Maintenant que Steve Jobs est mort depuis quelques jours, il est visiblement devenu possible de redevenir un peu objectif. Oui, Steve Jobs était un génie, oui, il a changé beaucoup de choses, en particulier il a montré à quel point la qualité d'un produit peut être essentielle. Voici quelques articles qui vont au delà de l'hagiographie[1] :
- John Lilly, ancien CEO de Mozilla et ancien employé Apple, rappelle à quel point Steve Jobs pouvait être odieux et manipulateur, en ayant permis autant de faire progresser le design dans l'industrie informatique.
- What Everyone Is Too Polite to Say About Steve Jobs, un excellent article, pas vraiment tendre, sur les cotés regrettables de Steve Jobs. La censure de ce que peuvent faire les utilisateurs avec les produits Apple. Les conditions de travail dans les usines chinoises des sous-traitants. L'espionnage des employés. Les parties de bras de fer avec la presse et les blogs, au dépens de la liberté d'expression.
- L'auteur et comédien Mike Daisey écrit très justement dans le New York Times :
Tous les "iProduits" d'Apple - l'iPod, l'iPhone et l'iPad - utilisent des systèmes d'exploitation qui empêche les utilisateurs d’accéder à leurs entrailles. Les utilisateurs ne peuvent pas installer de logiciels eux-mêmes. Ceux-ci sont téléchargés depuis les serveurs d'Apple, et Apple les sélectionne et les contrôle, décidant ce qui peut et ne peut pas être distribué, ce qui est censuré ou pas, avec quasiment pas d'explications. C'est Steve Jobs qui a fondé Apple en tant que société anarchique faisant la promotion de la liberté, une société dont les premiers projets avec Steve Wozniak étaient des boites pour pirater les téléphones et des ordinateurs dont les schémas étaient ouverts. Ce Steve Jobs-là serait effaré par le futur que l'Apple d'aujourd'hui construit. Il n'y a pas d'autre entreprise de technologie qui ressemble plus au Big Brother que dénonçait la célèbre pub Apple de 1984. Ca démontre à quel point le pouvoir peut corrompre rapidement.
Notes
[1] On passera rapidement sur la déclaration de Richard Stallman : "Steve Jobs, the pioneer of the computer as a jail made cool, designed to sever fools from their freedom, has died." / "Steve Jobs, le pionner qui a rendu cool la notion de prison informatique, est mort. Son invention était destinée à priver les crétins de leur liberté". La formule est puissante, mais elle est inacceptable en guise d'oraison funèbre. On ne tire pas sur une ambulance, encore moins sur un corbillard. Par ailleurs, si les gens vont vers la simplicité et l'élégance, c'est parce que ça répond plus à leurs besoins qu'une ligne de commande
36 réactions
1 De Nico - 10/10/2011, 15:21
Honnêtement, je pense qu'entre bidouillabilité et simplicité, comme tu l'as indiqué d'ailleurs, il y a parfois un choix à faire.
D'ailleurs ça poserait la question : est-ce que bidouillabilité et qualité peuvent faire toujours bon ménage ?
Pour ma part, si le produit est peu/pas bidouillable mais qu'il est super-simple et bien conçu et qu'il répond à mes besoins, je me moque qu'il soit bidouillable... vu que je n'ai pas besoin de cette bidouillabilité !
Quand à qualifier Apple de Big brother, ça me parait excessif, dans le sens où on a encore le choix de ne pas utiliser leurs produits, de ne pas utiliser leurs services.
2 De Kagou - 10/10/2011, 16:05
Oui un grand bonhomme est mort. Un visionnaire, un passionné, un Geek jusqu'au bout, il nous laissera de superbes produits technologiques, qu'il a su créer, développer et vendre avant tout le monde. Une vision de ce que doit être un produit technologique : simplement beau à voir et beau à utiliser.
J'aurai voulu qu'il s'explique (l'a-t-il fait ?) sur ce problème de contrôle total du produit et ce Big Brother de la pub de 84 qu'il combattait. Ce sera peut être mon seul regret, de ne pas l'avoir entendu s'exprimer sur ces actes. Arriver à comprendre pourquoi le culte du secret est il devenu si primordial pour lui.
On dirait qu'il y a eu un raté quelque part sur son parcourt, malgré cela il a continué à aller de l'avant avec les règles du jeu biaisé qu'il avait en main. Il semble que les trahisons du passé (hey Bill ) et les règles du capitalisme ont eu une mauvaise influence.
