La bataille de l'accessibilité n'est pas encore gagnée...
Dans un article de Slashdot, un contributeur fait une excellente critique d'un livre américain dédié à l'accessibilité. Le livre lui même semble très bien fait, abordant autant les problème juridiques, matériels, logiciels, (CSS, standards, et même la technologie Flash). Je viens de le commander à l'instant même. Pourtant, ce n'est pas tant la qualité du livre qui m'intéresse, mais plutôt la véhémence de certaines réactions des lecteurs de Slashdot quant aux lois américaines obligeant les développeurs à produire des sites accessibles (si ceux-ci reçoivent des subventions du gouvernement). On peut lire tout et n'importe quoi sur le sujet. Voici un florilège :

  • Traitons la maladie, pas les symptômes : pourquoi ne pas investir dans des solutions médicales évitant au gens d'être aveugles ?
  • Pourquoi faut-il investir dans les sites alors qu'on pourrait mieux faire marcher les lecteurs Braille ?
  • Pourquoi ne pas trainer en justice les éditeurs qui ne font pas imprimer leurs livres en Braille ?
  • Personne n'a vraiment besoin d'Internet, on vivait bien avant. Alors laissons les handicapés hors d'Internet.
  • L'Internet n'est pas un droit. Je suis désolé si des gens sont handicapés, mais ce n'est pas mon problème : c'est le leur.

J'arrète la liste avant de vomir sur mon clavier. Toutes ces remarques lamentables sont totalement irrationnelles, et je ne perdrais pas mon temps, ni le vôtre, à les réfuter. Si l'on prend un peu de recul, on réalise en fait qu'elles ne traduisent que le rejet viscéral de l'accessibilité. Pas parce qu'il s'agit de refuser les handicapés, mais tout simplement parce que cela remet en cause leur connaissances et leurs habitude de développeur Web. Cela tient au fait que le Webmastering est une discipline jeune, et que le marché de l'emploi (tant aux USA qu'en France) est très tendu. Aborder le sujet de l'accessibilité, c'est démontrer au développeur Web qu'il a de mauvaise habitudes, et qu'il va falloir les changer. C'est aussi le mettre mal à l'aise et en porte à faux vis à vis de son patron en démontrant les limites de ses compétences. En ces périodes de chômage, on a forcément tendance à réagir très (trop) fort; ce qui provoque ces commentaires lamentables.

Je passe beaucoup de mon temps à contacter des développeurs web pour leur faire part des incompatibilités de leurs sites avec les navigateurs AOL pour MacOSX, Netscape 6/7 et Mozilla. Neuf fois sur dix, je leur fournis une solution technique très simple à implémenter. (Je vais jusqu'à leur réécrire leur JavaScript, avec l'aide mes collègues). Trop souvent, ils font l'autruche, refusent de mettre en production nos solutions, parce que notre démarche démontre qu'ils doivent changer (un tout petit peu) leurs habitudes, et apprendre de nouvelles choses. En leur parlant des Standards du W3C, je les ai mis en danger, je le reconnais, et je le déplore. Mais si je les mets un tout petit peu en danger, c'est surement moins grave que le jour où la presse va monter en épingle quelques affaires comme elle l'a fait pour le gouvernement du Royaume Uni.