Lever de soleil façon apocalypse : rouge avec un panache de fumée sur la ville

C’est un sujet dont parle assez peu, mais qui est essentiel. On entend plus les injonctions classiques façon « il faut faire quelques chose », avec son chapelet d’exigences parfois justes comme « limitez l’avion, la voiture et la viande » ou fantaisistes comme « pensez à effacer vos mails et faites pipi sous la douche ».

Reste qu’on a du mal à comprendre pourquoi il faut le faire. Le changement climatique a déjà des conséquences concrètes (comme fait que la grande majorité des années les plus chaudes sont arrivées ces deux dernières décennies) mais trop peu compréhensibles pour le citoyen lambda.

Une récente interview du climatologue Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l’Université catholique de Louvain et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est de ce point de vue très intéressante, même si elle est porteuse de mauvaises nouvelles. En voici un court extrait :

Des zones de la Terre seront-elles bientôt inhabitables ?

Le dérèglement climatique se traduit par une hausse de la température mais aussi de l’humidité – sous l’effet notamment de l’évaporation des océans. Cette combinaison met les organismes vivants sous pression, car notre transpiration, qui nous permet de nous réguler, a du mal à s’évaporer. Si l’humidité est par exemple de 55 %, une température de 45 °C peut être mortelle pour les humains en bonne santé en quelques heures.

Avec 70 % d’humidité, une température de 35 °C est déjà considérée comme extrêmement dangereuse. Dans les bassins du Gange et de l’Indus, où vit un cinquième de la population mondiale, 15 % des habitants connaissent aujourd’hui régulièrement ces conditions de vie dangereuses. Cette proportion augmenterait à 75 % d’ici à la fin du siècle dans un scénario d’émissions très élevées.

Le travail et la vie dehors vont devenir insupportables dans des régions de plus en plus vastes et une part de plus en plus grande de la planète sera inhabitable. Les animaux et les végétaux souffriront aussi énormément, ce qui affectera la production agricole. Si l’on n’arrête pas cette machine infernale, des centaines de millions de gens devront fuir leurs terres pour survivre. Les plus vulnérables, souvent les plus pauvres, seront les plus touchés mais les autres ne seront pas indéfiniment à l’abri.

A la fin du siècle, dans un scénario d’inaction contre le dérèglement climatique, près des deux tiers de la population européenne pourraient être affectés chaque année par des événements climatiques extrêmes, contre 5 % sur la période de référence 1981-2010. Le nombre moyen de décès annuels dus à des extrêmes climatiques en Europe pourrait passer de 3 000 aujourd’hui à environ 100 000 au milieu du siècle et 150 000$ vers 2100, principalement à cause des vagues de chaleur.

Je récapitule :

  • des zones importantes de pays pauvres vont devenir inhabitables ;
  • Les rendements de production agricole vont baisser, ce qui va dire qu’on va avoir des famines ;
  • On va donc avoir des déplacements massifs de population ;
  • On risque donc d’avoir des conflits armés pour lutter contre la migration, le contrôle des fleuves (pour l’irrigation) ;
  • Même sans cela, en Europe, le nombre de morts à cause de canicules vont être multipliés par 30 en 2050 (100 000 morts) et par 50 en 2100 (150 000 morts).

Pour comprendre comment ou pourrait en arriver là, pour saisir le fonctionnement du changement climatique et en avoir une vue d’ensemble, je vous recommande vivement de faire un atelier fresque du climat, qui repose sur les travaux du GIEC.

Ensuite, vous renseigner sur ce que l’on peut faire au quotidien pour limiter l’impact du changement climatique, avant qu’il ne bouleverse tout. Pour vous aider, voici ma démarche, entamée il y a plus de deux ans. Car oui, la démarche de chacun est importante, et chaque dixième de degré évité est une victoire.