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mardi 19 octobre 2010

Le point sur HTML5 et ses amis

ZDNet a fait un long travail sur HTML5 avec une interview croisée de Daniel Glazman (Co-chair du CSS Working Group du W3C) et moi en tant que représentant de Mozilla, en cinq parties (excusez du peu !) :

  1. HTML5 - Petite histoire et promesses d'une évolution majeure du Web (volet 1) ;
  2. HTML5 - Une nouvelle porte pour les applications riches sur le Web (volet 2) ;
  3. HTML5 - De nouveaux outils pour la sémantique et le référencement (volet 3) ;
  4. HTML5 - Le remplaçant de Flash sur la vidéo ? (volet 4) ;
  5. HTML5 pourra-t-il tenir ses promesses ? (volet 5) ;

vendredi 1 octobre 2010

Partager les connaissances sur le développement Web

Dans à peine plus d'un mois va se tenir à Barcelone[1] le Drumbeat Festival, dont le thème est "Education, Freedom and the Web"[2].

En particulier, un volet très important de cet événement (le premier dans son genre) porte sur l'enseignement du Web ouvert, sous le nom de Webcraft toolshed (qu'on pourrait traduire par "l'atelier de l'artisan Web"), en partenariat avec P2PU Webcraft (Peer to Peer University).

Comme vous l'imaginez, c'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, puisque c'est exactement pour cette raison que j'ai initié le projet OpenWeb.eu.org en 2002, avant de lancer un peu plus tard le Standblog.

Je lance donc un appel à ceux qui veulent aider à réinventer la transmission du savoir en ce qui concerne le Web ouvert. Parmi les sujets que nous comptons discuter :

  • Comment valider les savoirs acquis ?
  • Identifier les ressources pédagogiques qui existent et celles qui doivent être améliorées ;
  • Comment améliorer le programme School of Webcraft de la Peer to Peer University ;
  • Comment écrire un cours pour ladite P2P University ?
  • Comment aider les professeurs à aider les jeunes élèves à faire leur propre site ?
  • Echanger les savoirs : les développeurs Web rencontrent les pédagogues ;
  • Comment enseigner le Web ouvert.

On notera que tout cela s'inscrit aussi dans une démarche qui touche à l'Open content, les Hackerspaces, l'incubateur de l'apprentissage local et bien d'autres choses, dont la réinvention de l'université (rien que ça).

Alors, qui devrait venir en particulier à cet événement ?

  • Les gens qui enseignent le Web
  • Les auteurs de ressources pédagogiques libres et ceux qui remixent de tels contenus
  • Les "Edupunks"
  • Les gens impliqués dans les Creative Commons et le contenu Libre
  • Les bibliothécaires radicaux
  • Les Wikipediens
  • Les start-ups dédiées à l'Open Education
  • Bien sûr, les professeurs et étudiants de toutes sortes.

Si vous voulez participer au Drumbeat Festival 2010, contactez-moi ou mon collègue William Quiviger (wquiviger à mozilla point com). Précision utile : si les frais associés à cet événement pouvaient s'avérer rebutants pour certains, je devrais pouvoir les aider financièrement (dans la mesure des places disponibles, évidemment).

Alors, si vous avez envie de changer la façon dont on enseigne le Web, on se retrouve à Barcelone ?

Notes

[1] Petit port de pêche connu pour ses tapas, ses ramblas, sa vie nocturne...

[2] Pour ceux qui ont du mal à suivre, ça donne "l'éducation, la liberté et le Web", si, si !

jeudi 2 septembre 2010

H.264 est toujours non-libre et non-gratuit

MPEG-LA a récemment fait une annonce qui jette le trouble dans le monde des codecs : MPEG LA’s AVC License Will Not Charge Royalties for Internet Video That Is Free to End Users Through Life of License, ce qui a fait croire à certains que H.264 était devenu gratuit. Rien n'est plus faux. Le fait est que dans certains usages très particuliers - la diffusion gratuite de vidéos par des sites Web - H.264 est devenu gratuit (mais toujours pas Libre, bien sûr)... alors qu'il l'était déjà, mais seulement jusqu'en 2014. Comme l'explique mon collègue Mike Shaver, rien n'a changé.

J'ai expliqué cela au journal Le Monde, qui a du coup publié La bataille des codec vidéo sur Internet se poursuit.

