On vient de m'envoyer un lien vers un bon papier de Libé, L'industrie du disque en plein jeu de pistes. Il y apparaît que beaucoup de producteurs de disques commencent à réaliser à quel point les DRM sont pénibles. Un représentant de l'industrie électronique se risque à dire la vérité : "Il serait normal que les gens puissent utiliser comme ils le souhaitent les contenus qu'ils ont légalement acquis". Seul le patron de la RIAA (équivalent américain de la SACEM) rame à contre-courant (mais bon, il est payé pour). "Si les majors n'ont jamais semblé aussi proches de se convertir au format ouvert MP3, elles craignent de voir la filière passer sous le contrôle des groupes comme Microsoft ou Apple, détenteurs des technologies de distribution en ligne", écrit Christophe Alix. Tiens, j'ai déjà lu ça quelque part !
L'industrie du disque s'interroge sur les DRM à l'occasion du MIDEM
lundi 22 janvier 2007. Lien permanent Vieux trucs
8 réactions
1 De Dominique Blas - 22/01/2007, 10:23
Ah, ah, ah !
Il était intéressant de voir, cette nuit, le président du directoire de Virgin Megastore (*) expliquer le plus sereinement du monde, à l'occasion du MIDEM, ce ** nouveau ** point de vue en prenant l'exemple suivant : le consommateur n'accepterait pas de devoir aller dans le 17ème (arrondissement) pour acheter ses CD et dans un autre arrondissement pour sa baguette de pain.
Ah ? Tiens ?
Je ne pense pas que l'exemple était bien choisi pour expliquer que le consommateur (de musique) n'accepterait pas d'aller sur telle plate-forme pour télécharger un morceau pour son lecteur de marque A et sur une autre pour récupérer un morceau pour son lecteur de marque B.
Le conditionnel n'était, assurément, pas de mise étant donné que c'est bien la situation aujourd'hui.
Bien entendu le journaliste n'a aucunement réagi à ces propos.
Quoi qu'il en soit, je ne suis pas allé jusqu'à rechercher les déclarations de ce monsieur quelques mois en arrière mais ce devrait être éloquent et certainement très amusant d'analyser, dans le temps, ce retournement de veste digne d'un homme politique.
Qu'il s'agisse du responsable de la RIAA ou des maisons d'édition, ils sont tous payés pour brosser les actionnaires dans le sens du poil quitte à retourner leur veste 3 fois par an.
Ne nous étonnons donc de rien et détournons le regard d'un pouah dégouté.
Souvenons-nous de la déclaration sous serment devant le Congrès américain, en 1994, des 7 PDG des plus gros groupes de l'industrie du tabac (Philip Morris, Brown & Williamson, etc) affimant que
le lien de causalité entre la cigarette et le cancer n'était pas clairement établi et qu'ils ne pensaient pas que la nicotine pouvait créer un état de dépendance. Cela malgré le vol de documents 2 ans auparavant chez Brown prouvant que les responsables connaissaient ces effets.
Côté consommateur que lui reste-il pour se défendre ? Vraiment pas grand chose, les procès ne conduisant à rien en général (on le voit avec l'interopérabilité) et les associations de consommateurs se révélant impuissantes.
Il lui reste parfois la possibilité de chercher à modifier l'image (cas de l'industrie du tabac) ou de profiter de la montée en puissance d'acteurs importants venant contrecarrer les intérêts de la dite industrie (cas de l'industrie musicale).
A ce jeu il sera, hélas, la plupart du temps perdant.
db
(*) Jean-Michel Reinhardt qui s'est fait connaître récemment pour ses déclarations (dans le Figaro) sur la piraterie (sic) comme seule cause de la baisse des ventes de musique.
Durant l'interview, dans le cadre de l'émission << la vie des medias >>, il semblait bien plus modéré que dans ses déclarations précédentes. Sans négliger de rappeler le terme de piraterie cher, très cher à cette industrie (rappelons que la piraterie pillait et tuait aux XVII et XVIII ème siècles), il a tout de même évoqué le retard de la France face à l'Allemagne mais tout comme l'Espagne quant aux comportements de détournement (là, serais-je tenté de dire, le consommateur serait-il moins idiot dans ces 2 pays ?) et le retard de la France (face au RU et aux Etats-Unis) sur les ventes en ligne (là, c'est la faute à qui, au consommateur peut-être ?).
Au fil du temps, on notera que le discours de l'industrie (vis-à-vis des politiques) ne change pas, nous sommes toujours en retard face à nos voisins : en retard dans l'utilisation de la téléphonie mobile, en retard dans la dissémination de l'Internet, en retard dans l'utilisation de la 3G, en retard vis-à-vis de la législation sur les droits d'auteur (moi qui pensais, naïvement, que nous étions justement précurseurs avec notre DAVSI).
Mais nous ne sommes jamais en retard dans la prise en charge de nos pauvres, curieusement.
2 De Jean - 22/01/2007, 10:44
Il y confusion et il est important de ne pas confondre. La RIAA (Recording Industry Association of America), comme son nom l'indique représente l'industrie, tandis que la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique) est une société d'auteurs.