3 De fab - 10/10/2011, 16:16
@Nico
La bidouillabilité n'est pas un besoin individuel mais une nécessité de société. Je n'ouvre pas tout ce qui est ouvrable et bidouillable, mais le fait que d'autres le fassent sur les "machins" que je ne sais pas ouvrir est une garantie dont je profite aussi.
Quant à la question de la compatibilité entre bidouillabilité et qualité elle mérite attention, certes. Un produit de qualité ne l'est que dans le cadre où il a été conçu, la modification peut mettre en péril la qualité, c'est un fait. Mais si on observe que la majorité des freins à la bidouillabilité sont des ajouts dont la conséquence est très souvent un ennui pour l'utilisateur (les DRM, au hasard :-), on peut commencer à affirmer que préserver la bidouillabilité revient à préserver la simplicité, ce qui va dans le sens d'une meilleure qualité.
4 De Grunt - 10/10/2011, 16:47
C'est une idée reçue de penser qu'il y a forcément un compromis à faire entre ouverture et simplicité.
Apple pourrait libérer le code de iOS que ça ne rendrait pas ses périphériques moins agréables à utiliser pour Claude Michu.
On a un exemple très concret, qui vient du monde des modems-routeurs: les modems-routeurs ont une interface Web simple à utiliser (disons, aussi simple que possible). Pourtant, certains sont compatibles avec OpenWRT, et leur fabricant fournit les informations pour y installer OpenWRT. Ça ne rend pas l'interface plus compliquées. Ces modems-routeurs sont conviviaux ET ouverts.
5 De mba - 10/10/2011, 16:50
on oublie aussi que les applications sont certes sélectionnés, contrôlés, censurés par Apple mais que dans le contrôle, il y a un contrôle qualité... certes pas complètement fiable mais on entend assurément plus de problèmes d'application qui crashent ou qui buggent de personnes sous Android que de personnes sous iOS, et pourtant on voit plus d'Iphone que de Smartphones sous Android (je retire Bada qui pour moi est comme iOS).
6 De Hacky - 10/10/2011, 16:50
Un lien vers la pub de l'époque ... pour la i génération
http://www.youtube.com/watch?v=OYec...
7 De ropib - 10/10/2011, 16:55
Jobs n'a proposé aucune rupture, juste le développement de tendances jusqu'au point de rupture, cette dernière alors prise en charge systématiquement par d'autres. C'est très très bien, il n'y avait pas à lui demander obligatoirement d'être un génie, il n'a jamais cherché à l'être, il n'a jamais cherché à changer le monde.
On pourrait parler peut-être d'homme supérieur, c'est déjà pas mal.
8 De lipki - 10/10/2011, 17:18
L'expression Big Brother s'applique habituellement aux états n'est-ce pas, alors laisse moi modifier ta phrase en conséquence.
"Quand à qualifier cette état de Big brother, ça me parait excessif, dans le sens où on a encore le choix de quitter le pays, d'aller vivre ailleurs."
Bien sûr il ne s'agit pas d'un pays, ce n'est qu'une marque, c'est pas si grave, mais pour certaine personne aujourd'hui quitter Apple, peut mettre sérieusement en danger professionnellement et même peut-être socialement.
De plus tu compare bidouillabilité et simplicité, ton analyse est bonne, il y à des gens où des cas pour lequel il faut du bidouillable et des fois il faut de la simplicité.
Mais Steve jobs à apporter en plus de la simplicité, de la fermeture, c'est de la vente liée.
Ils aurais pu faire de la synchronisation simple avec un ordinateur, en utilisant l'USB.
Ils aurais pu créer des applications Ipad génial en java compatible pc/mac/android.
Ils aurais pu créer un Iphone magnifique dans lequel on peut changer la batterie.
Et j'en passe et des meilleurs.
Cette fermeture n'était pas nécessaire, il avais le choix de ne pas le faire mais il là fait..
.
9 De Bruce - 10/10/2011, 17:44
Le mot même de "génie" est déplacé ! Il n'a rien inventé de lui même, rien produit de lui même. C'est un formidable organisateur, visionnaire et fédérateur. C'est déjà pas mal pour un seul homme !
10 De vvillenave - 10/10/2011, 17:46
Euh Tristan, chez Mozilla vous êtes combien à tourner sous Mac déjà ?
(je dis ça je dis rien)
11 De noz - 10/10/2011, 17:59
Je suis d'accord que les produits Apple ne correspondent pas au monde "libre".
Mais, j'aimerais que les gens se souviennent que c'est l'iPhone qui a démocratisé l'internet Mobile. En tant qu'acteur chez un opérateur, je peux dire que ce sont toujours les évolutions Apple qui dirigent les évolutions des réseaux.
