Juste avant de finir mes bagages pour demain et le départ vers Moutain View :

Dans quelques jours le projet de loi Création & Internet va à nouveau être débattu. Nous, l’UFC-Que Choisir, l’Isoc France, la Quadrature du Net, le SAMUP et le Collectif "Pour le Cinéma", nous élevons contre ce projet de loi dangereux et obsolète, pour les citoyens comme pour les artistes.

Ce projet de loi ne poursuit qu’un objectif : maintenir sous perfusion le modèle de vente de copies de CD et de DVD ou leurs ersatz numériques, supports de plus en plus déconnectés des attentes des nouveaux usages du public.

Le projet de loi Création & Internet résulte d’une conception archaïque de notre société et de l’économie numérique et est une énième ligne Maginot qui ne pourra pas contenir le bouleversement que constitue la dématérialisation de l’information et de la culture. Quelles que soient les solutions technologiques imposées pour tenter de bloquer l’accès aux réseaux, d’autres apparaîtront spontanément pour contourner ces barrières. Ces passe-partout numériques sont déjà disponibles ; le vote de la loi accélérera leur diffusion.

Le projet de loi Création & Internet n’apporte aucune réponse aux problèmes de financement des artistes, qui tirent bien peu profit du système actuel. Depuis 10 ans que Napster est apparu, ils attendent la mise en place des modèles de financement adaptés à la nouvelle donne numérique. En vain. Les revenus des auteurs sont réduits à la portion congrue, tandis que les artistes interprètes ne touchent pas un centime sur les offres commerciales en ligne Quant au monde du cinéma, mise à part des retouches anecdotiques de la chronologie des médias, il ne fait l’objet d’aucune discussion, d’aucune innovation.

Plutôt que de stigmatiser les consommateurs et d’envisager de couper des millions d’accès à Internet, les industries culturelles doivent dès aujourd’hui réfléchir à une nouvelle concorde : développer des modes de tarification d’accès à la culture adaptés à l’environnement numérique.