Il y a quelques jours, une brève LinuxFR annonçait la disponibilité sur le Web d'un livre intitulé Cause commune, l'information entre bien commun et propriété sous licence CC-BY-ND-2.0. Je me suis empressé de le télécharger au format PDF. Avec le recul, j'aurais mieux fait d'acheter le bouquin parce que les traits de coupe de la version PDF sont plutôt gênants lors de la lecture...

D'abord, au premier chapitre, j'ai fait des bonds de joie. On y parle de Wikipedia, de multinationales (Microsoft, Monsanto, Universal...) en guerre contre leurs propres clients.

Le deuxième chapitre est tout aussi jouissif (qu'on me pardonne d'user d'un tel vocabulaire pour qualifier ce travail d'érudit !). En voici un extrait :

La Toile met en place un réseau gigantesque et non coordonné de contenus textuels ou graphiques. C'est une remarquable invention sociale, car elle permet une création distribuée, avec un très faible coût d'entrée pour devenir auteur.

Plus loin :

La création d'Internet comme réseau pair à pair suscita deux grandes tensions, dont l'une résulte d'un quiproquo et l'autre d'une contradiction bien réelle. L'origine militaire d'Internet est pour beaucoup dans sa nature, mais pas au sens où il porterait un projet militaire. La robustesse du réseau – puisqu'il continue à fonctionner malgré les pannes ou la destruction de nombreux nœuds ou liaisons – fut l'argument qui convainquit les militaires de le financer. Mais, pour les concepteurs, il ne s'agissait que de l'un des critères attestant la bonne conception de tout réseau. Leur motivation fondamentale résidait dans les propriétés du réseau, en particulier dans l'absence de contrôle centralisé. Ce point entrait en contradiction forte avec toute la tradition du contrôle et de la règlementation étatique des réseaux de télécommunication. En transférant à la périphérie le pouvoir sur le réseau, les concepteurs d'Internet jouaient la société contre l'Etat. Il fallut tout l'acharnement des multinationales des médias et du logiciel propriétaire dans leur tentative de détruire Internet en y réintroduisant des éléments de contrôle pour qu'on se rende compte que les créateurs d'Internet avaient également joué la société contre le capitalisme informationnel.

Bon, j'arrête là (pour l'instant) de citer des extraits du livre, car les premiers chapitres sont un véritable délice que je vous encourage à lire.

Le souci, c'est que le reste verse parfois un peu trop dans l'érudition, du moins à mon goût. Il est vrai que le défi est de taille : après avoir remarqué une opposition de deux grandes tendances (partage de l'information ou mise en place de barrières pour rentabiliser celle-ci en organisant la rareté), l'auteur s'attache à imaginer comment ou pourrait résoudre cela.

Qu'on ne croit pas que ce livre est trop dur à lire. Certes, il est parfois ardu, (surtout pour moi qui ne suis pas un intello, me susurre mon petit doigt) mais on y trouve a détour des pages des merveilles de synthèse ou d'histoire du partage de l'information. Ces passages auraient probablement mérité un zeste de pédagogie supplémentaire, voire d'exemples ou de métaphores, histoire de permettre aux neurones surchauffés de saisir plus facilement le propos.

Je reviendrais d'ailleurs sur ce sujet en publiant à l'occasion des extraits les plus intéressants du livre, ce qui me donnera l'occasion de le relire et sûrement de l'apprécier plus encore. En attendant, vous pouvez filer l'acheter !

Quelques liens sur l'auteur :