La fin est toujours le début d'une autre chose. Oulah, ça sonne comme du Beigbeder, ça. Justement, c'est de lui dont je parle. Enfin, de son roman, entre autre. J'ai fini son Windows of the world, en même temps que je finissais mon travail ultra-secret (de polichinelle) qui devrait être publié prochainement. Le parallèle s'arrête là, car autant l'un était intéressant, autant l'autre ne valait pas ses 18 euros. Alors je vais dire du mal de Beigbeder, forcément. Pas parce que c'est la mode, non (j'avais bien ri avec 99 francs, pour son coté saignant). Mais là, avec Windows on the World, on a le droit à 374 pages de creux. Ca fait cher du papier, surtout qu'il n'est pas utilisable pour prendre des notes, ce papier, cet abruti de Beigbeder à déjà noirci toutes les pages. Et puis coté coloriage, comme le signale mon fils Robin, c'est nul : aucun dessin.

On va quand même essayer de trouver quelque chose de bien à ce livre. Au début (page 30), une analyse intéressante des relations France-USA :

La France d'aujourd'hui a le même rapport que la province avec Paris : mélange d'admiration et de rejet, désir d'en être, gloire d'y résister. On veut tout savoir sur eux pour pouvoir hausser les épaules d'un air dédaigneux. Etre au courant des dernières tendances, des nouveaux endroits, des ragots new-yorkais, afin de souligner ensuite à quel point on est bien ancré dans la réalité profonde de notre terroir.

Les américains semblent avoir effectué le chemin inverse de l'Europe : leur complexe d'infériorité (pays récent, nouveau riche, puéril, dont l'histoire et la culture sont en grande partie importées) a viré au complexe de supériorité (leçons de savoir-faire et d'efficacité, xénophobie culturelle, mépris commercial et écrasement publicitaire).

Quant à l'exception culturelle française, contrairement à ce que disait un pédégé viré depuis, elle n'est pas morte : elle consiste à faire des films exceptionnellement chiants, des livres exceptionnellement baclés, et dans l'ensemble des oeuvres d'art exceptionnellement pédantes et satisfaites. Il va de soi que j'inclus mon travail dans ce triste constat.

Il faut bien reconnaître que Beigbeder a raison, autant sur les relations France-USA que sur la qualité de son travail. c'est exceptionnellement baclé. J'aurais du le croire sur parole. Mais j'ai continué bien au delà de la page 30, et j'ai du attendre après la fin du roman, la page Remerciements (page 373), pour sourire à nouveau :

Merci à Bruce Springsteen pour son dernier album (...) Et à Canal+ pour les indemnités de licenciement. Et à Vogalène, Smecta, Lexomil, sans qui ce livre n'aurait pas vu le jour. (...)

Bref, le livre aurait pu tenir en 2 pages, d'autant qu'on connaît l'histoire, puisqu'il s'agit de celle du 11 septembre, et qu'on sait bien qu'à la fin, tout le monde meurt. Au final, Beigbeder ferait un bon blogueur, mais un piètre romancier. Gardez donc vos euros, et allez plutôt acheter Stupid White Men ou Inconnu à cette adresse, voire, dans un tout autre genre, Le messie récalcitrant (qui vaut bien plus que ne le laisse penser le commentaire lapidaire d'Amazon).