janvier 2013 (9)

jeudi 31 janvier 2013

Où est passée notre liberté ?

(Adaptation d'un article en anglais publié sur mon blog officiel Mozilla, Beyond the Code, sous le titre Where did our Freedom go?).

Jeune garçon sautant au dessus d'une petite rivière, sur une plage

Mon fils Robin et moi-même avons eu une petite conversation à propos de la façon dont Linux était né : un étudiant nommé Linus Torvalds s'était acheté un nouvel ordinateur et voulait écrire depuis zéro un noyau compatible avec Unix. En clair, il voulait créer un système d'exploitation. Dans sa chambre. Cette petite histoire est une illustration fascinante de ce que peut être la puissance du PC.

Mon fils eut le mot de la fin en exprimant son admiration pour Torvalds : «  et c'est comme ça qu'un projet d'étudiant est devenu le troisième système d'exploitation sur PC le plus employé dans le monde, après Windows et MacOS », ce qui est une façon gentille de dire que Linux (ou plutôt GNU/Linux) est le système d'exploitation le moins employé sur PC.

J'ai expliqué à Robin que cela ne rendait pas assez justice au travail de Torvalds, puisque le noyau Linux équipe les data centers aussi bien que les myriades de smartphones sous Android qui sont en activité chaque jour.

Ce qui, par association d'idées, m'a invité à réfléchir à l'évolution des ordinateurs. Quand j'étais gamin, il n'y avait pas d'ordinateurs. J'ai vu arriver la révolution des ordinateurs personnels et j'y ai pris part, la révolution d'Internet, et maintenant la révolution des smartphones. Ce qui m'a frappé pendant ces révolutions c'est que ces outils, le PC, puis l'Internet ont été de formidables moyens de développer des possibilités. Si vous aviez une idée, vous pouviez vous mettre à bidouiller et ça devenait une réalité. Vous n'aviez pas à demander la permission. Vous pouviez utiliser les ordinateurs selon vos propres besoins en créant votre propre logiciel ou en adaptant un logiciel existant par la modification de son code source, lorsqu'il était disponible.

Avance rapide jusqu'en 2012. Les tablettes et les smartphones sont la révolution en cours, mais les choses sont très différentes. Créer une application pour ces appareils est complexe. Prenons l'exemple de l'iPhone ou de l'iPad. Vous devez avant tout vous enregistrer dans leur programme pour développeurs. Puis vous écrivez votre application et devez la soumettre à l'AppStore. Il n'existe aucune autre possibilité de partager avec les autres le travail que vous avez fait. Et votre application peut fort bien être refusée par Apple. Cela se produit couramment.

Bien entendu, les smartphones et les tablettes c'est cool, mais où est passée notre liberté ? Est-ce que je fais partie de la dernière génération à avoir eu le privilège de pouvoir bidouiller son ordinateur ? Est-ce que nous voulons vraiment que les générations futures se contentent d'être des consommateurs et plus des créateurs ? Devons-nous accepter que la créativité dans le numérique doive être limitée à Arduino et au Rasperry Pi  ? Ce sont des gadgets vraiment cool, mais faut-il que nous considérions que nos tablettes et smartphones sont des appareils pour lesquels seuls des professionnels peuvent développer des applications @nbsp;?

Je pense que non. J'adore la liberté numérique que le PC et le Web m'ont apportée comme à ceux de ma génération, et j'en espère autant des smartphones et tablettes. Voilà pourquoi j'ai hâte de voir Firefox OS, un système d'exploitation pour les smartphones qui est conçu avec le Web, pour lequel tous ceux qui connaissent le Web peuvent créer des applications.

Firefox OS vous intéresse et vous avez envie de rendre l'écosystème du mobile aussi ouvert que le Web ? Voici plusieurs choses que vous pouvez faire dès maintenant :

mercredi 30 janvier 2013

Journées Firefox OS à Paris : 36 applis !