Quant a Stallman : Si c'est ça la pensée du libre ... ça fait réver.
12 De informatique grenoble - 10/10/2011, 18:00
Au sujet des conditions de travail en Chine, je ne vois pas le rapport avec SJ, ca serait plutot Apple et encore … je ne vois pas en quoi un client serait responsable des conditions de travail d'un fournisseur … ils ont accepté le travail, c'est à ces patrons la d'assumer !
Je pense que la lutte dans ces sphères la ne doit pas être de tout repos … et que nous avons accès à une partie des informations … de ce fait nos analyses ne peuvent être fondées/justes !
Génie je ne sais pas, un visionnaire peut être ! En tout cas une personne qui a su se donner les moyens, prendre les choses en main et s'imposer ! Par exemple au niveau marketing, i.e. de sortir des produits au bon moment, de prendre la 1ère place et la conserver ! Les produits Apple ne sont pas des innovations, "juste" un assemblage cohérent de technologie et répondant à des besoins/exigences (et c'est déjà bcp puisque les autres ne savent pas faire).
Sebastien
13 De abitbol - 10/10/2011, 18:00
Houla toi tu vas avoir des problèmes, des gros problèmes :o)
14 De Jean - 10/10/2011, 19:40
« Ils aurais pu faire de la synchronisation simple avec un ordinateur, en utilisant l'USB.
« Ils aurais pu créer des applications Ipad génial en java compatible pc/mac/android.
« Ils aurais pu créer un Iphone magnifique dans lequel on peut changer la batterie.
« Et j'en passe et des meilleurs. »
Il aurait pu faire une grosse bouse bien lourdingue. Il ne l’a pas fait. C’est en cela qu’il est génial. C’est l’art de savoir dire non. D’autres se chargent de faire tout ça très bien avec le succès que l’on sait.
PS : la prise iPhone-Pad est une USB.
15 De Bruno - 10/10/2011, 19:52
Et ne pas confondre le talent (de dirigeant et de commercial) avec le génie
16 De Samuel - 10/10/2011, 21:08
@Sebastien (commentaire 12)
Tu ne serais pas du genre à acheter des Rolex ou des sacs Chanel à des tarifs défiant toute concurence grace à des vendeurs un peu bizarres que tu rencontres dans des rues discrètes de ta ville ? ... Et si la police t'arrète pour détention de contrefaçons, tu pointes du doigts les méchants immigrés sans-papiers qui t'ont arnaqué à l'insu de ton plein grés...
http://en.wikipedia.org/wiki/Vicari...
17 De Bumblebee - 10/10/2011, 21:09
Je vais sûrement me faire tapper dessus, mais j'aime beaucoup le Post de Trisan dans le sens ou il reprend bien les deux coté de Steve jobs ce qu'il a pu faire de bien et de moins bien.
C'est triste que Steve Jobs soit décédé comme il est triste que n'importe quel Homme décède. Steve Jobs a fait des choix, il était "visionaire", il était bon en marketing et en communication. Est ce que cela fait de lui un mec bien, je ne sais pas, je vais dire je ne juge pas. J'avoue que j'étais loin d'être en accord avec ses idéaux de fermeture et de censure (je m'en fou personnellement d'avoir accès a du porno sur mon téléphone, mais m.. c'est pas au constructeur de mon téléphone de me l'interdire !). Je trouve même plutôt triste de voir que quelqu’un qui a commencé en temps que hacker et pirate, en reprenant les idées des autres et le remodelant a sa manier (et en ca il était effectivement plutôt bon), aie fini par amener sa société à attaquer en justice tout autre société essayant de faire le même genre de chose. Et je suis triste de voir que puisqu'il est mort ses adorateur estiment que l'on a plus de droit de critiquer les idées qu'il a pu avoir. Certes Richard Stallmann s'y est pas forcement pris de la façons la plus politiquement correcte, mais d'un certain sens ... il a simplement voulu dire qu'ils n'était pas d'accord avec les idées de jobs et que la mort de ce dernier ne l'a pas fait changer d'avis.
Être bon en termes industriel et économique ne fait pas forcement de vous quelqu'un de Bien. Mais cela n'est que mon avis. et c'est vrais cela ne se fait pas de critiquer un mort.
