novembre 2012 (8)

vendredi 30 novembre 2012

Régulation d'Internet par les Etats : le danger de Dubai et de l'ITU

J'ai déjà écrit à plusieurs reprises l'une des choses que j'aime le plus à propos du et de l'Internet, c'est qu'il n'est pas nécessaire de demander la permission à qui que ce soit pour pouvoir participer et créer sur Internet, contrairement à des plates-formes propriétaires.

Il faut dire qu'à l'origine, l'Internet a été construit autour de ce principe. Il n'a pas été créé par une société unique ou un gouvernement avec une approche centralisée et hiérarchique. Les standards techniques qui ont rendu l'Internet possible ont été créés par des ingénieurs et des scientifiques qui avaient la volonté de partager et de voir les réseaux s'interconnecter.

Le résultat est que personne n'est propriétaire de l'Internet, et tout le monde peut participer.__

Cela pourrait bien changer, alors que les gouvernements vont se rencontrer la semaine prochaine à Dubai, à huis clos, pour déterminer si les Etats peuvent ou non réguler et contrôler la structure d'Internet.

Je laisse mon collègue Harvey Handerson, directeur juridique de Mozilla, expliquer pourquoi c'est problématique (l'emphase est de mon fait) :

Savoir si l'Internet doit être régulé par des traités gouvernementaux et jusqu’où il peut l'être est une question vitale. A dire vrai, c'est tellement important qu'une telle discussion ne peut pas avoir lieu à huis-clos. L'Internet tel qu'on le connaît a une importance telle dans nos vies qu'on ne peut pas laisser les gouvernements décider de son sort.

Voici pourquoi chacun de nous, citoyens du Net, devons prendre position sur cette question essentielle. Comment faire ?

  • Lisez le papier de l'Internet Society, qui liste les dangers qui se cachent derrière la conférence de Dubai :
    • Changement des accords sur les coûts des services Internet
    • Comment cela peut amener à plus de censure via le filtrage DNS
    • Protection des données privées
    • Contrôle par les Etats sur le contenu et l'accès aux réseaux
    • La gestion des adresses Internet
    • changement fondamental du modèle de développement de l'Internet
    • Abus de la notion de spam et d'utilisation abusive pour couper l'accès à Internet
  • Visionnez la vidéo sous-titrée en français (pensez à sélectionner les sous-titres en français[1])
  • Utilisez et partagez le ITU Engagement Kit.
  • Parlez-en autour de vous, sur les réseaux sociaux, votre blog, dans la vraie vie.

La liberté de participer est l'un des piliers de l'Internet et l'une des raisons qui font que c'est une telle révolution. C'est à nous de la défendre !

Note

[1] Ecrits et validés par votre serviteur et d'autres internautes.

mercredi 28 novembre 2012

Le véritable enjeu de Firefox

(Adaptation d'un article en anglais publié sur mon blog officiel Mozilla, Beyond the Code, sous le titre What Firefox is really about. Merci à Pierre-Louis de Mozfr pour la traduction !)

Ici, sur ce blog, je m'efforce d'expliquer ce qui distingue vraiment Mozilla de ses concurrents : notre mission. Puis, de temps en temps, je tombe sur des articles qui démontrent que d'autres personnes (en dehors de la communauté Mozilla) comprennent cela aussi.

Dernier exemple en date, l'article de Matt Asay sur l'héritage Firefox publié sur The Register. J'aime tellement l'article que je souhaiterais pouvoir le citer intégralement ici, je vais simplement mentionner quelques citations (mais j'encourage mes lecteurs à lire l'intégralité de l'article) :

Firefox 1.0 est sans doute la technologie la plus importante développée au cours des 50 dernières années. Précisément parce qu'elle est bien plus que de la technologie. (...) Aussi idéaliste que cela puisse paraître, le but de Firefox a toujours été de répandre la liberté du Web

Bien entendu : chez Mozilla, Firefox est un moyen pour atteindre une fin, un outil au service de la mission de Mozilla, qui est de construire un Internet meilleur.

Donc, aujourd'hui, lorsque nous utilisons Chrome, Opera ou même Safari, nous devons remercier la communauté Mozilla qui a permis ce choix.

