l'accessibilité (format OpenOffice.org, visualisateur gratuit disponible ici ;-).

Voilà donc la raison pour laquelle j'investis de mon temps dans OpenWeb et Mozilla : j'ai une passion pour le Web. Pas seulement pour la technologie Web, mais surtout pour les usages qu'il est possible d'en faire. Communiquer, c'est partager le savoir. Et, traitez-moi de doux réveur si ça vous chante, l'éducation est sûrement la plus prometteuse des pistes pour une évolution positivie de l'humanité. Pour les mal comprenants, je détaille avec un peu moins de fioritures : avec Internet, on aide les gens à s'éduquer, à communiquer, se comprendre, et j'ai bon espoir que ça les rende moins cons, donc plus supportables !

Mais disposer de contenu interopérable et un navigateur libre et multi plate-forme ne suffit pas. Réflechissons à ce qu'il manque :

  • Un outil pour produire le contenu intéropérable (donc conforme aux standards). D'ores et déjà, Composer et Nvu sont un bon élément de réponse. On pourrait me rétorquer qu'un simple éditeur de texte peut suffir à produire du contenu valide. Je le sais déjà, d'autant mieux que c'est ce que j'utilise. Mais tout le monde n'a pas la fibre pour ce genre d'outil. On peut aussi penser à des bibliothèques comme Wiki2XHTML ou WikiRenderer, associées à des outils de publication comme DotClear.
  • Un espace non-commercial de publication. Oui, les hébergeurs bon marché sont indispensables. C'est pour cela que la LEN est, dans l'état actuel des choses, une catastrophe. Il faut des hébergeurs associatifs (comme Apinc, Ouvaton, TuxFamily), des hébergeurs bon marché commerciaux comme le font actuellement les FAI (Free, par exemple) etd'autres.
  • Un outil de recherche efficace et à l'abri des manipulations. Google est certes efficace, et revendique une éthique. Mais rien ne garantit la durabilité de cette éthique. Encore moins quand l'éthique en question limite la vocation première de l'entreprise : rapporter un maximum d'argent aux actionnaires en garantissant son avenir. Imaginons un instant la puissance d'un moteur de recherche monopolistique. C'est lui qui choisirait ce que voient les utilisateurs. Certes, on pourrait toujours exprimer ce qu'on veut sur le Web, mais personne ou presque ne le verrait. Google est honnete, mais pour combien de temps ?

Ces trois sujets sont fondamentalement complémentaires aux respect des standards et à la disponibilité d'un bon navigateur Libre. C'est dire la responsabilité qui pèse sur les épaules de Daniel et de Google. C'est dire aussi qu'il est important, à terme, de disposer de moteurs de recherche Libres. C'est rassurant de voir que des gens comme Dave Winer (avec qui je ne suis pas toujours d'accord, loin s'en faut) et Tim O'Reilly sont sur la même longueur d'onde... C'est aussi pour cela que dans Mozilla et Firefox, on a le choix du moteur de recherche : a quoi sert de savoir lire et d'avoir les lunettes ad-hoc si quelqu'un décide pour vous des livres auxquels vous avez accès ou restreint l'utilisation du papier à quelques privilégiés ?