Ces jours-ci, il est de bon ton de taper sur Google sur la censure qu'il fera en Chine à la demande du gouvernement. La censure, je suis contre, forcément. Mais rien dans ce monde n'est absolument noir ou blanc. Quand Google censure en Chine, il respecte la loi chinoise. Quand Google refuse d'afficher en France des liens vers des pages Web pédophiles ou nazies ou révisionnistes ou incitant à la haine raciale, il respecte la loi française. Toutes les lois ne se valent pas, c'est certain. Mais je peux vous assurer que chez les américains, on s'étonne souvent de voir qu'il y a des choses qu'on ne peut pas dire en France à moins de risquer la tôle (et c'est très bien comme ça, si vous voulez mon avis).

Alors, qui a raison ?

  1. L'américain qui ne censure rien ?
  2. Le français qui censure un peu ?
  3. Le chinois qui censure beaucoup ?
  4. Ou le français qui oublie qu'il censure un peu et qui crie à la censure ?

Le problème est bien moins simple qu'il n'y parait, comme toujours. C'est typiquement ce genre de situation qui me fait dire "je ne sais pas", quand on me demande mon avis, ce qui est forcément moins confortable que de s'emparer de la première idée toute faite et de la défendre à mort en buvant des coups, quitte à être de mauvaise foi. (Notez que je n'ai rien contre le fait de boire des coups, hein ! J'ai d'ailleurs rapporté de vacances un p'tit Rhum à 62° dont l'arôme me ferait presque relever la nuit, mais heureusement, le Ti'Punch, j'arrête quand je veux la bouteille est vide !).

Mise à jour : La réponse officielle de Google. Elle a du sens, beaucoup de sens. Je trouve dommage d'avoir omis un composant essentiel de la décision : vis à vis des actionnaires, ne pas être présent en Chine serait une bévue phénoménale, les concurrents étant déjà presents sur ce marché formidable. Par contre, et là Google joue bien, c'est qu'il ne va pas offrir ses services blogger.com et gmail.com, qui pourraient l'amener à dévoiler des informations privées à la demande du gouvernement, comme Yahoo a été obligé de le faire par le passé, ce qui a mené un blogueur en prison récemment. C'est un compromis, donc pas aussi satisfaisant qu'une décision franche et claire, mais il a le mérite d'exister : c'est probablement la moins mauvaise solution. (Même si j'aurais aimé que Google refuse de donner son service aux chinois pour des raisons de censure et de non-respect des droits de l'homme, je crois que cela n'aurait provoqué absolument aucune inflexion d ela politique chinoise)...