Un immense merci à KoS de Framalang et Goofy pour cette traduction de l'anglais vers le français de ce billet !

Photo André Reinald, licence CC-BY

Au cours du week-end dernier, plus de 150 personnes se sont réunies dans une salle de cours d'une école d'ingénieurs pour apprendre, bidouiller et célébrer :

FirefoxOSappDays Paris : des démos bluffantes [1]

Les Mozilliens (salariés et bénévoles) ont commencé par donner des conférences sur le développement mobile avec HTML5 sur Firefox OS, puis les sessions de bidouillage ont commencé, les Mozilliens aidant ceux qui le désiraient. Dans le même temps, twitter nous a permis de rester connectés avec les quelque 25 sessions FirefoxOS App Days autour du monde.

A la fin de l'événement, 36 applications étaient prêtes à être présentées en démonstration et les auteurs des meilleures réalisations ont reçu un bon d'achat pour le très cool smartphone sous Firefox OS imminent, destiné aux développeurs. Et bien sûr, tout le monde a reçu un T-shirt !

Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont rendu possible cet événement. Je ne citerai pas de noms car j'oublierais sans doute quelqu'un, mais vous vous reconnaîtrez. Cet événement a été un énorme succès et a démontré l'intérêt qui existe autour d'une plateforme Open Web pour smartphone telle que Firefox OS !

Photo André Reinald, sous licence CC-BY

Plus de photos et la vidéo de remise des prix.

mardi 29 janvier 2013

Firefox OS App Days in Paris

Photo by André Reinald, used under CC-BY licence

Over the week-end, More than 150 people gathered in an engineering school classroom to learn, hack and celebrate:

  • Learn about HTML5 and Web applications.
  • Hack such applications for Firefox OS (and Firefox for Android) with the assistance of Mozilla hackers.
  • Celebrate that we're changing the world with what could become a universal mobile application platform.

FirefoxOSappDays Paris: demo time!

FirefoxOSappDays Paris: demo time![1]

Mozillians (paid staff and volunteers) gave talks about mobile development with HTML5 on Firefox OS, then the hacking session started, with Mozillians helping those who wanted. In the meantime, updates on Twitter connected us with the 25 or so other App Days events taking place around the world.

At the end of the day, 36 applications were ready to be demoed, and the authors of the best demos have received a voucher for the upcoming and very cool Firefox OS developer preview phones. Of course, everyone has been handed a T-shirt!

I would like to thank all the people who helped making this amazing event possible. I won't name names because I would surely forget someone, but you know who you are. The event was a blast and it demonstrated the hunger for an Open Web mobile platform like Firefox OS!

Photo by André Reinald, used under CC-BY licence

Note

[1] More photos.

mercredi 23 janvier 2013

En vrac du mercredi

jeudi 17 janvier 2013

Derrière le code : des gens et des principes

Billet initialement publié en anglais sur mon blog officiel Mozilla, Beyond the Code sous le titre People and principles are beyond the code. Merci à l'équipe MozFR pour la traduction !

Voici comment nous, Mozilla, définissons notre action dans notre manifeste :

« Nous créons des communautés qui s’impliquent pour rendre l’utilisation d’Internet meilleure pour chacun de nous ».

Ce qui intéressant dans cette phrase c’est qu’elle ne mentionne pas du tout Firefox. L’objectif est de rendre Internet meilleur pour chacun de nous, et c’est pour cela que nous créons Firefox (et déjà le très prometteur projet Firefox OS).

Mais une grande part de ce que nous faisons, même si cela n’est guère visible de l’extérieur, consiste à créer des communautés. Elles regroupent des individus — que nous appelons des Mozilliens — qui de leur côté contribuent aux produits qui rendent le Web meilleur. Qu’est-ce qui pousse les Mozilliens — dont la plupart sont bénévoles — à contribuer à Mozilla ? C’est la mission de Mozilla, qui est de rendre le Web meilleur.

