Empreintes annuelles du Bitcoin, avr. 2021

Voilà deux questions que je me posais depuis quelque temps : quelle est la consommation d’énergie électrique de la fameuse cryptomonnaie bitcoin ?[1] Cette dernière est-il écolo ?

La réponse apportée est un NON retentissant, et voici la preuve en quelques chiffres :

  • 48 millions de tonnes de CO2 émis par an, comparable aux émissions de la Norvège ;
  • Plus de 100 TeraWatts heure, comparable à la consommation électrique annuelle du Kazakhstan ;
  • Plus de 11 000 tonnes de déchets électronique soit autant que le Luxembourg chaque année.

Et quelle est l’empreinte d‘une seule transaction Bitcoin ?

  • 445 kg de CO2, soit près d’un million de transactions VISA, ou 74 000 heures de Youtube ;
  • 937 kWh d’électricité, soit 2,4 mois d’électricité d’un foyer français ;
    • autrement dit, 5 transactions Bitcoin sont égales à la consommation en électricité d’un foyer français en un an ;
  • Plus de 100 g de déchets électroniques. PAR TRANSACTION !

On peut se demander comment se compare l’Ethereum. C’est 12 fois moins, mais c’est encore énorme.[2]

Bref, la prochaine fois qu’un geek vous jure qu’il est super écolo la main sur le cœur, demandez-lui s’il mine du Bitcoin. Et s’il répond positivement, rappelez-vous que c’est comme si un mec en train de manger une cote de bœuf vous jurait — la bouche pleine — qu’il est végan.

Pourquoi le Bitcoin pollue-t-il autant ?

On reportera à cet article publié sur le site Eco-Info du CNRS, Consommation énergétique des technologies blockchain pour comprendre comment, structurellement, le Bitcoin est polluant. En voici un extrait, l’emphase est de mon fait :

“la sécurité (du Bitcoin) repose sur (…) son algorithme de consensus, la preuve de travail où, pour valider un bloc, les différents validateurs sont en compétition pour résoudre un problème cryptographique dont la difficulté est ajustée automatiquement pour qu’en moyenne, un bloc soit validé toutes les 10 min.

Autrement dit, on fait tourner des ordinateur surpuissants pour une compétition autour d’un calcul mathématique, pour déterminer qui va remporter les bitcoins. C’est en cela que la monnaie des banques est infiniment plus économique, car lui n’a pas à résoudre un tel problème pour montrer sa légitimité[3].

Notes

[1] Il ne faut surtout pas confondre la crypto-monnaie bitcoin — qui est un désastre écologique — avec la technologie blockchain, ni avec les autres crypto-monnaies, lesquelles peuvent être moins énergivores car pas basées sur la “preuve de travail” du bitcoin. Voir cette explication sur le site du CNRS

[2] On notera que l’Ethereum envisage de quitter l’approche proof of Work (preuve de travail) — qui provoque cette consommation délirante d’énergie — pour passer à la proof of stake (preuve d’enjeu). Ce changement serait pour bientôt et permettrait de diviser la facture énergétique par au moins 100, mais les mineurs qui ont investi dans la preuve de travail veulent bloquer le processus, preuve de leur totale absence d’éthique. Comme de nombreux pétroliers, gaziers, industriels de l’automobile et de l’aviation, ces gens prefèrent avoir du sang sur les mains et envoyer l’humanité dans le mur plutôt que de changer de business model !

[3] Cela n’empêche pas les banques de polluer par leur financement des énergies fossiles par ailleurs. cf le rapport Banking on Climate Chaos.