Depuis plusieurs mois, Skyrock offre à qui le souhaite un skyblog, un blog gratuit, financé par la publicité (le modèle financier de la radio, en quelque sorte).

On sait (c'est en page d'accueil) que les statistiques des skyblogs fait frémir :

  • 1 151 438 Skyblogs ;
  • 38 523 586 Articles ;
  • 53 488 098 Commentaires ;
  • 5 301 Skyblogs créés ce jour ;
  • 210 548 Articles publiés ce jour.

A coté de cela, Ublog, le concurrent historique racheté tardivement par Loïc Le Meur (et créé par Stéphane Le Solliec, faut-il le rappeler) ferait 64 fois moins, si j'en crois la déclaration de Loïc Le Meur en juin 2004. Ce dernier déclarait aussi, toujours à propos des Skyblogs : tout le monde ne considère pas qu'il s'agisse de véritables weblogs. (Notons que Monsieur Le Meur a fait amende honorable, ce qui est tout à son honneur).

Certes, le volume fait en tant que tel la réussite des Skyblogs. Les mauvaises langues diront que la quantité ne remplace pas la qualité, et elles auront raison. Les littéraires et les moins jeunes sentiront leur sang se glacer devant le souverain mépris que les skyblogueurs affichent quant à l'orthographe. Pour ma part, je me contenterais de réaliser que je suis définitivement un vieux con totalement désemparé face à la syntaxe SMS, héritée des téléphones mobiles.

Mais passons aux choses sérieuses. Si je vous parle des Skyblogs, ça n'est pas pour disserter de l'orthographe défaillante de boutonneux accros à la StarAc. A leur age, j'étais surement aussi con, et en plus j'étais aussi scotché qu'eux à un écran. Le leur est en couleur, marqué Nokia (mobile), Sony (télé) ou Dell (PC), le mien était juste vert et noir, et c'était un Apple II. Si je m'en suis sorti, pourquoi pas eux ?

C'est plus du patron de Skyrock (la radio qui a monté les Skyblogs) et de son analyse, que je veux vous parler. Cette analyse, très pertinente à mon avis, porte sur l'importance des blogs (et indirectement du Web) pour son business. Voici ce que PointBlog nous en rapporte (l'emphase est de mon fait) :

La radio traditionnelle, que j'ai pratiqué pendant de longues années, c'est un point d'émission qui agrège un nuage d'anonymes qu'on appelle positivement l'audience. Cette audience est très pratique car elle ne fait qu'écouter. Par extrapolation de sondages réguliers, on en suppose le nombre et les comportements d'écoute, et on cerne statistiquement quelques critères (...). La radio fonctionne ainsi depuis trois quarts de siècle.

Ce modèle est celui des mass media, c'est le modèle de la diffusion. Nous pensons qu'Internet révolutionne cet âge de la diffusion, car Internet n'est pas seulement un nouveau moyen de diffuser des informations, de même que l'imprimerie n'est pas seulement un nouveau moyen de recopier la bible. La puissance d'Internet réside dans le réseau social d'échanges électroniques qu'il permet. En un mot, la force de l'Internet, c'est la conversation. Le 20e siècle a été l'âge de la diffusion. Le 21e siècle est l'âge de la conversation.

(...) Notre radio n'est plus une radio traditionnelle, elle est devenue une radio-communauté. Nous formons avec la communauté électronique Web et mobiles un tout indissociable. L'Internet n'est pas pour nous un moyen de diffusion, c'est une part organique de la radio. Recevant au total plus de 250.000 messages électroniques de toutes natures chaque jour, en provenance de la nouvelle génération, nous sommes au coeur d'une ressource d'information inégalée par quiconque. Je vois souvent dans la presse des sondages qui portent sur des échantillons de 700 personnes. Là, nous totalisons en une journée tous les sondages réalisés auprès des jeunes en un an. Il s'agit là d'une rétroaction en temps réel, avec une population entière, ce qui était inimaginable il y a 10 ans. (...)

La plate-forme ne cesse de permettre des échanges, des rencontres, des dialogues. C'est une communauté générationnellle, fédérée par un média et interconnectée par une interface logicielle culturelle. Et ce qui est incroyable, c'est que pour cette génération, c'est normal. C'est plutôt notre modèle traditionnel, centralisateur, impérialiste, autiste, qui fait peur et qui deviendra peu à peu incompréhensible.

Je trouve cette vision du monde particulièrement intéressante, dans la mesure où elle se fait écho de la mienne, en tant que contributeur à un navigateur Web, aux logiciels Libres, aux standards ouverts et en tant que blogueur : Internet et le Web en tant que nouveaux media totalement démocratiques.

La question de fond, et c'est là qu'entre monsieur Bellanger et moi le fossé (et le mot est faible) se creuse, c'est celle des mass-medias, interactifs ou pas et de leur business-model. Pour gagner beaucoup d'argent, il faut attirer beaucoup de gens et faire énormément de publicité, pour des produits qui permettent une grosse valeur ajoutée (vu qu'il faut payer la publicité).

Bref, cela amène à ratisser très large, et pas forcément de manière positive ou compatible avec l'éthique, pour ensuite gaver l'audience avec la pub. C'est bien là le métier de TF1 et celui de Skyrock/Skyblog. Peu importe le moyen pour peu qu'on fasse de l'audience, laquelle n'est qu'une façon d'attirer l'annonceur, lequel n'est finalement qu'un intermédiaire entre le medium et son objectif : le chiffre d'affaire.

Finalement, je préfère mon petit blog minable, tranquille dans mon coin. Comme disait ma maman, qui peine à dépasser le mêtre soixante : Tout ce qui est petit est mignon, et c'est aussi valable pour les blogs et les medias en général.

Et vous savez quoi ? Finalement, le Standblog, ça sera sans pub.