Vous comprenez ce cercle vertueux ? Faites en sorte que Mozilla soit une organisation passionnante, et vous aurez une communauté passionnée et mobilisée, qui à son tour contribuera à faire de la mission une réalité, et une réalité encore plus passionnante (rien n’est plus passionnant qu’une utopie qui devient réalité).

Une partie de l'enthousiaste communauté Mozilla francophone, CC Flore

Sans cette mission, nous ne sommes qu’une PME en concurrence avec d’autres éditeurs de navigateurs : Microsoft, Google et Apple. Et Opera. Au fait, tous les quatre sont des sociétés cotées en Bourse.

Mozilla, avec ses quelques centaines d’employés (entre 600 et 700) est un petit poisson dans le grand bain des navigateurs. Et pourtant c’est le deuxième en termes de parts de marché si l’on parle de navigation sur le PC. Sans notre communauté, Firefox ne serait pas disponible en plus de 85 langues, puisque toute la localisation est effectivement assurée par des bénévoles. On pourrait en dire autant pour le contrôle qualité, l’aide aux utilisateurs, le marketing, la documentation et beaucoup d’autres secteurs de l’organisation.

Donc dans la mesure où la communauté est la clé du succès de Mozilla, nous avons plus qu’intérêt à montrer à quel point Mozilla s’efforce de rendre service à la communauté. Sinon, nous perdrions ce qui nous rend unique et contribue au succès de notre organisation : nos communautés. Ce qui signifie que vous pouvez compter sur Mozilla pour faire les choses au mieux dans l’intérêt des utilisateurs d’Internet : nous le devons aux membres de notre communauté.

Est-ce que rendre Internet meilleur pour tous est un objectif qui vous parle ? Vous aimeriez contribuer à Mozilla ? Vous aurez votre place parmi nous. Jetez donc un coup d’œil à la page Contribuer ou à celle de la communauté francophone pour voir dans quoi vous impliquer. Bienvenue chez Mozilla !

mercredi 16 janvier 2013

Premier En Vrac pour 2013

mardi 15 janvier 2013

Table ronde sur la neutralite du Net

Fleur Pellerin à la table-ronde sur la neutralité du Net à Bercy

Ce matin, j'étais à Bercy pour assister à la table ronde sur la neutralité du Net. Les discussions furent relativement intéressantes (des longueurs tout de même), et à mon goût certains aspects ont été trop peu abordés, notamment en faveur de propos sur l'économie :

  • Internet est un bien commun
  • L'accès à un Internet neutre devrait être un droit fondamental, comme le droit de se déplacer comme on le souhaite, ou le droit de s'exprimer.

La conclusion de la ministre, Fleur Pellerin, est de demander au Conseil National du Numérique, qui sera nommé vendredi, de donner son avis sur l'opportunité de faire une loi sur ce sujet.

lundi 14 janvier 2013

Aaron Swartz se suicide a 26 ans

J'ai appris samedi le suicide d'Aaron Swartz à l'age de 26 ans. Ce nom ne vous dit probablement pas grand chose. Aaron était un brillant hacker précoce et un combattant pour les libertés numériques. Il s'est retrouvé à 14 ans co-auteur de la spec RSS1.0 et a participé à plusieurs projets que je soutiens : Creative Commons, l'EFF et la lutte contre les lois liberticides SOPA et PIPA. Il a eu maille à partir avec le gouvernement américain pour avoir essayé de "libérer" des documents (d'abord avec le système PACER/RECAP puis avec JSTOR). C'est cette dernière affaire qui semble l'avoir poussé au suicide, alors qu'il avait téléchargé sur le réseau du MIT des millions de documents[1]. Le monde a perdu un surdoué (peut-être même un génie), un garçon curieux de beaucoup de chose, et qui voulait changer le monde à travers la technologie, le logiciel, le Web et les standards ouverts… J'aurais aimé être aussi brillant, aussi précoce et aussi déterminé que lui.

