Voilà déjà pour 6 brevets, dont on m'a donné les URL pour que je puisse les voir. Mais bien d'autres fonctionnalités, comme la barre de progression, (que tout le monde utilise, et Mozilla aussi) sont déjà brevetés.

Si la loi passe, nous sommes pris dans une nasse. Comment une structure comme Mozilla Europe, qui a un rôle important à jouer pour permettre aux administrations, entreprises françaises, ainsi qu'aux individus de se connecter à Internet depuis à peu près n'importe quelle machine (Windows, Mac et Linux) et dans une certaine sécurité, comment Mozilla Europe pourrait faire face à une attaque d'une société commerciale sur ces brevets ?

Si une telle attaque a lieu, comment pourront nous survivre, et créer les emplois que nous souhaitons créer ?

Cette question est éminemment politique. Souhaitons-nous créer des emplois en France sur la haute technologie, par exemple avec des PME et du logiciel Libre, ou souhaitons-nous au contraire dépendre plus encore de grands acteurs nord-américains qui contribuent au déséquilibre de la balance commerciale ?

Il y a un homme politique qui a très bien compris l'enjeu, et qui l'exprime à la perfection :

(...) un logiciel est un objet complexe qui rassemble des milliers d'idées élémentaires dont il est très difficile de s'assurer qu'elles n'ont pas chacune déjà été utilisées. Les offices d'attribution des brevets ne pourront pas faire d'enquêtes d'antériorité complètes. (...les brevets) font peser le risque de la vassalisation de l'Europe en matière de technologies logicielles. Qui a écrit cela ? Le candidat Jacques Chirac, lors des élections de 2002.

J'appelle donc la classe politique française à oublier les clivages droite-gauche, à comprendre à quel point ce débat sur les brevets logiciels est vital pour que l'Europe et la France aient un avenir dans les domaines de l'informatique, du savoir, des technologies de la communication. Si l'Europe a une économie de plus en plus tertiaire, (et c'est le cas en particulier de l'Europe de l'ouest et de la France), nous ne pouvons pas nous livrer pieds et poings liés aux grandes entreprises américaines en leur offrant une ultime occasion d'achever l'industrie technologique Européenne, atteignant ainsi un point de non-retour en terme de dépendance vis à vis des Etats-Unis.

Accepter les brevets logiciels en Europe, c'est faire une croix sur l'avenir de notre industrie de la haute technologie et du logiciel. C'est livrer les éditeurs européens de logiciel, les sociétés du jeu vidéo, et les communautés du Libre, tels les bourgeois de Calais, mais sans pour autant sauver la cité. C'est jouer la défaite certaine.

Esperons que les différentes retombées presse mettront un peu de pression au gouvernement Raffarin la dessus. La Belgique et l'Allemagne se sont déjà prononcées contre les brevets logiciels. Seront nous capables de revenir sur le droit chemin ?