Il y a encore des gens qui font semblant de croire que les brevets logiciels sont faits pour protéger l'innovation. La récente annonce de Microsoft selon laquelle le logiciel Libre viole 235 brevets logiciels lui appartenant prouve surtout que c'est le moyen pour une grande entreprise peu innovante de terroriser le marché et ses client.

235 brevets, ça fait peur. Le souci, c'est que Microsoft ne dis pas lesquels.

De l'opinion générale des libristes, ceci n'est que pure intimidation, des menaces en l'air.

Tim O'Reilly fait référence à une scène bien connue de l'histoire récente américaine, où le sénateur Joseph McCarthy, initiateur de la fameuse chasse aux sorcières au sein de l'administration américaine déclarait :

Je tiens là une liste de 205 personnes dont le Secrétaire d'État sait qu'ils sont affiliés au Parti Communiste et qui sont néanmoins en poste et façonnent la politique du Département d'État.

Il a été prouvé que les accusations de McCarthy étaient alors sans fondement, mais l'annonce ayant fait grand bruit, elle lui a donné suffisamment de crédibilité pour maintenir son étreinte sur l'administration.

D'après Tim O'Reilly, la démarche de Microsoft est la même : Microsoft refuse en effet de dévoiler de quels logiciels il s'agit, et de quels brevets. Comme le dit Linus Torvalds, si Microsoft attaque un utilisateur de Linux, "ils devront dire quels brevets sont concernés, et pour eux, la crainte, l'incertitude et le doute sont certainement préférables à un procès". En effet, la plupart des entreprises utilisent du logiciel Libre à l'heure qu'il est, tout autant que des logiciels Microsoft, et traîner ses clients en justice n'est pas la meilleure façon de faire des affaires. Par ailleurs, on se rend bien compte que les brevets logiciels tiennent très rarement la route (et c'est bien pour ça qu'il ne faut pas qu'on en ait en Europe !), et cela reviendrait donc à invalider bien des brevets déposés par la firme de Redmond à cette occasion.

On peut faire deux analogies en rapport avec la démarche de Microsoft :

  1. La première, c'est avec McCarthy. Sa chasse aux sorcières a duré 3 ans. Il a ensuite été écarté de la politique dans la foulée, puis devenu alcoolique. Il en est mort 3 ans plus tard.
  2. La seconde analogie, c'est Hollywood qui poursuit ses clients pour piratage de la musique. Vu le marché de la musique actuel, on peut douter de l'efficacité de la démarche.

Je me demande quelle voie va choisir Steve Ballmer...

PS : on pourra aussi lire chez Groklaw My reasons for not worrying.