Pour faire simple, voici le problème :

Le cycle de vie d'une vidéo, c'est :

  1. Création (Enregistrement, montage, doublage, etc.) et encodage dans un format donné (il faut donc un codec H.264 dans la caméra et aussi dans le logiciel de montage).
  2. Diffusion (par exemple par streaming ou téléchargement sur Internet)
  3. Décodage par le spectateur (par exemple dans son navigateur)

Les fabricants de matériel encodant de la vidéo en H.264 payent des royalties à la MPEG-LA[1] pour utiliser le format. Il en est de même pour les éditeurs de logiciels de montage vidéo. Pareil pour les appareils (lecteurs de salon) et logiciels (navigateurs, systèmes d'exploitation) permettant de lire ce format. Les sites qui diffusent de la vidéo sont divisés en deux cas :

  • ceux qui offrent la vidéo gratuitement à leurs visiteurs (en échange de recettes publicitaires). C'est le modèle de rémunération indirecte. Ils n'ont rien à payer du tout, sauf si la MPEG-LA révoque sa licence. Ils s'en réservent le droit.
  • ceux qui font payer l'accès aux vidéos. Ceux-ci doivent payer des royalties.

Donc concrètement, les créateurs de vidéo et les spectateurs doivent :

  1. payer le droit d'utiliser H.264, et cela n'a pas changé
  2. utiliser du code propriétaire dans leurs produits. Correction : il est envisageable pour Mozilla - à première vue - de reprendre le code Libre de x.264 pour l'intégrer. Je me suis donc trompé sur le sujet. Merci à STL (commentaire 14) pour l'information.

Et l'approche de Mozilla dans tout ça ?

Trop de personnes ont tendance à voir le problème comme étant une affaire de gros sous. Le problème est en fait tout autre. L'aspect financier n'est pas négligeable, c'est certain on parle ici en millions de dollars, et je pense que cet argent pourrait être utilisé pour l'avenir d'Internet de façon bien plus intelligente. Mais ce qui est le fond du problème est ce que j'expliquais au Monde, et qu'Håkon Wium Lie, CTO d'Opera Software reprend mot pour mot[2] :

Si le Web a connu un tel succès, c'est parce que tous les formats sur lesquels il est basé sont libres, ouverts et gratuits. (...) Tous ces formats peuvent être utilisés de toutes les manières possibles, gratuitement ; c'est aussi le cas pour WebM, et c'est pourquoi nous pensons que c'est une approche plus simple et plus efficace, légalement et techniquement.

En fait, le choix actuel du codec a un impact énorme sur le long terme, car les formats ont la vie dure. Ils ont tendance à rester ancrés bien après être devenus obsolètes, et ils sont souvent adoptés par les utilisateurs qui n'ont pas conscience de cette importance. Juste un exemple : le MP3, qui est maintenant complètement dépassé pour le stockage de musique, est totalement incontournable, la faute à la gigantesque masse de données stockées dans ce format du siècle dernier.

Il faut se souvenir que les formats du Web (HTML, CSS, JS+DOM, JPEG) ont toujours été Libres et gratuits. C'est ce qui a permis son extraordinaire essor. Nous sommes en fait en train de choisir quel sera le format à long terme de la vidéo sur le Web. La question qui se pose c'est : faut-il faire une exception pour la vidéo et accepter un système à péage sur tout le contenu du Web, ou faut-il au contraire en faire une question de principe, pour que tout le monde puisse participer ? Pour Mozilla, en conformité avec le Mozilla Manifesto, c'est tout vu : il vaut mieux choisir un format Libre et ouvert tel que WebM, pour permettre la participation que nous recherchons.

Au final, pour la vidéo sur le Web : voulons-nous un système où les gens sont Libres, ou bien un système à péage ?

Extraits du Manifesto :

  • 1 - Internet fait partie intégrante de la vie moderne — il s'agit d'un composant clé dans l'éducation, la communication, la collaboration, les affaires, le divertissement et la société en général.
  • 2 - Internet est une ressource publique mondiale qui doit demeurer ouverte et accessible.
  • 5 - Chacun doit avoir la possibilité de façonner son utilisation d'Internet.
  • 6 - La réalité d'Internet en tant que ressource publique dépend de l'interopérabilité (des protocoles, des formats de données, du contenu), de l'innovation et d'une participation décentralisée mondiale.

Notes

[1] Chose très étonnante, tous les appareils ayant une licence pour encoder comme mon appareil photo sont strictement "pour un usage personnel et non-commercial".

[2] Je sais qu'Håkon et moi sommes exactement sur la même longueur d'onde sur ce sujet, mais je suis agréablement surpris de constater une telle communion d'idée, au point que j'ai cru que la citation était de moi :-)

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