novembre 2019 (3)

mardi 26 novembre 2019

Place aux jeunes dans la lutte contre la surveillance

Il y a quelques semaines, j’étais contacté par une étudiante recommandée par une amie pour l’aider un travail lié à la vie privée. J’essaye autant que possible de me rendre disponible pour ce genre de choses, et là, j’ai eu le nez fin (ou plus précisément de la chance) : la jeune Zuzanna Sonenberg qui me posait des questions a publié un mémoire qui a été récompensé du 1er prix Mazars Bernheim[1] pour son mémoire « The electronic and economic mass surveillance of GAFAM » librement téléchargeable sur le Standblog (format PDF, 5,2 Mo). J’ai posé quelques question à Zuzanna quelques questions pour mieux comprendre son travail. Les voici :

Bonjour Zuzanna, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Zuzanna Sonenberg, j’ai 24 ans. Je viens de quitter les bancs de l’école et m’apprête à entrer dans la vie active. Je suis diplômée de Sciences Po Aix et de l’Université Paris-Dauphine. J’adore voyager et regarder des documentaires Arte.

Vous avez rédigé un mémoire sur la surveillance de masse, pourriez-vous le résumer, quelles en sont les conclusions ?

A travers ce travail, j’essaie de démontrer à quel point les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont omniscients et n’existent que grâce à nos données personnelles. Ces entreprises ont mis au point des business model très lucratifs reposant sur la collecte et l’exploitation des data de leurs utilisateurs en échange de services numériques en apparence gratuits. Toutefois, ces mêmes services sont en réalité de puissantes armes de surveillance de masse. L’agrégation continue des données personnelles permet à ces acteurs privés de suivre leurs utilisateurs partout en tout temps. Ce mémoire propose ainsi une analyse du système de surveillance et de contrôle mis en place par les plateformes numériques en mobilisant les concepts de Michel Foucault, Gilles Deleuze, Antoinette Rouvoy et Shoshana Zuboff, afin de comprendre son fonctionnement et son fort ancrage dans notre société contemporaine.

En vue de confronter le cadre conceptuel à la réalité, une étude quantitative a été réalisée de manière à comprendre les habitudes des individus sur internet et déceler leur perception des GAFAM. L’étude illustre une lucidité certaine des utilisateurs sur la nécessité de se protéger contre les risques associés à l’extraction et au traitement des données personnelles par les GAFAM. Néanmoins, elle souligne également une importante méconnaissance des solutions alternatives aux géants du Web et un manque de réflexion de la part des répondants sur leur responsabilité individuelle dans le capitalisme de surveillance actuel. Par ailleurs, ne disposant pas d’une entière compréhension de l’ampleur ni des enjeux liés à la collecte de leurs données, les individus ne peuvent réellement se mobiliser et lutter conjointement contre ce phénomène. Quelques recommandations sont donc proposées pour agir à l’échelle individuelle, collective et institutionnelle afin de changer les réflexes et usages des internautes.

Comment vous est venue l’idée de travailler sur ce sujet ?

Je suis partie d’un constat personnel : tout mon entourage était très favorable au développement et à l’utilisation massive des nouvelles technologies. Mes amis souhaitaient accroitre leur accès aux services connectés et désiraient un monde davantage numérisé. Mes cours à la fac promouvaient également l’utilisation des technologies et des objets connectés. Ce discours unanime dominant m’a rendue sceptique. Je me sentais mal à l’aise, car cette digitalisation croissante de notre société ne me réjouissait aucunement. Tous les partis parlaient d’une même voix pour vanter les bienfaits des services numériques sans interroger leurs potentiels dangers. J’ai donc décidé d’explorer la face sombre du monde numérique en me concentrant sur les GAFAM, qui représentent le modèle le plus abouti du capitalisme de surveillance.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou intéressé en travaillant sur ce sujet ?

Ce qui m’a le plus surpris en travaillant sur ce sujet est le manque de réflexion personnelle sur le fonctionnement des services numériques et le manque d’un sentiment de responsabilité individuelle dans le processus de collecte des données de la part des utilisateurs des GAFAM. Il est évident que ces acteurs ont révolutionné nos vies et que nous ne pourrons cesser du jour au lendemain d’utiliser leurs produits. Néanmoins, il est du devoir et de la responsabilité de chacun de prendre en charge sa destinée numérique. En acceptant, sans ne jamais les lire, les conditions d’utilisation des plateformes connectées, les individus donnent volontairement et intentionnellement leur accord pour le traitement et l’analyse de leurs données personnelles par des tiers. Ils devraient, à mon sens, se questionner sur le caractère gratuit des services offerts, sur l’essence de la rentabilité financière des GAFAM et être plus vigilants dans l’espace virtuel au lieu de se laisser distraire et se complaire dans un système qui viole leur vie privée.

Merci Zuzanna, il ne reste plus qu’à souhaiter bonne lecture aux lecteurs anglophones du Standblog !

Note

[1] Cf aussi sur Twitter.

mardi 19 novembre 2019

En vrac du mardi

Vélo en bord de mer

lundi 4 novembre 2019

En vrac de Novembre

Vélo en bord de mer

Citation du jour, à propos du changement climatique, extraite d’un billet du blog Signaux Faibles :

Quand nous nous repencherons dans vingt ans sur la période actuelle, nous serons surpris de la timidité de certaines décisions, de la superficialité de certains argumentaires déployés pour freiner les changements, de la médiatisation apportée à certains discours rétrogrades. Nous les regarderons de la même façon que nous considérons aujourd’hui les thèses climatosceptiques d’un Claude Allègre qui ont pourtant été développées, médiatisées et soutenues (par des personnalités comme Luc Ferry) il y a moins d’une décennie… Demain, les positions aujourd’hui considérées comme radicales paraîtront plutôt banales. La radicalité de demain ne sera pas celle que l’on croit. Nous n’avons encore rien vu.