Un de mes amis me raconte que son ancienne société, avec laquelle il a gardé d'étroits contacts, vient d'être victime d'une histoire peu banale. Très probablement suite à une dénonciation, la BSA a fait une décente dans leurs bureaux. Sans prévenir, a débarqué une drôle d'équipe composée de :
- Un policier;
- Un huissier;
- Un témoin;
- Un avocat de la BSA;
- Un représentant de Microsoft;
- Un expert judiciaire en informatique.
Après s'être présentés le matin, ils ont inspecté les ordinateurs, exigé la présentation des documents de licence, pour conclure que certains logiciels n'étaient pas en règle, ils ont fait la somme des licences manquantes. Comme l'activité de l'entreprise est liée à la PAO, de nombreuses polices de caractères étaient restées sur les disques durs de l'entreprise, prêtées par les clients dans le cadre de travaux de flashage. Total de l'amende : 110.000 euros. Soit près de 11.000 euros par employé, alors que l'entreprise était bien plus à jour en terme de licence que la plupart des entreprises que j'ai eu l'occasion de fréquenter. Après négociation (entre autre à propos des polices de caractère), le montant a été réduit à seulement 40.000 euros. Cet argent doit être dépensé à hauteur de 40% (soit 16.000 euros) en licences auprès des sociétés membres de BSA. Le reste (24.000 euros) est une amende. Le calcul est le suivant : si l'on estime à 16.000 euros les prix des licences manquantes, on multiple par 1,5 ce montant pour obtenir le montant de l'amende qui vient en complément. On arrive donc dans le cas présent à un total de 40.000 euros pour quelques logiciels installés avec trop peu de rigueur par des employés les utilisant très occasionnellement, plus la nécessité de fermer l'entreprise pour la journée, le temps de l'inspection. L'addition est lourde, très lourde, surtout pour une PME. Commentaire de mon contact dans cette entreprise : on est pas près d'utiliser des polices de caractères Adobe ni de logiciels Microsoft dans notre travail créatif !
Comme je l'expliquais hier, ma machine est en règle en terme de licences. Mais on voit ici qu'une société qui n'a pas la volonté de pirater des licences peut se retrouver dans une situation très délicate. Demandez-vous si votre entreprise peut se permettre, au débotté, de fermer pendant une journée complète (ou plus), et de dépenser pour 4.000 euros par employé, par la magie de la BSA. Et demandez-vous aussi si personne (concurrent, ancien employé ou autre tire-au-flanc) n'a intérêt à vous dénoncer pour toucher 10% de la somme en jeu (dans la limite d'environ 15.000 euros). Je suis sûr qu'il existe dans à peu près n'importe quelle organisation, un foie jaune capable de se laisser tenter par de l'argent facile, d'autant que la BSA ne fait pas les choses à moitié : elle propose un formulaire en ligne et même un numéro vert, le 0800 912 723. Comme quoi, on peut devenir délateur sans même devoir débourser le moindre centime.
les visiteurs se rendant sur notre site Internet ont la possibilité de signaler à BSA, par courrier électronique ou via notre hot line (0 800 912 723) des actes de piratage de logiciel.
Revenons au coeur du problème : croyez-vous que le passage aux logiciels libres, qui vous affranchirait des descentes de la BSA façon Gestapo, vous couterait moins de 4.000 euros par employé ? J'en suis persuadé, même en comptant d'éventuels frais d'installation et de formation. Vous pourriez même envisager de donner le solde à une fondation ou une association, comme APRIL ou Mozilla Foundation... Réflechissez-y.
7 réactions
1 De glandium - 10/09/2003, 19:19
Seul problème : les polices de caractères ; finalement très peu sont vraiment libres, et encore moins sont vraiment bien en terme de rendu.
2 De Dam_ned - 10/09/2003, 19:21
Tiens ca me rappelle quelque chose
Ha oui, les cordes de guitare hernie Ball :
http://archive.infoworld.com/articles/hn/xml/02/11/27/021127hnerniball.xml?s=IDGNS
3 De Alex - 10/09/2003, 20:26
Cette descente est indécente!
