Deux des pontes français de l'informatique se sont intéressés à la relation entre Google, Microsoft, les applications en ligne et Firefox. D'une part, Pierre Chappaz, dans Libé, écrit Du rififi dans les moteurs. Extrait :

Google, qui ne s'illusionne de toute manière pas sur ses chances de voir la justice intervenir dans un délai raisonnable, a entrepris de faire la promotion de Firefox, le navigateur open source utilisé par 10% environ des internautes. Firefox intègre par défaut le moteur de Google, et permet comme IE 7 de changer de moteur facilement. La situation n'est toutefois pas symétrique, car Firefox est totalement indépendant de Google, et surtout n'est pas livré en standard dans tous les PC!

est-ce qu'à chaque mise à jours des futures versions d'Internet Explorer, Microsoft va réimposer par défaut son moteur aux internautes qui se seront donné la peine de paramétrer leur navigateur pour utiliser Google ou Yahoo ! ? Gary Schare, le chef de produit Internet Explorer, jure que non. Le futur navigateur conservera les règlages par défaut effectués précédemment par les utilisateurs, affirme-t-il.

Ce point me paraît capital. Si cette promesse est tenue, cela signifie qu'Internet Explorer 7 est un fusil à un coup. Lors du passage à la nouvelle version Microsoft récupèrera automatiquement les quelques millions d'internautes qui ne prendront pas la peine de changer le moteur par défaut. Mais il n'aura pas de moyen de pression supplémentaire sur les autres, ceux qui feront un choix différent. De combien sera cet avantage initial pour Microsoft ? Il est bien difficile de le prévoir. Mais on peut d'ores et déjà considérer qu'il ne sera pas décisif.

Je doute de cela. Il ne faut pas oublier que, sur le long terme, tout le parc de PC va être renouvelé, avec un VISTA équipé d'un Internet Explorer qui va inévitablement pointer vers le moteur de recherche MSN. Ainsi, mécaniquement, rien qu'en regardant ses partenaires vendre des nouveaux PC, Microsoft va obtenir des parts de marché pour son moteur de recherche. Aussi, Google s'inquiète de cet état de fait à juste titre, et en parle aux instances en charge de la concurrence. Le problème, c'est qu'à communiquer trop tôt, leur discours est ressenti comme des jérémiades. Il faut bien dire que Google n'est plus perçu autant qu'avant comme une petite boite gentille et innovante. Bref, la partie est très loin d'être gagnée pour Google.

Par ailleurs, Jean-Louis Gassée donne Microsoft mat en 3 coups. Ce dernier billet est fascinant a bien des égards, mais je manque de temps pour le commenter autant qu'il le faudrait. La thèse est bien étayée, mais il y a des paramètres qui ne sont pas pris en compte. Par exemple, les investissements colossaux que Microsoft fait en terme de DRM. Ca n'a l'air de rien, mais on peut très bien envisager qu'ils utilisent ces technologies ultra-propriétaires pour forcer leurs partenaires marchands (sur le Web) à forcer à leur tours leurs utilisateurs à rester sur IE pour acheter des biens culturels protégés par DRM. L'exemple d'ARTE est à ce titre édifiant , quand ils écrivent :

Nous nous permettons toutefois d'attirer votre attention sur une restriction de notre site de VoD liée à la technologie DRM de Microsoft, impliquant que le processus de commande soit nécessairement réalisé à partir d'un navigateur Internet Explorer pour Windows.

Voilà le genre de techniques que Microsoft pourrait utiliser pour privatiser une partie importante du Web. Là encore, la partie est loin d'être gagnée par Google.