Je n'ai guère eu le temps récemment de faire le tour des blogs, encore moins des sites d'information. Et pourtant, j'ai trouvé entre hier et aujourd'hui quelques liens d'actualités qui résonnent avec ce que nous faisons en ce moment sur Mozilla Europe.

C'est grace à Google News que j'ai eu l'occasion de visiter pour la première fois le site Web de l'Huma. Il faut dire qu'un article avec comme titre L'homme du jour Pascal Nègre, ça attire l'oeil, surtout venant de l'Huma. Il faut savoir que ce Monsieur Nègre est bien plus négrier que noir, et que c'est le brillant (et donc dangereux) patron d'Universal Music, et qu'il mène un puissant lobbying visant à restreindre les possibilités que nous avons à écouter la musique que nous avons avons tout à fait légalement acheté. Un pareil titre dans le Figaro Economie, ça n'aurait pas tellement choqué, et justement l'Huma cite le Figaro, qui lui-même cite Pascal Nègre. Vous suivez ? Et ce M. Nègre de dire cette vérité toute capitalistique, et tout à fait juste dans notre monde : La règle est claire. Les actionnaires veulent du profit. La filiale que je dirige doit leur donner du profit. Le profit est le prix de ma liberté.. Ce qui est étonnant, c'est à quel point ça m'a fait penser à cette phrase du livre blanc de UserLinux, écrit par l'excellent Bruce Perens. La voici :

But the very aspects that make Linux desirable, its low cost, Open Source nature, and the way it gives customers more control over their software, are under attack by Linux vendors bent on increasing shareholder value.(...) This has hampered the adoption of Linux.(...) The economics of Open Source work worst for commercial Linux distributions. They are attempting to generate profit from a product that they don't own, and to which they can't add much value without departing from the factors that make Linux desirable.

Je traduirais comme ceci :

Tout ce qui rend Linux désirable, sont faîble coût, son aspect Open Source, la façon qu'il a de donner aux clients un meilleur contrôle de leur logiciel, tout cela subit les attaques des fournisseurs de distributions Linux arc-boutés pour augmenter la valeur donnée à l'actionnaire. (...) Cela a retardé l'adoption de Linux. (...) Le modèle économique de l'Open Source fonctionne mal avec les distributions commerciales. Elles essayent de générer des profits avec un produit qui n'est pas le leur, et sur lequelle elles ne peuvent pas rajouter beaucoup de valeur sans s'éloigner de ce qui rend Linux désirable.

C'est intéressant, car c'est un sujet qui nous a beaucoup préoccupé pendant le montage juridique de Mozilla Europe. Comment faire participer des bénévoles à ce projet, tout en s'assurant qu'on peut embaucher des développeurs de haut-vol pour fédérer tout cela ? Car qui dit embauches, dit dépenses et donc revenu nécessaire. Bien sûr, il y a les les dons, les adhésions des membres, le service, et le support technique. Je le disais aujourd'hui sur LinuxFR (sans être compris par tout le monde, visiblement) l'argent, dans le cas de Mozilla-Europe, est un moyen pour atteindre les objectifs de diffusion du logiciel. Cela est en opposition avec la démarche de l'entrepreneur qui souhaite monter une société pour gagner le plus d'argent possible. Ou l'investisseur qui cherche à rentabiliser au plus sa mise de départ. Dans leur cas, la société est un moyen et l'argent un but. En choisissant un mode associatif, nous avons pris le parti de ne pas devenir immensément riche (dans le cas ou on arriverait à gagner un peu d'argent). En effet, impossible d'être coté en bourse, avec une association ! Impossible de revendre ses parts à un associé en faisant une grosse plus-value ! En faisant une croix sur la possibilité de devenir riche, on a offert à Mozilla Europe une legitimité envers les bénévoles, dont on a besoin, et que nous sommes là pour aider. C'est un choix que peterv et moi avons fait tout naturellement, mais je ne suis pas sûr que d'autres, à notre place, auraient fait le même.

Enfin, c'est sur Libé que j'ai trouvé cet autre article : En France,le bénévolat ne manque pas de bras. Partant d'un indigeste rapport (en PDF) de l'Insee, Libé donne des chiffres impressionnants sur le monde associatif en France : 12 millions de bénévoles (...) près d'un adulte sur deux adhère à une association, un sur trois y consacre du temps, un sur dix s'y investit régulièrement. Ca me fait penser à une discussion avec Alexandre Zapolki, PDG de Linagora, une SSLL, lors d'un déjeuner que j'animais sur le logiciel libre. M. Zapolky disait le développeur libre, c'est comme le footballeur du dimanche, mais il s'amuse avec son ordinateur plutot qu'avec un ballon !. Après une comparaison pareille, je ne sais pas qui est le plus furieux : le footballeur comparé à un geek barbu, ou le barbu qu'on prend pour un sportif. ;-)

Quoi qu'il en soit, la France et l'Europe sont des réservoirs immenses de contributeurs Mozilla. J'en veux pour preuve l'existence de Geckozone, frenchMozilla ou Mozilla-France, sans compter Mozillazine-FR, et tous les sites de fans. Pour pouvoir fédérer ces énergies, il fallait un point central, crédible, capable de bien communiquer, proche des bénévoles, qui s'investisse dans cette mission. Je pense, et j'espere, que Mozilla Europe sera à la hauteur.