Il y a quelques jours circulait sur Twitter un lien vers un article du Guardian, French are 'taught to be gloomy by their culture' (traduction approximative : "c'est la culture du pays qui pousse les français à être malheureux"). C'est en fait lié à un rapport en anglais, intitulé The French Unhappiness Puzzle: the Cultural Dimension of Happiness (format PDF, traduction du titre : "l'énigme du malheur français, la dimension culturelle du bonheur"), rédigé par une chercheuse française.
A l'époque de sa sortie, Le Monde avait publié cet article : La dimension culturelle du bonheur... et du malheur français.
Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que ça fait des années que je me pose des questions sur le bonheur. Questions d'autant plus légitimes que j'ai à peu près tout pour être heureux[1] sans vraiment vraiment me sentir heureux. Et j'en suis arrivé à me dire que dans mon éducation, quelque chose avait été oublié. Et visiblement, je ne suis pas le seul. Autour de moi, j'ai l'impression que c'est peu ou prou la même chose, sauf quand je tombe sur des gens qui ont de vraies raisons d'être malheureux. Eux au moins ont une excuse ! Et plus le temps passe, plus je vois le français râleur, voyant des verres à moitié vides là où on pourrait les voir à moitié pleins, et je crois fermement que ça contribue à réduire le bonheur de nos concitoyens. Et c'est là que j'ai découvert la psychologie positive, qui sera l'objet d'un prochain billet ! (désolé pour le teasing…)
Tiens, à propos de bonheur, voici une illustration de votre serviteur heureux :
Col de la Madeleine, juin 2004, sur ma Moto Guzzi de 1979
Note
[1] Job exaltant, famille stable, deux enfants supers, femme merveilleuse…
15 réactions
1 De Jonathan - 27/03/2013, 18:37
Un grand ours a dit un jour : "il en faut peu pour être heureux".
Avec la bonne mentalité, c'est carrément vrai. J'attends donc avec impatience ce que tu vas nous raconter
Signé : un jojo avec des projets plein la tête, et heureux !
2 De _kud - 27/03/2013, 19:08
C'est un sujet auquel je suis aussi attaché. Au plaisir de te lire dans ton prochain article (c'est déjà ça de gagné ;)).
3 De Thierry - 27/03/2013, 20:51
Paradoxalement, l'homme le plus heureux du monde, Mathieu Ricard, est Français
4 De matt - 27/03/2013, 20:56
Astuce pour etre heureux: enlever les pensees negatives de l'esprit et les opposer avec une pensee positive, preparee d'avance, d'une memoire personnelle glorieuse. Le fait de visualiser pendant 1 minute ou 2 ou plus, une telle memoire parfaite, rend heureux (vraiment). J'ai appris la technique en Inde ou j'ai vecu un an, et cela fonctionne c'est epoustouflant. C'est une technique bien connu des sages depuis des milliers d'annees, et enseignee dans beaucoup d'ecoles de l'esprit.
Bien sur, etre heureux de cette maniere implique de devoir aussi vraiment traiter des problemes en etant a l'ecoute de soi, pour traiter les vrais problemes. La meditation aide aussi.
En tout cas c'est fantastique de voir que des techniques simples peuvent changer la vie comme elles l'ont fait pour moi. Bon courage sur la route du bonheur !
5 De David Bruant - 27/03/2013, 22:11
Après avoir passé un an en Californie, c'est ma conviction. "programmés", c'est un mot un peu fort, mais il y a un peu de ça.
Une des raisons pour lesquels j'ai décidé de ne jamais vivre à Paris, c'est la négativité ambiante. Dans le métro, on se bouscule, on ne s'excuse pas, on s'insulte, on s'agace des gens qui ne marchent pas assez vite.
Récemment, Thomas Parisot (@oncletom sur Twitter) est parti à Londres et il y a eu une panne de métro à un moment. A Londres, les gens descendent dans le calme et attendent le suivant. En France, tout le monde râlerait, pesterait contre "ces fainéants de fonctionnaires qui sont pas foutus de faire marcher le métro". Dans les aéroports, les plus râleurs au moindre problème, ce sont les français.
Nous avons aussi une énorme culture de la contestation sans contre-proposition constructive. Une grève, ça permet d'exprimer un mécontentement, mais ça ne résout rien.
J'ai l'intuition que la négativité ambiante en France garde notre cerveau dans quelque chose de négatif et affecte notre capacité à être heureux. C'est particulièrement fort à Paris.
Si l'envie t'en prenait, essaye Bordeaux, c'est à 3 heures de Paris et je crois que les gens y sont assez heureux. Ou Lyon (à 2 heures de Paris).
6 De Philippe - 28/03/2013, 04:16
Merci pour les liens dans ce billet. J'ai regardé hier le talk du fondateur de Mindvalley intitulé: Why Happiness is the New Productivity (http://www.mindvalley.com/flow). Il y explique les raisons du succés de son entreprise en grande partie grace à la psychologie positive. Ça peut peut-être vous inspirer pour votre prochain billet.