Et pour finir le rapport entre SJ et les condition de travail en chine ? humm ... Steve jobs est un mec bien il a démocratisé l'internet mobile en vendant des iphones à "pas cher" ... par-contre c'est pas sa faute si pour les fabriquer sa société a du employer (indirectement) des chinois sous payés dans des condition abominables pour tenir les tarifs ? Cette reflexion me rend perplexe ... C'est vrais que le con somateur s'en fout de payer pas cher, c'est pas sa faute à lui si on exploite des gens derrière, c'est ni sa faute ni la faute du mec qui a mis le concept en place. Moi perso quand une entreprise (et donc ses dirigeants) force trop sur le manque d’éthique j’essaye d'arrêter d'acheter/d'utiliser leurs produits ou leurs service ... mais ça serait dommage que trop de gens fassent de même, ça tuerait sûrement le système. ... bon faut que j’arrête je voulais pas m'emballer à la base, je voulais juste dire que je trouvais cet article très mesuré donc ... Bien
18 De Jean - 10/10/2011, 21:30
Merci pour les liens. La sanctification n'est vraiment pas mon truc et il faut raison garder. En voici un autre de lien, le New York Times, Krugman “Panic of the Plutocrats” Sur l'occupation de Wall Street. Et ceci explique peut-être un peu de tout ce foin autour de Jobs. On peut ne pas tout apprécier, il est riche, mais au moins il a apporté quelque chose.
“… Wall Street’s Masters of the Universe realize, deep down, how morally indefensible their position is. They’re not John Galt; they’re not even Steve Jobs. They’re people who got rich by peddling complex financial schemes that, far from delivering clear benefits to the American people, helped push us into a crisis whose aftereffects continue to blight the lives of tens of millions of their fellow citizens.”
19 De Dom - 11/10/2011, 07:32
"On passera rapidement sur la déclaration de Richard Stallman : "Steve Jobs, the pioneer of the computer as a jail made cool, designed to sever fools from their freedom, has died." / "Steve Jobs, le pionner qui a rendu cool la notion de prison informatique, est mort. Son invention était destinée à priver les crétins de leur liberté". La formule est puissante, mais elle est inacceptable en guise d'oraison funèbre. On ne tire pas sur une ambulance, encore moins sur un corbillard."
Bonjour Tristan et d'abord merci pour vos luttes pour la défense des libertés,
En fait c'est la traduction du mot "fool" selon le contexte qui est un peu forte et qui me semble importante pour ne pas accentuer les trolls suite à cette réaction (que je partage en ce qui concerne de nombreux aspects), et c'est justement sur ce point des traductions qu'il y a déjà eu avec lui un vaste débat pour ne pas dénaturer le sens des propos (par incompréhension des subtilités ou au pire par volonté de tromper).
"Idiots" ou "fous" ou "sots" ou "nigauds" ou encore "dupes" me semble plus approprié.
On a tous commis des actes "idiots" voire "imbéciles" dans notre vie, faute de plus amples connaissances ou expériences (en tout cas en ce qui me concerne)
mais le synonyme de "crétins" me semble plus proche "d'abrutis", "d'ânes", de "demeurés", etc.
et dans ce cas, la notion de perfectibilité disparait...
Ce qui change tout sur la façon dont il s'exprime à propos des clients du messie du gadget récemment disparu et qu'il ne souhaite certainement pas choquer dans cette période d'immense recueillement.
D'autres traductions concernant cette fameuse phrase :
http://www.mac4ever.com/news/65592/...
http://www.numerama.com/magazine/20...
http://www.ecrans.fr/Je-ne-suis-pas...
http://www.01net.com/editorial/5437...
20 De Dom - 11/10/2011, 07:57
Zut, j'ai oublié le mot "verrouillé" essentiel, qui change tout également pour la compréhension .
il faut lire :
les clients (et clientes) du messie du gadget "verrouillé" (sans compter les histoires de pistage, etc.)
D'autres mauvaises nouvelles :
Les sous-traitants d’Apple en deuil
http://www.bakchich.info/Les-sous-t...
21 De fabio - 11/10/2011, 10:51
C'est surprenant de votre part comme cliché. Je ne crois pas que Stallman fasse l'apologie de la ligne de commande mais seulement celle du logiciel libre. A ce titre, il défend les mêmes valeurs que vous à travers Mozilla.
D'autre part, votre remarque appelle quand même une question : est-ce que les gens vont vers Apple parce que c'est plus simple et plus flashy ? Sans doute oui. Mais combien sont conscients du carcan dans lequel ils s'enferment ? Peut-être que les gens feraient le même choix en connaissance de cause, mais le doute est permis.
A titre personnel, je suis souvent bluffé par la finition et les innovations d'Apple, mais je préfère galérer à la recherche de drivers introuvables pour mon imprimante sous GNU/Linux que de tomber dans le modèle d'enfermement d'Apple. Sans me trouver pour autant extrémiste. Alors, avec un peu plus de connaissance, est-ce que plus de gens ne se détourneraient pas de la facilité pour plus de liberté ? Le choix de se tourner vers Apple est-il un vrai choix ? Ou un choix par défaut par manque de connaissance ?