La différence est de taille car les intérêts ne sont pas les mêmes. La SACEM n'a pas grand chose à faire du mode de diffusion de la partition (son rôle est d'en recueillir et d'en redistribuer les droits) tandis que pour l'industrie c'est au cœur du modèle commercial.
C'est pour conserver le monopole de cette distribution qu'elle est tombée dans le « piège » des DRM en oubliant un peu vite que ce faisant elle risquait de le perdre au profit de l'industrie informatique. Pire : avec un public à juste titre méfiant à l'endroit des DRM, aucune garantie que cet abandon de pouvoir se traduise par une augmentation des ventes en ligne susceptible de compenser la baisse des ventes de CD physiques.
Pour la SACEM la désillusion est autre. Que le fichier soit un mp3, un AAC DRMisé FairPlay ou un WMA PlayForSure, on peut toujours percevoir les droits sur les ventes réalisées par les producteurs. Mais le DRM s'avère impuissant à garantir le droit exclusif (d'autoriser et d'interdire) et le droit à rémunération à la base du droit d'auteur depuis plus de deux siècles.
En plus du P2P les offres de consommation « gratuite » se multiplient sur le réseau, avec l'assentiment sinon bienveillant du moins consentant de l'industrie (Dailymotion, Youtube, MySpace, site Universal de musique gratuite, etc.). Quelle sera la réaction de la SACEM face au phénomène ?
L'histoire nous apprend que réaliste elle a toujours pris acte des nouvelles pratiques en lâchant du lest sur le droit exclusif tout en s'assurant de garantir le droit à rémunération. Ainsi, bien avant le disque, la généralisation des pianos mécaniques est à l'origine des Droits de Reproduction Mécaniques (SDRM).
Je gage que l'on devrait bientôt reparler d'un système de licence légale, d'autant que l'idée a fait son chemin aussi bien en Europe qu'outre Atlantique et qu'elle a la faveur de producteurs indépendants. Bien sûr je peux me tromper
3 De NonsJoke - 22/01/2007, 11:39
On aime ou pas Attali et ses prédilections ... Mais je laisse tout de même un lien vers un des ces posts (court, en plus), qui parle de l'avenir de l'industrie de la musique ... Personnellement, j'aime bien l'air qu'il joue
4 De Pierre / Citronjaune - 22/01/2007, 12:04
Avant, les majors essayaient de prouver que leurs business plans étaient toujours valables malgré le fait que leurs clients changent d'usages.
Apple a compris que l'industrie changeait et a ramassé le pactole en faisant (en partie) ce qu'aurait du faire les majors (comprendre : distribuer de la musique en ligne).
Aujourd'hui, les majors ont bien compris ce qu'il faut faire mais en sont incapables... parce qu'Apple et Microsoft leur barrent la route.
D'après moi l'industrie du disque (que l'on devrait plutot appeler l'industrie de production musicale puisqu'elle ne va bientot plus vendre de disques), connait aujourd'hui des jours sombres (on ne peut nier la baisse des ventes de disques de certaines majors) mais est bien loin de son niveau de revenu minimal, qu'elle devra atteindre d'ici quelques temps si elle veut reprendre le dessus sur Apple et Microsoft.
5 De Al1 - 22/01/2007, 12:50
Je n'ai rien à dire, je profite juste de l'ouverture des commentaires. Est-ce un accident ou délibéré ?
6 De Pingoomax - 22/01/2007, 14:45
C'est en effet un retournement de situation inattendu, mais qui s'en plaindra?
Il semblerait que EMI ait renoncé à integrer des DRM sur ses CDs. C'est une bonne chose, dans la mesure où beaucoup de personnes aiment posseder la fameuse galette de plastique, mais n'écoutent leur musique que sur leur ordinateur ou leur baladeur mp3 (ogg pour les plus engagés).
Petite remarque tout de même, le format MP3 reste un format propriétaire de Thomson.
7 De Silvyn - 22/01/2007, 19:45
"au format ouvert MP3"
Et avec les brevets !? A la la, ça révèle aussi beaucoup de choses. Vive l'authentique format ouvert OGG par exemple
8 De Jean - 27/01/2007, 11:08
En complément à mon commentaire, une citation de l'éditorial de Laurent Joffrin dans Libé aujourdhui :
« Il existait pourtant un moyen terme, proposé en France par une escouade d'innovateurs courageux : le paiement forfaitaire, qui fonctionne déjà dans d'autres secteurs. Cette “licence globale” préserve le droit d'auteur mais laisse l'internaute libre d'écouter ce qui lui plaît. La frileuse industrie du disque ne la récuse plus tout à fait. Sage évolution : à trop demander, producteurs et auteurs risqueraient de ne rien avoir... »
L'éditorial : « Sagesse »
http://www.liberation.fr/actualite/...
Il est vrai que j'ai entendu l'interview d'un membre du SNEP (Syndicat National de l'Edition Phonographique) à la radio. Concernant la « licence globale », il n'avançait plus de sottises « boulangères » et ne parlait plus de pillage systématique (vous vous souvenez du petit film avec les sauterelles ?) autorisé en échange d'une somme modique… Il était juste un peu dubitatif.
DADVSI c'était il y a à peu près un an…