C'est Noël dans la famille Nitot. Pour le petit Robin, 8 ans, il y a une grosse surprise : un lecteur de CD pour mettre dans sa chambre. Je lui aurai bien offert un lecteur de cassette, mais avec le progrès galopant, le moindre bidule stereo digne de ce nom fait lecteur de CD et lit les MP3. Pour avoir de la musique a écouter, Bénédicte lui a acheté a soufflé au Père Noël d'apporter une compilation sur un double CD. On s'affaire autour des cadeaux. Robin veut essayer son lecteur de CD. On retire le cellophane du disque, on lui montre sur quel bouton appuyer pour ouvrir le lecteur, on referme la trappe, on appuye sur Lecture... et rien ne se passe. Le lecteur n'arrive pas à lire le disque. On regarde le CD, impeccable. Pas de poussière ni sur le disque, ni sur la tête de lecture du lecteur. On re-essaye. une fois. deux fois. trois fois. C'est la consternation dans la famille. Un lecteur neuf. Un CD neuf. Un gamin au trente-sixième dessous. Un père qui commence à bouillir. Et puis j'ai le réflexe de regarder la pochette de l'album, qui indique fièrement que le contenu est protégé, et que "la lecture n'est pas garantie sur tous les lecteurs".

J'hallucine. Le DRM m'a pisté jusque dans le salon de mes parents et a décidé de pourrir le Noël de mon fils. Le CD est de marque EMI. Si un des patrons de cette auguste major venait à passer par là, je crois bien que je lui offrirais un bain de minuit dans la Seine toute proche, avec des charentaise en béton de ma confection. Je disserte sur les dangers du DRM depuis plus d'un an, et voilà que mon fils en est victime le soir de Noël !

Vu la rage qui m'a pris ce soir là, je me demande ce que va penser le consommateur français qui aura fait l'effort de payer un CD pour se rendre compte qu'il ne peut pas le lire sur son équipement dernier cri.

Vu le nombre d'iPod vendus en cette période de Noël, je me demande ce que va pouvoir dire EMI à ses clients sur le fait que le DRM EMI ne permet pas de transférer la musique sur un iPod si on utilise Windows, comme l'indique la jaquette du CD (une fois qu'on a réussi à décrypter les petites icones en bas de l'arrière de la couverture).

Je me demande comment va réagir la clientèle des grandes maisons de disques quand elle va réaliser qu'on bride sa possibilité d'utiliser ce qu'elle a dûment payé, parce qu'on la prend pour un voleur.

Je me demande si c'est vraiment la meilleure des manières pour les majors du disque pour remonter la pente.

Quant à moi, c'en est fini des pseudo-CD qui sont protégés par la copie. Je n'en achèterais plus. Et vous savez quoi ? Je parierais que Robin non plus, vu sa première expérience avec le monde merveilleux des vendeurs de disques.