Sinon, belle moto
7 De Moi, me, and myself - 28/03/2013, 08:31
Cette question me taraude depuis des années...
étant plongé depuis des années dans une mélancolie qui confine quelque fois à la dépression, je me demande pourquoi suis-je si négatif alors que j'ai tout pour ne pas l'être; un boulot dans l'informatique qui malgré ses aléas est quand même privilégié et pas trop mal payé pour l'endroit où je me trouve, une femme, des enfants.
Et je ne dois pas être le seul dans, au vu de la quantité d'anti-dépresseurs consommés en France.
Pourtant je me dis que cette façon de voir la vie si négative n'est qu'une vue de l'esprit, et il n'y a qu'a forcer un peu sa nature pour voir les choses de manière positive et aller de l'avant
On peut aussi se demander si cette façon de penser n'a pas un réel impact sur l'économie. à voir tout en berne, on ne se projette pas dans le futur, et on attend que la crise passe pour se lancer.
Bref, il y a certainement un gros boulot a faire dans notre éducation pour positiver la vie.
8 De NicoM - 28/03/2013, 11:11
C'est un cercle vicieux et il ne manque pas grand chose pour le briser, comme du beau temps par exemple...
Mais malheureusement, la fait d'être négatif est aussi la conséquence de l'anticipation. Et l'anticipation et permise par la connaissance, la culture, la logique, la réflexion... bref, l'intelligence. Un adage dit que plus on est intelligent, plus on est malheureux... c'est donc plutôt une bonne nouvelle pour vous Tristan finalement d'être pas si heureux que ça
Mais dans tous les cas, juste un petit conseil, méfiez vous de l'installation possible d'une dépression, même légère. C'est surtout la durée qui peut nuire. Vivement l'été. Prenez le soleil et profitez de vos nouveaux locaux chez Mozilla !
9 De N - 28/03/2013, 11:54
"A Londres, les gens descendent dans le calme et attendent le suivant. En France, tout le monde râlerait, pesterait contre "ces fainéants de fonctionnaires qui sont pas foutus de faire marcher le métro"."
Pour l'avoir vécu un paquet de fois à Paris, cela fait parti pourtant des moments les plus sympa. C'est le seul moment ou les gens parlent entre eux de façon décontracté, tout le monde étant dans la même galère.
"On peut aussi se demander si cette façon de penser n'a pas un réel impact sur l'économie. à voir tout en berne, on ne se projette pas dans le futur, et on attend que la crise passe pour se lancer."
Si on écoute les média, on est en crise depuis 20 ou 30 ans et en crise mondial depuis 2008. Ma boite est international, les vendeurs se marrent bien quand on parle de crise, l'Asie (dans son ensemble, il n'y a pas que la chine) et l'Amérique du sud ne se sont jamais porté aussi bien, les USA repartent, même en France, les commandes continuent. La boite va faire +30% de CA et sans doute aussi 30% de marge. Les journalistes aussi devraient se demander d'où vient ce pessimisme auto-flagelateur. On parle toujours de la centaine de postes délocalisés, mais jamais des centaines de nouveau postes créé _par jour_. Il y toujours une volonté de souligner ce qui va mal, alors que mis en perspective, cela reste mineur.
10 De Nimax - 28/03/2013, 13:42
Je suis français et je suis heureux mais d'être heureux lorsqu'on est entouré par des gens malheureux (faux malheureux) n'est pas facile
@Thierry: Mathieu RICARD est français mais il ne vit pas en France.
11 De Lanza - 28/03/2013, 20:02
Nous sommes éduqués à penser que bonheur est synonyme de "vie facile", de "confort", et de "sécurité". Il me semble quant à moi que c'est le plus court chemin vers la morosité.
Je pense que le bonheur, c'est la réalisation, la réussite face à un risque réel d'échouer. Et la prise de risque, en France, ce n'est pas spécialement valorisée. C'est pas "raisonnable".
12 De Matanapari - 29/03/2013, 11:50
Hum, c'est une question de personnalité, on est apte au bonheur où pas selon moi.
C'est simple, c'est une question de point de vue sur la vie, vous pouvez toujours croire qu'il "faut" positiver, si vous ne savez pas sourire le matin en voyant un brin de soleil, rigoler en voyant votre chat faire des bêtises, bref être simple, vous ne serez jamais heureux. Vivre du présent, savoir voir ce qui est beau, y mettre un brin d'humour et op tout va mieux.
Ce n'est pas que moi qui le dit, la capacité de bonheur de chacun est différente, en cas de gros soucies, la résilience de chacun est différente, et l'on fini toujours par retrouver sa capacité de base...
Une réflexion intéressante en tout cas.
13 De jeromeenligne - 29/03/2013, 16:35
Bonjour Tristan
Concernant cette quête du bonheur, je vous renvoi au livre "critique du bonheur" de Miguel Benasayag.