J'irai même plus loin. Si Firefox n'est pas votre navigateur principal : avez-vous essayé Firefox récemment ? Vous devriez. Nous investissons beaucoup d'efforts pour rendre Firefox plus rapide, plus efficace et plus intuitif. Téléchargez Firefox. Il est également disponible pour Android. Vous pourrez profiter d'un navigateur dont les valeurs sont davantage en phase avec vos intérêts et vous aiderez à faire du Web un endroit meilleur. Vous utilisez déjà Firefox ? Continuez à le faire et passez le mot, par exemple en partageant ce billet à vos amis !

mardi 27 novembre 2012

En vrac du mardi

vendredi 23 novembre 2012

Internet, un bien commun

Vendredi 23 novembre 2012, j'ai été invité par la Fondation France Libertés - Danielle Mitterrand à participer au colloque Sur les pas de Danielle Mitterrand pour participer à une table ronde sur les biens communs. Bien entendu, j'ai parlé des logiciels Libres et d'Internet et de biens communs. Voici le brouillon du texte que j'avais préparé pour l'occasion. La version prononcée est évidemment un peu différente, parce que je n'ai pas strictement lu le texte. Attention, c'est long !


Je voudrais vous parler d'un bien commun dont nous avons tous, ici dans cette salle, un usage grandissant. Je veux vous parler d'Internet et de la façon dont il est menacé.

Rappelons qu'Internet touche tous les aspects de notre vie sans que nous le réalisions vraiment. Il nous permet de nous informer, de rester en contact avec nos proches malgré les distances. Il nous permet d'apprendre, et Wikipedia est un outil fabuleux qui a changé pour toujours la relation que nous avons avec le savoir. Internet est utile dans le travail, essentiel pour les loisirs. il permet de partager nos passions avec des gens au bout du monde. Il facilite même les rencontres amoureuses.

Internet est devenu indispensable à tous. Contrairement aux biens communs tangibles et fait d'atomes, Internet est composé d'électrons et cela lui donne une caractéristique étonnante : il est infini par nature. Il n'a pas de limite. Ca n'empêche qu'il peut être privatisé.

Internet est un formidable espace pour l'innovation et l'invention, et il faut préserver cela. Parfois, l'innovation est sans but lucratif, comme Wikipedia. Souvent, c'est à but commercial, comme Google, Facebook, Amazon et Apple.

Internet est paradoxal de ce point de vue là en ce sens qu'il a très largement bénéficié de la participation d'entreprises commerciales. De nombreuses sociétés ont en fait aidé à "faire grandir l'Internet". Pourtant, à mon sens et pour paraphraser Clémenceau, "Internet est une chose bien trop grave pour la laisser aux entreprises commerciales".

Permettez-moi de vous expliquer une chose essentielle et trop peu comprise dans le monde numérique dans lequel nous vivons : nous autres utilisateurs de logiciels dépendons totalement du bon vouloir de l'auteur du logiciel (ce qu'on appelle "le développeurs" ou "le programmeur"). L'ordinateur obéit exactement au logiciel qu'on lui a demandé d'exécuter. Ce logiciel est écrit par un développeur. Du coup, nous autres utilisateurs ne pouvons faire que ce qu'a prévu l'auteur du logiciel.

Lawrence Lessig, l'a longuement expliqué dans un livre fondateur intitulé "Code is Law", paru en 2000. Le code, c'est la loi du cyberespace. Celui qui contrôle le code fait la loi.

Vous utilisez Facebook ? Vous ne pouvez l'utiliser que comme l'ont décidé ses auteurs. Pareil pour Google.

Le pire est à venir, car depuis que nos téléphones sont devenus "intelligents" - c'est à dire qu'il sont devenus des ordinateurs - l'influence des développeurs est venu se faire sentir jusque dans nos poches et nos sacs à main.