Le choc de la formule vous fait écrire des choses qui ne vous ressemblent pas (de mon point de vue).
22 De jmdesp - 11/10/2011, 13:58
Apple s'est beaucoup fait aligné sur les conditions de travail chez Foxconn, effectivement indignes ... sauf que pendant ce temps ses concurrents font fabriquer chez d'autres sociétés dont les conditions sont pires encore que celle de Foxconn, en toute discrétion sans que personne ne le remarque.
La Chine vit aujourd'hui sa révolution industrielle dans les mêmes conditions que celle Anglaise, qui a conduit Marx à vouer le capitalisme à jamais à l'anathème, et dont Zola a rendu compte en France dans Germinal. Avec le recul, ce n'est qu'une étape avant une nette amélioration et qu'il n'est peut-être pas possible d'éviter.
23 De aem - 11/10/2011, 15:05
@ Samuel (16) :
Quel rapport avec ce qui a été dit ? je voudrai bien une explication … il y a un malentendu !
Tu me pardonneras mon anglais (vite lu) mais je ne vois pas en quoi des sous traitants sont liés à Apple …
à part si les personnes évoquées (Chine) ne sont pas des sous traitants mais des employés Apple …
(et la je comprendrai la réponse).
D'ailleurs si je me trompe, je veux bien qu'on m'explique …
Je ne prends pas la défense de Apple ou SJ (c'est leur problème),
et si on part de ce postulat alors les consommateurs sont autant responsables que Apple puisqu'ils achètent …
Mais la, ca va devenir un magnifique troll sur la société de consommation et le capitalisme …
Sebastien
24 De Jean - 11/10/2011, 22:04
Je trouve qu'il y a beaucoup d'hypocrisie à reprocher à Steve Jobs les conditions de travail et de vie des travailleurs chinois. Toute l’industrie mondialisée est responsable de ces pratiques, pas seulement Apple. C’est un peu trouver un bouc émissaire facile car médiatiquement très en vue, mais pour le coup c’est une sacrée distorsion de la réalité. Nous mêmes sommes très contents de bénéficer en Occident des bas tarifs qu’un tel système de sous traitance nous octroie. Bien sûr c’est scandaleux mais aucune entreprise ne renoncera à de tels avantages alors que ses concurrents continueront d’en profiter ; ce serait suicidaire. Sommes nous prêts à payer la plupart des produits manufacturés beaucoup plus cher ? Et si oui, la pression ne peut être que politique, internationale, et c’est sur la classe dirigeante stalino-capitaliste qui détient le pouvoir en Chine qu’il faut agir. Une autre paire de manches.
25 De Samuel - 12/10/2011, 05:16
@Sebastien (commentaire 23)
Oui, d'un point de vue strictement juridique, tu as raison de dire que Apple n'est pas directement responsable des conditions de travail de ses sous-traitants. Mais si on enlève les "lunettes" d'avocat froid et cynique et qu'on mets des "lunettes" de citoyen, est-ce qu'on voit la meme chose ?
Ce qui est reproché à Apple est de ne pas avoir changé de fournisseur en "apprenant" les conditions de travail de Foxconn. Il y a une forme de complicité passive. On pourrait aussi parler de "non-assistance à personne en danger" ou d'infraction par omission.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Non_as...
http://fr.jurispedia.org/index.php/...
Je pense aussi que "les consommateurs sont autant responsables que Apple puisqu'ils achètent"... Si encore ils n'avaient pas le choix, mais ils ont le choix ! Il existe des solutions plus ethiques et plus responsables.
Pour quitter un peu Apple, un autre exemple qui montre que certaines sociétés aiment bien éparpiller leur chaine de production pour noyer un peu le poisson vis à vis du consommateur-citoyen... Ce n'est pas le cas avec Apple mais la logique de cacher la patate chaude reste la meme.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C...
26 De Samuel - 12/10/2011, 16:15
@Jean (commentaire 24)
Le sentiment d'impuissance et de fatalisme est compréhensible. Mais ces sentiments sont surmontables, pensez à la fin de l'apartheid ...
27 De marc - 12/10/2011, 18:38
Cher Tristan
Je pense bien au contraire que Jobs était un saint et certainement pas un génie.
