Très bon papier de l’Imprévu : Bug de l’an 2000, on n’a encore rien vu. En voici la conclusion :

En somme, si faire appel à de plus gros acteurs répond à un besoin de réduire les coûts, il provoque une centralisation des services parfois gênante. Un constat valable également pour les logiciels : « Si tout le monde repose sur un acteur, les pannes ont des impacts beaucoup plus forts. Il y a aussi une question de diversité : si tout le monde utilise le même logiciel, quand il a un problème, tout le monde a un problème », ajoute Julien Rabier, associé co-gérant chez Sysnove (et membre de la société des amis de L’imprévu).

Une centralisation qui fait aujourd’hui figure de bête noire du monde numérique pour Tristan Nitot, le fondateur de Mozilla Europe. Outre les bugs occasionnels qui peuvent surgir de temps en temps — et ceux prévus comme celui de 2038 —, il faut se préoccuper du fait « qu’on est de plus en plus possédés par ce qu’on peut faire avec le numérique ». Ce sont nos données personnelles que nous confions aux géants d’Internet et qui, de fait, ne nous appartiennent plus, explique l’auteur de surveillance://.

Plusieurs services tentent de répondre à ces problématiques. C’est le cas de Qwant, un moteur de recherche made in France, qui surfe sur l’absence de flicage de ses utilisateurs, ou Snips, une start-up française d’intelligence artificielle. Citons encore Cozy Cloud, pour lequel travaille Nitot : « Un cloud éventuellement hébergé chez vous, avec un disque dur, vos données à vous et des applications qui tournent dessus et sans centralisation. Au lieu de mettre plein de données dans un algorithme central, celui de Google ou de Facebook, nous mettons des données dans des petits ‘récipients’, chacun son ordi avec ses données dedans ». Des projets au cœur d’une rude bataille. « C’est encore balbutiant, avoue Tristan Nitot, mais c’est essentiel de préparer l’après-Google, un Internet décentralisé, où les gens auront la maîtrise de leur informatique, de leurs appareils numériques, et de leurs données. »

On aurait donc tort d’avoir peur d’un bug à venir. En revanche, il devient nécessaire de prendre conscience de la façon dont sont utilisés nos données et autres outils numériques. « ”On sait que dans l’agroalimentaire, les cochons ne sont pas clients des fermiers, et on a tous l’impression d’être les clients de Google et Facebook : sur Internet, les clients ce sont les annonceurs publicitaires, nous on est le bétail », conclut Nitot. Un bétail qui ferait mieux de se prémunir du plus grand risque à venir, non pas celui d’une indisponibilité temporaire de nos services, mais celui du recours massif à de gros acteurs comme Amazon Web Service et consorts.