Laissez-moi vous donner un exemple. Il faut savoir qu'Apple contrôle tout. Ils ont dessiné le téléphone, ils ont écrit le système d'exploitation et ils sont les seuls à décider ce que vous pouvez installer comme application dessus. Ils ont un contrôle total de l'AppStore. Vous voulez faire une application pour les appareils Apple ? Il faut payer, et il faut espérer qu'Apple voudra bien la distribuer à ses clients (en prenant 30% de marge). Trop souvent, l'application est rejetée. Prenons l'exemple du quotidien allemand Bild. C'est le plus gros tirage d'Europe occidentale, et il doit une partie de son succès au fait qu'il y a des jeunes femmes dénudées dans ses pages. Apple a bloqué l'application Bild jusqu'à ce que la version électronique du journal ne contienne plus de telles images. Il en a été de même avec l'hebdomadaire allemand Stern. Un caricaturiste américain, Mark Fiore, a vu son application supprimée, car "il ne respectait pas assez les personnalités représentées" dans son travail. Le même jour, il a obtenu le prix Pulitzer et Apple a fait marche arrière. Mais tous les auteurs d'applications rejetées n'ont pas cette chance.

Du même, sur la "liseuse" électronique Kindle d'Amazon, des livres de George Orwell (dont 1984 et La ferme des animaux) ont été supprimés à distance par la firme.

Que pouvons nous faire face à ces problèmes ? Devons-nous nous résoudre à l'impuissance ?

Pas nécessairement.

Permettez-moi de partager avec vous ce sur quoi je travaille depuis maintenant 15 ans, à savoir le projet Mozilla.

Mozilla est une fondation à but non-lucratif, et nous sommes connus pour faire le logiciel Firefox, qui est un navigateur, c'est à dire le logiciel qui vous permet d'afficher des pages Web. C'est un logiciel qui est devenu indispensable à près d'un demi-milliard d'internautes. Ses concurrents sont tous faits par des sociétés cotées en bourse, dont Microsoft, Google et Apple.

Notre approche, chez Mozilla, est d'être une organisation hybride. A but non lucratif, mais agissant sur un marché, offrant un logiciel concurrent de produits commerciaux.

Firefox est un logiciel Libre, c'est à dire que son code source, ce qui fait qu'il fonctionne, est ouvert à tous. Tout le monde peut le regarder, le modifier, le partager. D'ailleurs, le logiciel est réalisé en grande partie par des bénévoles du monde entier, qui collaborent sur Internet. Toutes les six semaines, nous sortons une nouvelle version de Firefox, plus rapide, plus évoluée, plus sécurisée. Disponible pour les machines Apple, Windows, Linux et les téléphones et tablettes sous Androïd, et ce en plus de 85 langues, la traduction étant réalisées par des bénévoles. Autrement dit, toutes les 6 semaines, nous offrons au monde environ 300 versions de Firefox. Gratuitement. Firefox est un logiciel qui non seulement permet d'accéder au Web et de consommer son abondance d'information, mais surtout il permet aux utilisateurs de le faire comme il le souhaitent, avec le respect de leur vie privée, avec la possibilité de personnaliser leur utilisation.

Parallèlement à Firefox, nous avons un programme éducatif intitulé WebMaker. Son objectif : faire que les utilisateurs d'Internet ne soient pas que des consommateurs passifs, mais s'approprient Internet, apprennent à "écrire sur le Net" et pas seulement à lire. Notre objectif, c'est de créer une nouvelle génération d'utilisateurs qui comprennent les rouages d'Internet et qui soit du coup acteurs de leur vie numérique.

Enfin, nous avons lancé une troisième initiative, qui s'appelle Firefox OS. C'est un système d'exploitation pour smartphone. Ce logiciel n'est pas encore finalisé, mais il vise à donner le pouvoir aux utilisateurs, pour éviter les problèmes que j'ai mentionné plus tôt à propos d'Amazon et d'Apple. Nous voulons aussi libérer nos smartphones. Bien entendu, comme tout ce que nous faisons, Firefox OS est conçu de façon collaborative et ouverte. C'est un logiciel Libre.

Voilà, j'en arrive à la conclusion, et j'espère que je ne vous ai pas trop barbé avec des termes techniques.

J'espère aussi que vous comprendrez l'urgence à protéger nos libertés sur Internet, à choisir des logiciels Libres, qui sont garants de nos libertés et nous permettent de contrôler nos vies numériques.

