juillet 2017 (5)

lundi 31 juillet 2017

En vrac du lundi

Coucher de soleil sur Paris

jeudi 20 juillet 2017

Projet de loi antiterroriste

Je viens de lire ces trois articles sur un sujet qui me préoccupe :

Chacun apporte son lot d’information :

  • Processus législatif : la loi a été votée par le Sénat. Elle sera débattue par l’Assemblée Nationale en octobre 2017.
  • La personne qui a la main sur le potentiomètre “novlangue” vient de le passer sur 11 (sur une échelle de 10) :
    • on ne dit plus “assignations à résidence” mais “mesures individuelles de surveillance”
    • On ne dit plus “perquisitions” mais “visites domiciliaires” (lesquelles peuvent aussi être faites de nuit).
  • Il faut le rappeler, il n’existe pas de définition du terrorisme ni en droit français ni dans la jurisprudence. C’est pourquoi quand un politique dit “ça ne va toucher que les terroristes”, ça pose un problème, vu que l’absence de définition permet l’arbitraire. Rappelons-nous que le groupe de Tarnac avait été considéré comme terroriste lorsqu’on les a accusé[1] d’avoir saboté des lignes de TGV (zéro blessé), avant d’être requalifiés en simples malfaiteurs ;
  • On voit la diffusion de la notion de « droit pénal de l’ennemi » définie dans les années 1980 par le juriste allemand Günther Jakobs. Selon cette doctrine, les personnes considérées comme ennemies de la Nation n’auraient plus les mêmes droits que les autres. Le simple fait d’être déclaré dangereux par l’administration fait, qu’on a moins de droits que les autres, même si on n’a pas (encore) commis de crime.
  • Les français ne réfléchissent pas mais se contentent de ressentir à la place. On en arrive à des aberrations où 74 % des français interrogés se prononcent pour l’internement préventif des personnes fichées « S », alors même que rien – sur le plan pénal – n’est reproché à ces individus.
  • Rappelons enfin que chaque empiètement sur nos libertés avec de telles lois est un cadeau à d’éventuels politiciens populistes qui pourraient être élus dans 5 ans. Comme le disait le New York Times à propos de cette loi, le texte “pourrait préparer le terrain à de graves abus de pouvoir au-delà du mandat”. Un problème à ne pas négliger : il y a quelques mois on se demandait si Marine Le Pen n’allait pas être élue. Elle pourrait bien l’être dans 5 ans. Trump l’a bien été, lui, et s’il n’a pas déçu, c’est par la quantité et la qualité de ses erreurs.

Note

[1] J’ai reformulé cette partie de la phrase comme le suggérait Taziden. En effet, le procès n’ayant pas encore eu lieu, ils sont accusés mais présumés innocents jusqu’à ce que le jugement soit rendu.

mardi 18 juillet 2017

En vrac du mardi

Après quelques jours de moto au départ de St Étienne (pour les rencontres Mondiales du Logiciel Libre) en direction du Vercors, du Luberon avec un retour par les petites routes, ici… Nevers :

Mise à jour en bonus

La fable des deux chiens

C’est l’histoire (extraite d’un livre de Raphaëlle Giordano) d’un homme qui va trouver un sage pour apprendre auprès de lui :

— Dites-moi, vous qui êtes sage, qu’est-ce qu’il y a dans votre esprit ?

— Dans mon esprit, il y a deux chiens, un noir et un blanc. Le noir est le chien de la haine, de la colère et du pessimisme. Le blanc est celui de l’amour, de la générosité et de l’optimisme. Ils se battent tout le temps.

Le disciple fut un peu surpris.

— Deux chiens ? Qui se battent ?

— Oui, pratiquement tout le temps.

— Et lequel gagne ?

— Celui que je nourris le plus.

lundi 3 juillet 2017

Du danger de la centralisation

Très bon papier de l’Imprévu : Bug de l’an 2000, on n’a encore rien vu. En voici la conclusion :

En somme, si faire appel à de plus gros acteurs répond à un besoin de réduire les coûts, il provoque une centralisation des services parfois gênante. Un constat valable également pour les logiciels : « Si tout le monde repose sur un acteur, les pannes ont des impacts beaucoup plus forts. Il y a aussi une question de diversité : si tout le monde utilise le même logiciel, quand il a un problème, tout le monde a un problème », ajoute Julien Rabier, associé co-gérant chez Sysnove (et membre de la société des amis de L’imprévu).

Une centralisation qui fait aujourd’hui figure de bête noire du monde numérique pour Tristan Nitot, le fondateur de Mozilla Europe. Outre les bugs occasionnels qui peuvent surgir de temps en temps — et ceux prévus comme celui de 2038 —, il faut se préoccuper du fait « qu’on est de plus en plus possédés par ce qu’on peut faire avec le numérique ». Ce sont nos données personnelles que nous confions aux géants d’Internet et qui, de fait, ne nous appartiennent plus, explique l’auteur de surveillance://.

Plusieurs services tentent de répondre à ces problématiques. C’est le cas de Qwant, un moteur de recherche made in France, qui surfe sur l’absence de flicage de ses utilisateurs, ou Snips, une start-up française d’intelligence artificielle. Citons encore Cozy Cloud, pour lequel travaille Nitot : « Un cloud éventuellement hébergé chez vous, avec un disque dur, vos données à vous et des applications qui tournent dessus et sans centralisation. Au lieu de mettre plein de données dans un algorithme central, celui de Google ou de Facebook, nous mettons des données dans des petits ‘récipients’, chacun son ordi avec ses données dedans ». Des projets au cœur d’une rude bataille. « C’est encore balbutiant, avoue Tristan Nitot, mais c’est essentiel de préparer l’après-Google, un Internet décentralisé, où les gens auront la maîtrise de leur informatique, de leurs appareils numériques, et de leurs données. »

On aurait donc tort d’avoir peur d’un bug à venir. En revanche, il devient nécessaire de prendre conscience de la façon dont sont utilisés nos données et autres outils numériques. « ”On sait que dans l’agroalimentaire, les cochons ne sont pas clients des fermiers, et on a tous l’impression d’être les clients de Google et Facebook : sur Internet, les clients ce sont les annonceurs publicitaires, nous on est le bétail », conclut Nitot. Un bétail qui ferait mieux de se prémunir du plus grand risque à venir, non pas celui d’une indisponibilité temporaire de nos services, mais celui du recours massif à de gros acteurs comme Amazon Web Service et consorts.