Vous aimez les chiffres ? Et les maths ? Non, vous preférez gambader dans la forêt d'automne, profiter de ses couleurs, de l'odeur de champignons ? Vous avez tout à fait raison. Et puis, il faut en profiter pendant que c'est encore possible. Et je ne dis pas cela parce qu'il risque de bientôt neiger, en plus des feuilles qui tombent, non; je dis cela parce que nous (les terriens) nous vivons à crédit. Jugez plutôt les propos de Jean Jouzel, qui a étudié l'évolution du gaz carbonique au cours des ages, et qui a participé à la création du GIEC

Considérons le seul gaz carbonique, responsable à 60% de l'augmentation de l'effet de serre, et qui reste des décennies dans l'atmosphère. Un africain en produit chaque année quelques dizaines de kilos, un Européen 10 tonnes, un Américain 25 tonnes. Cela fait en moyenne 1 tonne par habitant de la terre, près de 7 milliards de tonnes. Et 20 milliards si on ne change pas le mode de développement économique. Or, la végétation n'en absorbent que 2 à 3 milliards de tonnes (...)

Dans une famille, dépenser deux fois plus que ce que l'on gagne, c'est courir à la banqueroute. N'importe quel employé de la banque du quartier pourrait vous l'expliquer. Et que près d'un demi milliard d'occidentaux ne le comprennent pas, ça ne vous choque pas ? C'est vrai qu'on a pas envie de l'entendre cette histoire. L'article dont je tire les propos ci-dessus est paru dans Télérama dans un dossier très justement appelé Climat, tout ce que vous préférez ne pas savoir. En effet, une prise de conscience imposerait des changements importants dans notre façon de consommer. Ne plus surconsommer, mais mieux consommer. Coté transport, grands producteurs de CO2, il faudra aussi que chacun fasse un effort. Changer les habitudes des gens n'est pas facile, en témoigne les efforts déployés pour convertir les développeurs aux standards du Web. Mais quand on touche leur sacro-sainte bagnole et leur habitude de changer de téléphone mobile tous les ans, ça risque de se réveler très difficile. Quant à la démocratie, elle montre là ses limites : comment un homme politique oserait parler de choses aussi désagréables que cela, sans prendre le risque de se faire battre à plate couture par son concurrent, qui préfère mettre l'accent sur l'insécurité et le besoin de reprise de l'économie ?

En ce qui concerne les entreprises, le problème est tout aussi compliqué : comment une organisation, arc-boutée sur les marges bénéficiaires et le chiffre d'affaire du trimestre, (dont dépend sa survie) peut-elle accepter de vendre moins, d'employer des techniques de production moins-polluantes mais plus couteuses ? Permettez-moi d'en douter.

Bon, c'est bien beau, tout ça, mais quels sont les risques ? Piochons la réponse dans le même article :

La température moyenne de la terre, actuellement de 15°, pourrait monter de 2° à 6° d'ici 2100. Ca n'a pas l'air comme cela, mais 5° (en moins), c'est ce qui nous sépare du pic de la dernière glaciation, il y a 18.000 ans, à l'époque des hommes de Lascaux. Les calottes glacières descendaient jusqu'à Lyon, le niveau des mers était 100 metres plus bas, une bonne partie de la planète était invivable. Le dégel qui a suivi, et l'extraordinaire clémence des dix mille ans qui nous précedent ont permis l'essor de l'humanité et des civilisations. Acun chercheur n'ose donc imaginer les conséquences d'un scénario à plus 5°, qui est plausible si nous nous obstinons à modifier la composition chimique de l'atmosphère. Soyons juste certains, dit le spécialiste des nuages Robert Kandel, dans un euphémisme d'homme de sciences, que de tels lendemains seraient très désagréables...