Si j'ai réussi à avoir votre attention et à vous convaincre de l'importance de ce que j'ai partagé avec vous, j'ai quelques conseils à vous donner :

  1. D'une part, je vous engage à soutenir financièrement des organisations à but non-lucratif qui luttent à nos cotés. Je pense par exemple à Wikipedia, à la Quadrature du Net, à Framasoft et à l'APRIL. Ils ont besoin de fonds, bien plus que ces grands groupes commerciaux.
  2. D'autre part, je vous encourage à utiliser des logiciels libres plutôt que des logiciels propriétaires. Il existe dans presque chaque cas une alternative libre au logiciel propriétaire. Renseignez-vous.
  3. Enfin, avant de faire un achat numérique demandez-vous dans quelle mesure vous n'êtes pas en train de vous enfermer dans une prison numérique.

Ainsi, avec une telle approche, en restant à la fois curieux et sur nos gardes, nous pouvons construire le futur numérique que nous voulons pour nous et nos enfants, pas celui qu'on voudrait bien nous imposer.

Je vous remercie de votre attention.

lundi 19 novembre 2012

Une autre chose que j'adore avec le Web : avoir le choix

(Adaptation d'un article en anglais publié sur mon blog officiel Mozilla, Beyond the Code, sous le titre  The other thing I like about the Web: Choice. Merci à Goofy et ses joyeux lurons pour la traduction !).

J’ai récemment blogué sur une chose que j’aime particulièrement sur le Web : tout le monde peut participer sans avoir à demander la permission. Mais il y a autre chose que j’apprécie particulièrement et qui est fondamentale quand il s'agit du Web : chacun peut s’emparer du Web et en faire l’usage qui lui convient.

Voyons un peu de quoi nous avons besoin pour accéder au Web à partir d’un PC (et non avec un smartphone) :

  • un navigateur Web (au hasard : Firefox, mais vous avez le choix), avec éventuellement des extensions ;
  •  un système d’exploitation (Windows, OS X ou GNU/Linux) ;
  •  un ordinateur (la marque n’a pas vraiment d’importance) ;
  •  une connexion Internet.
  • Pour aller vite : l’ordinateur de votre choix, le système d’exploitation de votre choix, le navigateur de votre choix, le fournisseur d’accès Internet de votre choix.

Pour chacune des technologies nécessaires à l’accès au Web, les utilisateurs ont le choix, et voilà la deuxième chose que j’adore sur le Web : en tant qu’utilisateur, je peux choisir le produit que je veux. Mon usage du Web n’est pas soumis au diktat d’une entreprise unique.

Nous sommes à une époque où l’Internet devient une partie de plus en plus importante de nos vies, donc pouvoir choisir devient aussi de plus en plus important. C’est la possibilité pour nous, citoyens de l’Internet, d’exercer notre liberté pour façonner à notre gré notre usage du Web.

samedi 17 novembre 2012

Actu Mozilla

Quelques événements pour les jours à venir :

vendredi 9 novembre 2012

En vrac du Vendredi

jeudi 8 novembre 2012

Open du Web

J'ai été invité à participer en tant qu'orateur à la prochaine édition de l'open du Web, un événement dédié à ceux qui font le Web et qui cherchent un travail dans le secteur. C'est un mélange entre un concours et du speed-recruiting qui se passe simultanément dans trois villes : Paris, Bordeaux et Lille.

Visuel Open du Web

Et quand on cherche un boulot (ou "du boulot", pour les free-lances), on n'a pas toujours le porte-monnaie bien rempli. C'est là qu'une place gratuite pour l'événement s'avère intéressante. Comment en bénéficier ?

  1. Vérifier que l’évènement vous intéresse
  2. Vérifier que vous allez pouvoir vous libérer ce soir là (à partir de 17h), sur le thème "Non chéri(e), ce soir cherche un boulot plutôt que de regarder bêtement la télé" ou "Tu vois maman que je cherche un boulot !"
  3. Aller sur S'inscrire
  4. Saisissez ODW-TNT-FF1602 dans le champ "code d'inscription"

Et voilà !

On se retrouve là-bas !