Il y a quelque temps, je vous avais parlé de l'Education Nationale, en passe de devenir le plus grand revendeur Microsoft de France (en bas de l'article), dans le cadre d'un accord cadre entre le Ministère de l'Education Nationale et Microsoft, visant à fournir MS-Office 2003 aux établissements scolaires.

Je récapitule pour ceux qui n'avaient pas cliqué sur le lien et téléchargé le document Word. Pour mémoire, il s'agissait de l'avenant N°4, à l'accord cadre Ministère / Microsoft, en date du 18/12/2003 dont une version modifiée est maintenant en ligne.

L'ancienne version indiquait ceci :

(...)le Ministère s'engage à faire tout son possible afin que les établissements précités commandent un minimum de quatre cent cinquante mille (450.000) licences pendant la période d'exécution du contrat Select. (...)

Quand le public est tombé sur cette information, un certain nombre d'yeux (dont les miens) se sont écarquillés. Le Ministère de l'Education nationale s'engage à faire tout son possible pour faire commander 450.000 licences à 60 euros pièce, soit 27 millions d'euros ? Les plus optimistes, (ou les plus libéraux) affirmeront que 60 Euros pour MS-Office, c'est beaucoup moins cher qu'à l'unité. Certes. Mais il faut aussi savoir que Sun Microsystems a proposé gratuitement sa suite StarOffice à l'éducation nationale. Et que OpenOffice.org est libre et gratuite (je l'utilise à l'instant même), et qu'en plus elle fonctionne aussi bien sur Linux que Windows, alors qu'Office 2003 nécessite la mise à jour (lourdement payante) des machines sur Windows XP. Finalement, les 60 Euros (en moyenne) finissent par coûter bien plus cher que ce qu'on pouvait croire. Vous imaginez ce qu'on peut faire avec 27 millions d'euros, (177 millions de francs) dans un secteur qui a autant besoin d'argent que l'éducation et la recherche ?

C'est là que les associations en tout genre se mobilisent (malgré la période peu propice : nous sommes le 18 décembre 2003), se réunissent, vont voir la Direction de la Technologie du Ministère. A la suite de cette rencontre, l'avenant numero 4 a été retiré, puis une version modifiée a été remise en ligne :

(...) le Ministère s'engage à faciliter, dans la mesure des règles de libre concurrence et de neutralité commerciale, les commandes de licences par les établissements précités, étant précisé que les estimations, ayant permis le calcul des tarifs préférentiels portent sur 450 000 licences pendant la période d'exécution du contrat select. (...)

mise à jour : il faut préciser que sur la page 8 de l'accord, on trouve toujours la mention Il est ici précisé que l'ensemble des engagements pris par le Ministère auprès de Miscosoft n'est pas exclusif. J'ai aussi corrigé la coquille en replaçant "Direction Informatique' par "Direction de la Technologie".

Ouf ! Le contribuable que je suis a échappé à une inutile et douloureuse ponction. Le citoyen vigilant se félicite que l'Education nationale préfère les notions de partage liées au logiciel libre plutôt que celle d'un monopole industriel (donc coûteux et aux perspectives limitées à une plateforme). Enfin, le père que je suis n'a pas du tout envie de voir sa progéniture se faire forcément embobiner par une entreprise qui offre des chèques pour faire oublier ses massacres.

Pour ceux qui veulent rentrer au fond des choses, l'AFUL et d'autres associations ont publié un communiqué de presse donnant plus de détails.

Cet exemple, ainsi que celui sur la LEN, mais aussi les brevets logiciels démontrent plus que jamais, il appartient aux internautes et au citoyens d'être vigilants vis à vis de leurs administrations, de leurs hommes politiques, et de ceux qui tentent avec plus ou moins de bonheur, de les influencer.