Passons les faits en revue :

  1. Microsoft décide d'arreter de développer Internet Explorer. Il faudra donc attendre Longhorn (prévu pour 2006) pour avoir une véritable nouvelle version d'IE.
  2. Les trous de sécurité d'IE se suivent et rivalisent de gravité. (Souvenez-vous en aout et septembre dernier des problèmes liés aux Virus, vers et autres problemes de Microsoft)
  3. Des alternatives (Mozilla, Firebird, Opera, Safari, Netscape 7..) déferlent sur le marché. Sécurisées, évolutives, confortables, personnalisables, elles sont rapidement adoptées par les informaticiens (plus à l'affut de ce genre de choses), qui sont justement des prescripteurs. Parmi les nouveautés offertes concretement par ces logiciels : navigation par onglets, suppression des bannières publicitaires, rapidité de chargement, suppression des pop-ups.
  4. La migration des utilisateurs vers ces navigateurs modernes a déjà commencé, au point d'être visible sur le Google Zeitgeist. Mais beaucoup d'utilisateurs ne percoivent pas l'intéret de changer de navigateurs. L'inertie et la paresse ne favorisent pas la migration de l'utilisateur moyen vers un navigateur indéniablement plus moderne, sur l'air de a quoi bon, puisque IE fonctionne correctement ?

Les faits s'arrêtent là. Voyons maitenant mon analyse pour la suite.

La prochaine version d'IE (IE6.0SP2), prévue d'ici juin 2004, offrira 2 nouveautés :

  • la suppression des pop-ups publicitaires
  • la mise en conformité avec le brevet d'Eolas, avec --cruelle ironie-- des boites de dialogue cliquer ici pour continuer à chaque lancement de plug-in.

En substance, l'utilisateur va se trouver fortement obligé par Microsoft à mettre à jour son navigateur, en faveur d'une version dont l'utilisation est devenue très désagréable (avec toutes ces pages comportant des plug-ins, qui forcent à chaque fois à cliquer dans une boite de dialogue).

C'est une occasion unique qu'auront les navigateurs modernes de s'imposer aux utilisateurs jusqu'alors indécis dans leur migration. Maintenant qu'IE est devenu désagréable à utiliser, il est peut-etre temps de tester un navigateur léger, rapide et confortable comme Mozilla Firebird (6Mo).

Par ailleurs, quand on sait qu'il se vend 4 fois plus de téléphones mobiles que de PC dans le monde, (et que de plus de plus de téléphones mobiles ont accès au Web), et que l'accessibilité est une préoccupation croissante, on commence à réaliser que le temps de la conception optimisé pour IE en 800x600 avec Java et Flash est bien révolu.

Aussi, le problème des plug-ins s'inscrit dans un paysage bien plus vaste. La véritable question que doivent se poser les webmestres est celle de la pérennité de leurs sites (et donc des investissements réalisés dans ce(s) site(s))

  • pour les navigateurs autres que sur PC
  • pour les navigateurs modernes (qui ne reproduisent pas exactement le comportement d'IE, faute de documentation sur le sujet)
  • pour les plug-ins avec IE d'ici juin 2004
  • pour la loi sur l'accessibilité
  • pour les évolutions vers les technologies XML.

Mais revenons à vos questions :

Qui va payer ? Les webmestres. C'est une certitude, sauf cas très particuliers. Quelle société de Web design aurait accepté de mettre à jour le site quelque soit les conditions ? Esperons que les webmestres auront assez de recul pour voir que payer pour contourner le probleme du brevet Eolas, n'est que retarder de quelques mois les problème liés aux navigateurs alternatifs (certaines pages mal codées et ne respectant pas les standards du W3C ne fonctionnent pas dans ces navigateurs et reclament une mise à jour), ceux liés à l'accessibilité, etc...

Comment procéder ? Le problème de fond, c'est que le Web est en pleine mutation, et le probleme du brevet Eolas n'est que la partie emergée de l'Iceberg. Aussi, ma recommandation serait d'évaluer le travail à refaire sur le site Web, puis changer les méthodes de développement pour assurer un site plus facilement maintenable, moins consommateur de bande passante, accessible et compatible avec les navigateurs modernes. Pour cela, l'utilisation des standards du W3C s'impose. (Cf la section Décideur d'OpenWeb)

En terme de méthodologie, je ne saurais trop recommander la lecture de l'indispensable article du W3C: Web Standards Switch

Doit-on faire les changements recommandés par Macromedia, Microsoft et Sun ?. Permettez moi de répondre oui, mais... :

  • Oui, mais pas seulement. (il faut se mettre à respecter les standards)
  • Oui, mais pas sur tout le site (on peut aussi se contenter de mettre à jours les pages les plus visitées, et les nouvelles pages)
  • Oui, mais pas tout de suite (mais il faut commencer dès maintenant à se pencher sur les outils techniques et sur les nouvelles méthodes de développement Web).