Aujourd'hui, 13 janvier 2013, c'est la "Manifestation contre le mariage homo" à Paris. et c'est aussi un bon moment pour révéler aux lecteurs du Standblog un secret de polichinelle un peu honteux.

Je suis catho.

Je suis catho, et ça n'est pas facile à vivre. Mais pour moi, être catho n'est probablement pas ce à quoi vous pensez. Et si je vis mal cet état, ça n'est probablement pas non plus pour les raisons que vous imaginez.

Je suis né au milieu des années 60, d'une famille de la bourgeoisie parisienne. Baptème, école primaire chez les soeurs, première communion et profession de foi, collège chez les frères. Mariage à l'église. Mon besoin de spiritualité, cette recherche spirituelle que je revendique, a été naturellement encadré par la religion dans laquelle j'ai toujours baigné. Ma foi est catholique, parce que c'était évident que ça ne pouvait pas être autre chose, vu l'environnement.

Avoir des aspirations spirituelles est passablement mal vu en ce début de 21° siècle. En effet, on a tendance à mélanger religion, Église, dogmes et foi et par là même, à jeter le bébé avec l'eau du bain. Alors on apprend à courber l'échine face à l'animosité ambiante contre tout ce qui est religion et spirituel. On ferme sa gueule. On aborde le sujet avec crainte. On ne cherche surtout pas à convaincre qui que ce soit.

Malgré tout, j'essaye de vivre ce en quoi je crois. Mon implication dans les formats ouverts, le logiciel Libre découle de ma foi et la nourrit. Je crois qu'il est de mon devoir de construire un monde meilleur, reposant sur le partage, l'empowerment de mes concitoyens, le respect de l'autre (en n'essayant pas de contrôler, en particulier pour ce qui est de sa vie numérique). Ca n'est pas un propos très populaire, alors je le tais. C'est pour cela qu'en plus de 4200 billets ici sur le Standblog, vous n'avez probablement pas entendu parler de cette facette de ma vie.

Mais ce silence ne peut plus durer, car il est pénible à vivre. En effet, la manifestation qui a lieu en ce moment même révèle à quel point mes coreligionnaires peuvent se montrer intolérants et rétrogrades, dans le cas présent en faisant preuve d'une homophobie qui ne dit pas (toujours) son nom.

J'ai de nombreux amis et collègues homosexuels. Je ne me sens pas le droit de leur interdire le mariage civil. Qui serais-je pour leur interdire cela ? De quel droit pourrais-je décider cela ? L'article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme indique-t-il que "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits (sauf les homos)" ? Non.

Je crois au respect de l'autre quel que soit sa couleur de peau et son orientation sexuelle. C'est une valeur fondamentale pour moi, en tant que citoyen et en tant que croyant. Que d'autres, se revendiquant de la même religion, aient un réflexe de rejet, d'homophobie, une contraction morale, une telle attitude réactionnaire m'afflige et m'indigne au plus au point.

Être catho en 2012 n'était pas facile. En 2013, c'est devenu beaucoup plus difficile.

Et d'ailleurs, je me demande si je me reconnais désormais sous ce terme. En d'autres lieux, en d'autre temps, ma recherche spirituelle aurait pu s'orienter vers d'autres religions ou d'autres philosophies. Faut-il que je continue à m'accrocher au catholicisme ? J'y ai rencontré des personnes formidables, respectueuses de l'autre. Il serait fort dommage que les gens ordinaires qui vivent leur foi catholique sans bruit et de façon authentique et généreuse soient mis dans le même sac qu'un groupe bruyant animé par la peur et exprimant l'intolérance. Alors aujourd'hui, je suis toujours catho, juste encore un peu moins fier de l'être.