Une dépèche Reuters portant sur l'utilisation de logiciels Libres à la mairie de Paris laisse donne la parole à Christophe Aulnette, patron de Microsoft France (l'emphase est de votre serviteur) :

L'éditeur de logiciels Microsoft s'est dit "encouragé" par les conclusions de l'étude d'Unilog et "prêt à relever le défi" par la voix de son PDG pour la France, Christophe Aulnette, dans un entretien avec Reuters. Le numéro un mondial des logiciels a déclaré renouveler son engagement "en faveur des standards ouverts, de la maîtrise des dépenses et de la valeur ajoutée" grâce aux partenaires de Microsoft. Le PDG de Microsoft France a souligné que sa société était prête à "un certain nombre d'efforts" sur le prix des licences de ses logiciels, tout en rappelant que des études démontraient que le coût total des logiciels libres, notamment ceux qui sont liés aux services de maintenance, ne serait pas inférieur à celui des logiciels Microsoft.

Deux réflexions à la lecture de cela :

  1. Si on devait donner 1 centime au Libre à chaque fois que Microsoft ment effrontément à ses clients, on serait tous en train de développer du logiciel Open Source depuis les caraïbes, entourés de créatures de rêves nous apportant des cocktails colorés ! L'engagement de Microsoft sur les Standards Ouverts, c'est une longue histoire faite d'amour et de haine, mais sans l'amour ! Microsoft n'adopte les standards ouverts que contraint et forcé, et pour mieux les saborder. Dans leur jargon, ça s'appelle embrace and extend, mais ça signifie concrètement qu'on commence à les adopter pour les modifier ensuite et faire qu'ils ne fonctionnent bien qu'avec les logiciels Microsoft. Le Web est un exemple criant de cette démarche, mais au niveau d'autres formats, c'est pareil. Même quand une specification comme le format RTF est édictée par Microsoft, les outils de l'éditeur comme Wordpad ne la respectent pas.
  2. Le prix du Libre : tout n'est pas une question d'argent. Certes, c'est important. Certes, c'est ce qui fait tourner le monde en ce moment. Mais le logiciel Libre a une approche radicalement différente, aussi bien au niveau des formats de fichiers, que l'indépendance vis à vis des fournisseurs, et la possibilité de partager des documents entre différentes plates-formes. Se focaliser sur le prix, c'est faire le jeu de Microsoft : pour passer au Libre, il y a un coût de migration, qui est payé une fois pour toutes. Pour rester chez Microsoft, il y a un coût de licence, qui se présente régulièrement, à chaque fois que sort une nouvelle version du système d'exploitation ou de la suite bureautique. Rester sur plate-forme propriétaire est peut-être moins coûteux cette fois-ci, avec Microsoft qui a baissé son pantalon et fait 60% de remise. Mais c'est une voie sans issue. Nos politiques sauront-ils regarder un peu plus loin que le bout de leur nez ? (Merci à Pierre pour l'info).