Le génie, c’est ce qui résiste aux siècles (le pluriel est important). Bach avait du génie, Lucrèce aussi, Léonard de Vinci, les multiples inventeurs de la roue, Charles Cros, Thomas Edison, Galilée, Newton, Darwin, Volta… ils ont marqué leur époque en abattant un mur qui entravait l’évolution humaine, que cette évolution soit artistique, philosophique, scientifique…. Pas une seule fois Steve Jobs n’a remis en question les fondements de l’architecture Von Neumann, pas une seule fois il a « ré-inventé » un circuit électronique permettant de briser une limite. Le fait d’assembler des lego ne relève pas du génie mais de l’originalité. Jobs était original. Tout au plus peut-on attribuer une « étincelle » de génie à son compagnon d’autrefois, l’autre Steve (Woz), sorte de touche à tout à la façon de Pic de la Mirandole. Passionné de radio, électronicien, amoureux de littérature et de musique, mathématicien.. il n’a cessé de s’attaquer à des moulins à vent technologiques.
Jobs n’était pas un génie
Jobs était un saint. C’est là un fait indiscutable. Un saint autoproclamé, qui a immédiatement saisi qu’une entreprise pouvait tirer parti d’une certaine forme de mysticisme. D’ailleurs, n’appelait-on pas à l’époque (remember Grossman) les patrons du marketing des « évangélistes » ? c’est probablement Jobs qui a eu le premier l’idée de ce mot, qui n’avait jamais été utilisé avant lui. Evangéliser, utiliser les techniques de propagande religieuses pour créer une « secte » d’applemaniaques. En fabriquant des églises (ah, l’époque de Calvados !), en attribuant des « goodies » aux militants les plus méritants (là encore, les hosties qui récompensaient les fidèles), en persuadant chaque usager d’une part qu’il existait un enfer –la diabolisation Microsoftienne- et un paradis, une caste des « gens qui avaient le bonheur de posséder une machine exceptionnelle ». Nec pluribus impar, En achetant cet ordinateur, vous faites partie des élus. Membres dont les attitudes frisaient pour certains le fanatisme et pour beaucoup l’intransigeance (ils ne furent pas les seuls... certains universitaires Linuxien n'ont rien à leur envier).
Je n’épiloguerais pas sur le monastère –le cloître- technologique et logicielle qu’était un ordinateur apple passé la série des « IIe » (totalement faits à base de 74xx, facilement reproductibles.. j’ai osé en cloner un à l'époque, mais il y a prescription), sur les anathèmes juridiques adressés aux « cloneurs » industriels -et à leurs mise à mort sur le bûcher du copyright…
Plus qu’un saint, Jobs était une divinité. Sa parole ne souffrait aucune contradiction, et les incohérences que l’on pouvait y déceler ne pouvaient être comprises que par les initiés. "tu piges pas, on est libéré de la technique, c'est pas comme sous DOS ou tu dois tapper des trucs incompréhensibles avec tes doigts"... Avec le Finder est venu le temps du behaviorisme décérébré et du lecteur de CD vendu au prix du platine en barres (oui, j'exagère... mais si peu). La couche d'abstraction du Finder était le premier pas vers une ségrégation des types d'utilisateurs : d'un coté les gourous du système, au milieu les "power users" (geek ou nerds) et à l'opposé, la "viande à clavier". Le tout réparti selon une distribution 1%, 10%, 89%. Jobs n'était pas un dieu idéaliste qui souhaitait la connaissance partagée pour tous. Il avait compris que l'ignorance était le ferment des croyants. Car lorsque l'on ne peut pas "savoir", l'on est forcé de "croire".
Une chose est certaine : c’était un grand, un très grand homme d’affaire, qui a toujours su, à l’instar de son concurrent Bill Gates, détecter « le » talent qui viendrait enrichir son équipe et ainsi affermir son son équipe, son catalogue… et sa capitalisation boursière. Il a su, avec finesse, faire louvoyer la barque Apple dans les eaux troubles des noyaux. Il a su abandonner sans remort (ou réduire à la portion congrue) le front des systèmes d’exploitation pour serveurs (exit AUX, exit les serveurs, exit les réseaux maison qui « tombaient en marche », parfois), il a su éviter le piège du développement d’applications (qui se souvient de Claris ?), autant de secteurs très exigeants, trop exigeants en termes de qualité. Il a surtout su concentrer ses efforts sur des systèmes grand public, sur une machine à créer une demande (demande qui pourtant est d’une vacuité abyssale), il aura éternellement droit à une prière votive de la part de tous les goldenboy de Wall Street.
Il avait, peu ou prou, le même age que Gates (né le 28 octobre 1955)... Tristan, il faut que tu penses à préparer sa nécro, à lui aussi !
