Le baril de pétrole ne cesse d'augmenter et bat des records (relatifs[1]) tous les jours, nous dit Libé :

Les experts sont formels : Il n'y a aucune raison pour que le prix du baril cesse d'augmenter. Les records du brut traduisent plusieurs inquiétudes. Il y a d'abord, la croissance mondiale. Presque dans toutes les régions du monde, la reprise économique est suffisamment forte aujourd'hui pour provoquer des tensions sur la capacité des pays producteurs à satisfaire les besoins planétaires. (...) La tension sur les prix est d'autant plus forte que personne ne voit vraiment où s'arrêtera la soif de l'ogre chinois. Avec une envolée de sa croissance aux alentours de 10 %, les importations de la Chine en hydrocarbures ont augmenté de près de 40 % au cours du premier semestre 2004.

D'un autre coté, les différents lobbies (routiers, agriculteurs) râlent en coeur pour faire pression sur le gouvernement, et ça marche... Plutôt que consommer moins (seule solution viable à moyen et long terme), il suffit de gueuler pour faire baisser les prix. Evidemment, les consommateurs individuels n'ont pas les moyens de se faire entendre. Il faut donc élaborer des stratégies de contournement, et d'économie :

Tout comme Hervé Morvan, cogérant d'une petite entreprise artisanale d'installation d'aires de jeux, qui fait la route Rennes-Saint-Malo (deux fois 60 km) chaque jour. J'ai diminué ma vitesse, mais si l'augmentation du carburant devait se poursuivre, je trouverais une solution de covoiturage. Je connais quelques personnes qui font le trajet et c'est plus souple que le train pour les horaires et la durée de trajet.

C'est prometteur, mais le problème de fond, c'est que se déplacer ainsi, sur de telle distances, c'est un luxe qu'on ne va pas pouvoir se permettre longtemps. D'une part, on arrive au bout des réserves de pétrole. Mais ça n'est pas ça le vrai problème. C'est surtout qu'on ne peut plus se permettre de rejeter autant de CO2 dans l'atmosphère.

En mars dernier, je vous parlais brièvement d'Elisabeth Kübler-Ross, qui a écrit d'excellents livres sur la mort. Dans ce cadre, elle a listé les étapes par lesquelles chacun passe face à un évènement qui remet en cause nos convictions : le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation.

Il va falloir s'y faire : le pétrole bon marché, la pollution au CO2, ça n'a qu'un temps. Mais on y est tellement habitué qu'on pense que c'est un dû. Alors quand le pétrole augmente de façon permanente, quand on se sent menacé dans nos modes de vie, on refuse de voir le problème, c'est le déni. Avec le temps, quand la pression augmente, on se met en colère (comme les agriculteurs et les routiers, ou on est tenté de trouver des boucs émissaires), on tente de négocier avec un phénomène qui est pourtant inéluctable... Dans notre cas, il est possible de négocier, de consommer moins de pétrole, de limiter nos déplacements, d'utiliser des moyens moins polluants. Devant l'obligation de changer, on risque la dépression, jusqu'à ce qu'on finisse par accepter. Dans tous les cas, le chemin s'avère difficile. Mais il est indispensable, si l'on veut que nos enfants aient un futur sur cette planête que nous consommons, que nous consummons. Et vous, où en êtes vous ? Déni, colère, marchandage, dépression, ou acceptation ?

Notes

[1] a monnaie constante, la crise du pétrole de 1976 s'est traduite par un baril à $100.