Microsoft change de stratégie et ouvre ses logiciels, écrit le journal Le Monde. Je pense que le titre ne reflète pas du tout la réalité.

Alors que je n'ai pas eu le temps encore de réfléchir longuement sur les détails de l'annonce[1], cela m'inspire 3 réflexions :

  1. C'est toujours la même rengaine. L'ouverture des API, le fait que les développeurs tiers disposeront des mêmes informations que ceux de Microsoft, c'est un refrain qu'on entend depuis toujours. Les plus anciens se souviendront des soucis juridiques de Microsoft à l'époque où Lotus 1-2-3 ne s'exécutaient pas correctement sur l'OS de Microsoft. C'était il y a plus de 15 ans !
  2. C'est une façon de présenter positivement une défaite contre la Commission Européenne. En effet, Microsoft a été condamné à publier de la documentation pour permettre à l'interopérabilité avec des projets comme Samba. Là, on observe un Microsoft qui finit par s'exécuter, mais crie "regardez mon ouverture et ma générosité !" alors qu'il est contraint à s'ouvrir suite à ses problèmes juridiques et qu'il est poussé par la concurrence et la demande de ses clients.
  3. Le diable est dans les détails. La documentation des API sera peut-être publique, mais le problème ce sont les brevets logiciels. En effet, en utilisant les API, on est probablement amené à violer, sans le savoir, des brevets logiciels déposés par Microsoft. Et là, Microsoft laisse entendre qu'il permettra à ses concurrents de se protéger contre ses brevets moyennant l'achat d'une license à faible coût. C'est ce point là qui fait que les logiciels Libres (qui sont un pan essentiel des logiciels amenés à interagir avec ceux de Microsoft) sont automatiquement disqualifiés. Bref, sous couvert d'ouverture, Microsoft met encore le Libre en difficulté...

Notes

[1] J'écris ce billet dans le train en direction de Bruxelles pour le Fosdem.