28 De Jean - 12/10/2011, 18:57
@ Samuel
Je suis bien d'accord. Je trouve simplement que beaucoup ont une mauvaise analyse. Les lois sociales sont un privilège régalien des états. Une entreprise américaine va-t-elle faire la loi en Chine ? Ou même en France ? J'entends déjà les hauts cris des mêmes qui portent ces critiques mal ciblées. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Nous nous offrons un semblant de confort avec la vie des travailleurs des pays émergents et cela doit changer. Mais c'est par le « producteurs sauvons nous nous mêmes » que cela peut se faire. À nous d’être efficaces à aider combats et révoltes de la société chinoise. Les industriels finiront par payer le prix. Se contenter d’affirmer : « tout ça c’est la faute au méchant Steve qu’on prend pour un bienfaiteur », c’est l’autre face de la sanctification : la diabolisation. Quasiment la même chose et fort prisé sur le réseau.
29 De étonné - 13/10/2011, 05:24
Invraisemblable ce fanatisme autour d'un fabriquant d'électro-ménager ( fabriqué en Chine d'ailleurs, comme vos friteuses ou votre grille-pain...). Ca va de pair d'ailleurs avec cet amour de l'argent qu'on voit s'étaler de plus en plus ouvertement, avec le cynisme satisfait qui l'accompagne et l'excuse que les autres en font autant. Les geeks fer de lance de l'esclavage ?
30 De Atchoum - 13/10/2011, 09:14
@Dom : "La formule est puissante, mais elle est inacceptable en guise d'oraison funèbre. On ne tire pas sur une ambulance, encore moins sur un corbillard."
Mais Stallman s'en fiche... son but n'était pas de faire une oraison funèbre. Je crois qu'à peu près tous les médias et personnalités s'en sont chargés !
Son but était de rappeler ce que Steve Jobs a apporté au monde informatique, selon lui. Et alors quoi, si l'on a rien de positif à dire sur Steve Jobs, on devrait juste se taire ? si l'on trouve ce concert de louanges et de pleurs excessifs, voire obscènes, on devrait attendre quelques mois, histoire que ça se tasse ?
Vous allez peut-être m'expliquer ça, parce que jusqu'ici, personne n'a su me répondre : pourquoi devrait-on forcément avoir une pensée, un mot positifs pour quelqu'un, parce qu'il vient de mourir ?
Moi, perso, je ne connaissais pas Steve Jobs ni sa famille, mais bien évidemment, je considère qu'il ne méritait pas de mourir. Par contre, j'estime que son influence dans l'informatique a été de plus en plus néfaste au fur et à mesure du temps. Et je le dis. Et Stallman le dit aussi.
31 De marc - 13/10/2011, 20:57
Cher Tristan.
Tu ne devrais pas être si dur avec Richard Stallman... Il a inventé la GPL. Et je crois que sans la GPL Firefox ne serait pas là où il est aujourd'hui. Jobs n'est ni un saint, ni un génie. Prenons comme référence Pirates of the Silicon Valley. Si il y à du vrai dans ce film. Que fait Jos ? Il prend de l'acide, il refuse de reconnaître son 1er enfant, mène ses employé(e)s à la cravache. Se sépare du Woz. Pas terrible pour un saint. Un génie ? Une de ses inventions ? Next ?. Le nom de sa boite ? Original, quoique... Pour finir tu sembles oublier qu'il y 2 sortes d'informatique au moins. Celle en mode graphique et qui plaît à tous et celle en mode texte. Celle qui sert à débugger développer, et à bien d'autres choses... Cette dernière existait bien avant Jobs et existera bien après Jobs. Celle elle qui à inventé l'UI. Oui console, tu es la mère d'UI. Un salut à tous et, un boujou aux normands du haut
32 De JM - 14/10/2011, 10:12
Ah parce qu'il était le seul à travailler et à inventer dans son entreprise ? Voilà un discours qui est bien méprisant pour les centaines ou millliers de salariés qui ont réellement construit le succès d'Apple. Je n'aimerais décidément pas être à leur place…
Malheureusement nous vivons dans une société qui veut nous faire croire qu'il y a une poignée de « grands » hommes, sous-entendu nettement supérieurs au reste du genre, et que ce reste n'est que banalité dont le seul rôle ne peut plus être que d'assurer les servitudes redevables à ces « grands » hommes, en guise d'offrande. Ceci participe fortement à l'idée que certains méritent richesse et pouvoir absolu alors que les autres ne méritent que dur labeur et incertitude du lendemain.