Achat: http://www.amazon.fr/Critique-du-bo...
Extrait du site lexnews, voici un morceau d'interview ou il est question du bonheur:
LEXNEWS : " Comme le bonheur ? "
---Miguel BENASAYAG : " Oui. Effectivement chercher le bonheur, ce genre de « trucs », sont des mécanismes disciplinaires très durs pour rabattre le désir, la vie vers des « sales petites affaires » comme le disait DELEUZE ! Ainsi, tout d’un coup, on peut être passionné par la philosophie, par la botanique, par la musique…on peut être fasciné par des choses qui nous tirent par le bout du nez c’est-à-dire qui nous conduisent – ce n’est pas nous qui décidons – et tout cela va être rabattu vers des considérations personnelles et cela est très très dur…"
LEXNEWS : " Vous allez même loin puisque vous dites par exemple que le bonheur conduit au malheur – ce qui est dommage – voire même que cela est dangereux …"
Miguel BENASAYAG : " Oui, qui cherche le bonheur – et cela s’appuie sur vingt cinq ans de clinique, de pratique d’analyse – trouve le malheur ; Car vouloir être heureux, cela signifie vouloir éviter tout ce qui pourrait nous rendre malheureux…
Or, c’est une vie qui se coupe de tout, petit à petit on se coupe de tout parce qu’on ne veut pas prendre le risque d’être malheureux : ainsi, on ne veut pas trop travailler parce qu’on sera fatigué, et ainsi de suite…! Vouloir le bonheur, cela implique déjà que la vie même devienne sa propre caricature, devienne l’ombre de la vie…et quand la vie devient l’ombre de la vie, même là, on n’aura pas éviter le malheur ! Toutes ces idéologies, comme « chercher le bonheur », qui présentent des couleurs vives, attrayantes, sont en fait des trucs très très tristes… elles sont des machines à produire de la tristesse.
Quelqu’un qui cherche le bonheur est – malheureusement pour lui – piégé dans une machine à produire de la tristesse et le danger – il y en a plusieurs – est notamment qu’une société devienne de plus en plus disciplinaire : « vous devez éviter le malheur… », « vous devez vouloir le bonheur…», et les gens sont dès lors très malheureux puisqu’on n’arrête pas de leur dire vous avez tout pour être heureux !
Or, être heureux ne dépend jamais d’un tout quelconque ; On peut être heureux à n’importe quel moment et sans aucune condition. Mais, on culpabilise les gens ; Or, on doit faire ce que l’on fait et le bonheur, comme le malheur, sont de surcroît. Il m’est arrivé à des moments parfois incroyables, par exemple en prison, de sentir une plénitude totale parce que j’étais en train de faire ce que j’étais en train de faire, et à l’inverse, à des moments où tout allait bien, de sentir un malheur total…C’est là qu’il faut pouvoir s’excentrer, il y a des moments lumineux et des moments obscurs dans la vie, des moments de bonheur et des moments de malheur, et ne pas s’attarder à cela et de pouvoir savoir qu’à un moment obscur va succéder un moment lumineux et inversement…La seule question qui demeure est : « mis à par cela, de quoi s’agit-il ? » En fait, plus on se concentre sur ce qu’on croît être personnel plus on s’en éloigne. Parfois, ce qui me fait rire, c’est lorsque on me dit « mais, toi, tu ne parles pas de ta vie personnelle ! » ; Mais, c’est drôle, parce qu’à vrai dire, je pense fondamentalement, de par mon expérience, que plus on parle de choses que l’on considère comme personnelles, plus on est dans une sorte d’impuissance.
C’est comme ces gens qui veulent connaître la vie d’EINSTEIN, qui était vraiment EINSTEIN ? Mais, que veulent ils en fait savoir ? Comment mangeait-il ? Comment dormait-il ?…c’est ridicule, si EINSTEIN est justement EINSTEIN pour quelque chose, ce quelque chose justement n’a rien de personnel. Nous sommes dans cette singularité justement dans les côtés de nos vies qui débordent le côté personnel. Or, cette inversion est, pour moi d’un point de vue politique, comme un mécanisme disciplinaire très fort de rabattement de la vie, du désir sur des « petites affaires."
La suite et le début à cette adresse: http://www.lexnews.fr/philosophie.h...
Bonne lecture
Jérôme
14 De FabienB - 29/03/2013, 17:02
Bien sympa la photo.
La prochaine étape c’est de faire le col de la Madeleine en vélo
15 De Daoro - 02/04/2013, 08:53
Lu récemment (mais je n'arrive plus à retrouver la source) : au lieu d'être en quête perpetuelle de bonheur, il faudrait commencer par retrouver un sens à sa vie. Semblerait-il que l'on soit beaucoup plus satisfait, même si on est malheureux, si nous avons su donner un sens, un but, à notre vie.