Ce matin, en feuilletant Télérama (N° 2038, page 71), J'ai trouvé une pleine page de pub qui a failli me faire cracher mon thé en pluie fine sur ma petite famille. Signée par les entreprises du médicament, cette pub titre Débarrassons-nous des idées reçues, laissons parler les faits, avec un visuel démontrant une personne mettant le feu à un papier disant Les labos n'inventent plus de médicaments. En petits caractères et en mots parfaitement choisis, la pub explique que vraiment de nouveaux médicaments sont inventés, 40 nouvelles molécules en moyenne chaque année.

La ficelle est un peu grosse, mais pas assez pour m'éviter un commentaire : qui prétend que les labos n'inventent plus de médicaments ? Personne. Ou du moins, personne de crédible. La vérité est toujours un peu plus subtile que les déclarations à l'emporte-pièce ! La vérité, c'est qu'il est de plus en plus difficile d'inventer les médicaments. En effet, tous ceux qui étaient (relativement) faciles à inventer l'ont déjà été. Alors la pub s'attaque à un propos non crédible et en sort vainqueur, forcément. J'ai tout de suite pensé à ce médecin, Martin Winkler, qui avait une chronique sur France Inter, et qui a été limogé pour avoir craché dans la soupe des labos. Je me suis dit, ahh, il faudrait que je fasse un article, la ficelle est trop grosse, ahhhh, mais pourquoi je manque tellement de temps ?. Et là, PAF, quelques minutes après, je tombe sur cet article de l'Aquoiboniste, qui résume à la perfection le propos que j'aurais souhaité tenir :

Le problème avec "la réforme" de la sécu, c'est qu'on omet toujours un des facteurs essentiels du déficit: les entreprises du médicament, qui pour compenser leur manque d'innovation et le déremboursement de nombreux médicaments se reportent sur d'autres produits remboursés. Petite fuite en avant qui permet de gagner du temps, par un système qui a bien intégré l'inéluctable. Les entreprises du médicament déposent en effet de moins en moins de brevets et comme leurs "anciens" brevets tombent dans le domaine public (et deviennent des médicaments génériques) elles ont tendance à se rabattre sur ce qui rapporte, dans une pure logique de profit immédiat, propre à satisfaire leurs investisseurs. Exemple récent: le Tulgras, remboursé à 65% par la sécu et qui vient de voir son prix exploser (il a plus que triplé). Par ailleurs, il faut savoir que les entreprises du médicament emploient (et financent) plus de visiteurs médicaux (commerciaux donc) que de chercheurs... Martin Winckler a fait les frais d'avoir eu le courage de le dire dans sa chronique matinale de France Inter en juillet 2003.

Merci, m'sieur AQB !