La vérité c'est que le mérite de Jobs, comme de nombreuses personnes célèbres, est d'avoir été là au bon moment, au bon endroit avec le bon truc, d'avoir eu la bonne curiosité et surtout d'avoir eu la chance de tomber sur quelqu'un qui pouvait diffuser son travail – sans quoi ce travail serait passé aux oubliettes comme celui de nombreux autres adolescents de cette époque qui ont dû eux aussi se lancer dans cette aventure. S'il avait raté le coche, un autre l'aurait pris ! Pareil pour l'ergonomie ou le design des produits high-tech, pas besoin d'une révélation divine pour se rendre compte que ça apporterait un plus !
Ce problème de vénération des « grands » hommes est ancré au plus profond de notre culture et de notre enseignement où on nous fait croire dès le plus jeune âge que le monde doit ce qu'il est à une poignée d'individus. En fait non, l'histoire devrait nous apprendre que bien souvent les puissants ont tourné les peuples les uns contre les autres pour assouvir leur seule soif de pouvoir. Ils sont donc dans une certaine mesure à l'origine des difficultés de l'humanité – mais l'histoire est écrite par ceux qui ont le pouvoir ;). Le monde de l'entreprise n'échappe pas à ce mode de fonctionnement et avec la mondialisation, devient le nouveau théatre d'affrontement des nations, mondialisation dont la « banalité » humaine est la principale victime tous pays confondus et les puissants les principaux vainqueurs.
Il n'est donc absolument pas indécent de rappeler que Jobs n'a pas fait le bonheur sur terre, loin s'en faut, ne serait-ce que pour le remettre à sa bonne place dans l'esprit de la banalité : un être humain comme les autres, qui a simplement eu plus de chance et pu profiter du système. Quand la banalité s'affaire à assurer le lendemain, d'autres, minoritaires, ont la chance de pouvoir s'adonner à des activités qui ouvrent leurs horizons.
33 De Nicolas - 16/10/2011, 07:23
Mike Daisey oublie une petite startup nommée Microsoft.
34 De Jean - 16/10/2011, 18:38
Certes on abuse de superlatifs et au mot génie je préfère de loin type génial, plus près de terre… Mais dire qu’il a fait tout ça par hasard parce qu’il était au bon endroit au bon moment c’est un peu court. Bien sûr 27 ans plus tard tout est évident. Ce ne fut pourtant pas facile d’inventer le Macintosh. Il a fallu une équipe toute aussi géniale et un meneur de jeu. Il a eu ce rôle envers et contre, sinon tous, du moins beaucoup. Pensez au tollé lorsqu’on a appris que les iPhones et iPads ne supporteraient pas Flash, un simple détail. Or c’était bien pire : à l’époque c’était ligne de code contre interface graphique et celle-ci était condamnée d'avance et pour beaucoup inconcevable. On ne comprenait même pas ce que c’était. Je sais bien ; j’y étais. J’ai vu des docs, des pubs pour Lisa qu’un mordu d’informatique m’a montrées et je n’ai rien compris. Il faut avoir conscience de la pensée ultra dominante des années 1980, impossible d’imaginer l’ambiance aujourd’hui.
35 De JM - 17/10/2011, 21:21
En ce qui concerne l'introduction de l'interface graphique plutôt que de conserver la ligne de commande au début des années 80, la révélation divine nous est rapportée par Wikipedia dans la page http://en.wikipedia.org/wiki/Apple_... :
Évidemment on peut mettre en doute la véracité de ce paragraphe mais connaissant les fans de la société, ça m'étonnerait que ça ne soit pas corrigé dans la seconde. Pour moi ça ne fait plus aucun doute : Apple est l'entreprise IT qui sait (savait ?) le mieux populariser les inventions des autres ! Certes tout le monde ne saurait pas le faire, mais entre 1 personne et 7 milliards, la vérité est sûrement quelque part entre les deux :).
36 De Jean - 19/10/2011, 12:41
Tout le monde sait cela JM ou devrait le savoir. Mais il se trouve d'abord que Xerox ne savait trop quoi faire des recherches du PARC et que le passage à la pratique était hors de prix. La souris Xerox coûtait 300 $ de l'époque, il a fallu en faire baisser le prix à 15 $ et aussi tout regrouper en interface cohérente, en système d'exploitation et créer la machine susceptible d'utiliser tout ça ce que Xerox n'avait pas fait. Je vous conseille vivement de lire ''La naissance du Macintosh'' sur Embruns. Tout y est ; sans faire de Jobs le Dieu créateur du monde informatique ; en reconnaissant tout le crédit du à ses collaborateurs. Edison n'a pas inventé l'aiguille, c'est certain ; il a pourtant bien inventé le phonographe.