Aaron Swartz (à droite), en 2002 avec Larry Lessig (Creative Commons). Photo Rich Gibson sous license CC-BY.

Note

[1] Dont beaucoup étaient du domaine public !

dimanche 13 janvier 2013

Mon coming-out

Aujourd'hui, 13 janvier 2013, c'est la "Manifestation contre le mariage homo" à Paris. et c'est aussi un bon moment pour révéler aux lecteurs du Standblog un secret de polichinelle un peu honteux.

Je suis catho.

Je suis catho, et ça n'est pas facile à vivre. Mais pour moi, être catho n'est probablement pas ce à quoi vous pensez. Et si je vis mal cet état, ça n'est probablement pas non plus pour les raisons que vous imaginez.

Je suis né au milieu des années 60, d'une famille de la bourgeoisie parisienne. Baptème, école primaire chez les soeurs, première communion et profession de foi, collège chez les frères. Mariage à l'église. Mon besoin de spiritualité, cette recherche spirituelle que je revendique, a été naturellement encadré par la religion dans laquelle j'ai toujours baigné. Ma foi est catholique, parce que c'était évident que ça ne pouvait pas être autre chose, vu l'environnement.

Avoir des aspirations spirituelles est passablement mal vu en ce début de 21° siècle. En effet, on a tendance à mélanger religion, Église, dogmes et foi et par là même, à jeter le bébé avec l'eau du bain. Alors on apprend à courber l'échine face à l'animosité ambiante contre tout ce qui est religion et spirituel. On ferme sa gueule. On aborde le sujet avec crainte. On ne cherche surtout pas à convaincre qui que ce soit.

Malgré tout, j'essaye de vivre ce en quoi je crois. Mon implication dans les formats ouverts, le logiciel Libre découle de ma foi et la nourrit. Je crois qu'il est de mon devoir de construire un monde meilleur, reposant sur le partage, l'empowerment de mes concitoyens, le respect de l'autre (en n'essayant pas de contrôler, en particulier pour ce qui est de sa vie numérique). Ca n'est pas un propos très populaire, alors je le tais. C'est pour cela qu'en plus de 4200 billets ici sur le Standblog, vous n'avez probablement pas entendu parler de cette facette de ma vie.

Mais ce silence ne peut plus durer, car il est pénible à vivre. En effet, la manifestation qui a lieu en ce moment même révèle à quel point mes coreligionnaires peuvent se montrer intolérants et rétrogrades, dans le cas présent en faisant preuve d'une homophobie qui ne dit pas (toujours) son nom.

J'ai de nombreux amis et collègues homosexuels. Je ne me sens pas le droit de leur interdire le mariage civil. Qui serais-je pour leur interdire cela ? De quel droit pourrais-je décider cela ? L'article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme indique-t-il que "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits (sauf les homos)" ? Non.

Je crois au respect de l'autre quel que soit sa couleur de peau et son orientation sexuelle. C'est une valeur fondamentale pour moi, en tant que citoyen et en tant que croyant. Que d'autres, se revendiquant de la même religion, aient un réflexe de rejet, d'homophobie, une contraction morale, une telle attitude réactionnaire m'afflige et m'indigne au plus au point.

Être catho en 2012 n'était pas facile. En 2013, c'est devenu beaucoup plus difficile.

Et d'ailleurs, je me demande si je me reconnais désormais sous ce terme. En d'autres lieux, en d'autre temps, ma recherche spirituelle aurait pu s'orienter vers d'autres religions ou d'autres philosophies. Faut-il que je continue à m'accrocher au catholicisme ? J'y ai rencontré des personnes formidables, respectueuses de l'autre. Il serait fort dommage que les gens ordinaires qui vivent leur foi catholique sans bruit et de façon authentique et généreuse soient mis dans le même sac qu'un groupe bruyant animé par la peur et exprimant l'intolérance. Alors aujourd'hui, je suis toujours catho, juste encore un peu moins fier de l'être.