4 De Sam - 10/09/2003, 22:08
Le problème des polices de caractère est réel, et peut-être même plus important que celui des licences logicielles. Toutes les créations pour les grandes marques utilisent dans leurs chartes graphiques des polices commerciales (généralement Adobe). Mais aucun client ne fournit jamais les polices en question aux prestataires (sauf si la police lui appartient en propre). Souvent il se trouve que, bien que la police soit "de charte", le cient n'en a aucun exemplaire car il assume (avec raison) que son prestataire les possède. Un cercle vicieux, et très dangereux...
5 De Frédéric - 10/09/2003, 23:28
Une parodie d'une affiche du BSA :
http://www.parinux.org/affiches/
6 De sukria - 11/09/2003, 09:49
On se croirait dans un livre de Philip K. Dick ! C'est hallucinant !
7 De Eric Daspet - 11/09/2003, 10:31
Quatre choses à savoir à propos des interventions de la BSA :
- ils n'ont aucun droit de vérification ou représentation officielle. Ils sont là à titre privé sans aucune mission du service public. La seule différence avec monsieur tout le monde c'est qu'ils sont assermentés et que s'ils constatent quelque chose ça a une valeur officielle devant les tribunaux.
Ici il y a un policier, je suis curieux de savoir comment ils ont obtenus la présence d'un policier sur les lieux (et ça ne sent pas très bon) mais je doute qu'un quelconque officer de la police judiciaire ai pu autoriser une perquisition sur simple dénonciation. Ce n'est réellement pas crédible donc il ne s'agit probablement que de quelqu'un là pour voir, regarder, certifier, surveiller. Il ne donne probablement aucun droit supplémentaire ou officiel à la délégation. Simplement ca impressionne et on a l'impression (à tort) qu'ils ont le droit.
- Parti de la constatation précédente rien ne les autorise à rentrer chez vous ou votre entreprise ou à vérifier quoique ce soit .. à part vous. Quand ils demandent à entrer il faut simplement leur dire "non". Ils n'ont aucun droit de plus que le voisin pour rentrer chez vous (même si ils vont employer toutes les tournures possibles pour vous faire croire le contraire). Si un employé les fait rentrer vous pouvez toujours par la suite leur refuser l'accès à ce que vous voulez : salle, ordinateur ... Vous êtes chez vous et vous avez toute liberté de leur refuser ou autoriser l'accès à ce qui vous semble intéressant.
En cas de problème ne pas hésiter à leur demander de coucher par écrit avec signature tout ce qui les autorise à entrer. S'ils refusent ou que sur le papier il n'y a rien qui vous oblige à les laisser faire (et ça sera le cas) : refoulez les.
- Si ils rentrent en trompant leur monde (ou essayent), ne pas oublier de porter plainte pour usurpation d'identité et autres infractions du même genre. Ça peut normalement invalider toutes leurs constatations (vu qu'ils ont du enfreindre la loi pour les recueillir elles sont elles-même non recevables) ou au mieux vous permettre de négocier les conclusions en position de force.
- Dernièrement ne croyez pas que je parle là pour des gens qui utilisent des logiciels sans en avoir le droit (chose que je ne soutiens pas) mais il serait très étonnant que vous vous en sortiez blanchis. En effet c'est à vous de fournir sur simple demande toutes les licences des logiciels sur vos postes. Même pour quelqu'un à jour il peut être difficile de tout fournir comme ca sans avoir été prévenu à l'avance. À défaut de pouvoir les fournir tout de suite vous êtes officiellement réputé ne pas les avoir. Vous les avez dans le hangar qui est fermé pour deux semaines et le patron pas là ? vous les avez dans le site d'à coté ? ça ne change rien, c'est prévu et sur le PV il y aura que vous ne les avez pas. Je ne parle même pas des shareware, freeware ou autres softs où c'est à vous de prouver que vous avez les droits (et pas à eux de prouver que vous ne les avez pas).
Si jamais vous avez ces licences mais que vous n'arrivez pas à les fournir n'hésitez pas à les obliger à rester sur site le temps que vous les fournissiez, s'ils refusent faites leur signer le fait qu'ils n'ont pas voulu attendre (histoire que la validité de leur constatation soit contestable).
C'est une sorte de 'milice' privée qui joue sur le fait qu'ils soient assermentés pour forcer le passage et se faire passer pour une entité officielle qui a le droit de débarquer chez vous. Ils ont déjà été condamné pour ça, ne vous laissez pas faire.